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surface de la terre ou 4639090 milles quarrés est à la surface d’une des zones tempérées, 2404487 milles quarrés. Si donc on retranche la surface de la moitié de la zone torride, & celle de la zone tempérée, de la moitié de la surface de la terre, il ne restera plus que la surface d’une des zones glaciales 384766 milles quarrés. Quelques astronomes sont d’avis que la déclinaison de l’écliptique n’est pas toujours la même, & qu’ainsi la largeur des zones n’est pas toujours égale ; mais la différence est petite ; & Tycho-Brahé doutoit qu’il y en eût aucune ; ainsi cela ne vaut pas la peine d’y faire attention.

Il nous importe davantage d’indiquer les principales causes qui contribuent le plus à former la lumiere, la chaleur, le froid, les pluies & les autres météores, & à les entretenir dans les différentes zones ; voici donc ces causes.

1o. L’obliquité plus ou moins grande, ou la perpendicularité avec laquelle les rayons tombent sur le lieu. La derniere fait la plus grande chaleur, & les deux autres causent plus ou moins de chaleur, à proportion de leur obliquité.

2o. La durée du soleil sur l’horison du lieu.

3o. La dépression plus ou moins grande du soleil sous l’horison pendant la nuit : ce qui donne plus ou moins de lumiere & de chaleur, de pluies, de nuées épaisses, &c. d’où résulte un crépuscule plus long ou plus court.

4o. Le plus ou moins de tems que la lune reste sur l’horison ou dessous, son élévation plus ou moins grande dessus l’horison, ou sa dépression au-dessous.

5o. Les mers & les lacs voisins : c’est de-là que viennent la plus grande partie des vapeurs humides de l’air ; d’ailleurs, la mer ne réfléchit pas les rayons avec tant de force que la terre.

6o. La situation des lieux ; car le soleil influe sur les montagnes différemment que sur les vallées. Souvent les montagnes empêchent les rayons d’arriver jusqu’aux vallées : ce qui attire aussi à elles en quelque sorte les vapeurs. De-là vient que les montagnes changent les saisons des lieux voisins, causent la chaleur, la pluie, &c. ce qui n’arriveroit pas, si les montagnes ne s’y rencontroient.

7o. Les vents, & sur-tout ceux qui sont généraux & réglés. Ainsi les vents réglés de l’est temperent la chaleur de la canicule ; & sous la zone torride le vent général, & sur-tout les vents d’est au Pérou, y causent une chaleur modérée ; tandis qu’à l’ouest de l’Afrique on sent une chaleur violente ; car le vent général n’est pas si sensible dans ces lieux. Les vents de nord sont froids & secs. Les vents du midi sont chauds & humides.

8o. Enfin les nuages & la pluie diminuent la lumiere & la chaleur.

Sous la zone tempérée & la zone glaciale, les quatre saisons célestes sont presque de la même longueur ; mais sous la torride elles sont inégales ; la même saison y est différente, selon les pays.

Dans les lieux situés sous cette zone le soleil approche du zénith à midi ; mais à minuit il en est fort éloigné sous l’horison ; les lieux y sont presque dans le milieu de l’ombre de la terre, & les rayons du soleil n’éclairent ni n’échauffent l’air.

Sous la zone glaciale, comme le soleil est fort loin du zénith, même à midi, il ne s’éloigne pas beaucoup sous l’horison pendant la nuit, & envoie dans l’air par réflexion plusieurs rayons.

Sous la zone tempérée, le soleil est à une distance ordinaire du zénith à midi, & à minuit il est assez avancé sous l’horison en hiver ; mais en été il envoie dans l’air quelques rayons par réflexion.

Dans les lieux de la zone torride, le crépuscule est le plus court ; il est le plus long sous la zone gla-

ciale ; & sous la zone tempérée il tient un milieu entre

les deux.

Sous l’équateur & dans les lieux voisins, le crépuscule est environ d’une heure ; mais l’expérience fait voir qu’il ne dure qu’une demi-heure ou un peu plus, parce que l’air y est trop grossier & trop bas pour former un crépuscule à 18 degrés de dépression du soleil sous l’horison. Sous la zone glaciale le crépuscule dure quelques jours, quand le soleil est encore sous l’horison. Sous la zone tempérée, le crépuscule dure trois, quatre, cinq ou six heures, & même toute la nuit en certains lieux pendant l’été, selon que ces lieux sont plus ou moins proche de la zone glaciale.

C’en est assez sur les zones en général ; nous développerons sous chacune les détails particuliers qui les concernent, & ces détails seront étendus. Ainsi Voyez Zone torride, Zones glaciales, Zones tempérées. (Le chevalier de Jaucourt.)

Zone torride (Géog. mod.) Cette zone est terminée par les deux cercles tropiques, & se trouve entre les deux zones tempérées. L’équateur la divise en deux parties égales, l’une septentrionale, & l’autre méridionale. Elle a 47 degrés de largeur qui valent 1175 lieues, de vingt-cinq au degré. On l’appelle torride, parce qu’étant directement sous le lieu par où le soleil passe en faisant son cours, elle est frappée à plomb de ses rayons, & en souffre une chaleur excessive ; mais le milieu de cette zone est beaucoup plus tempéré que ses extrémités, tant à cause de l’égalité des jours & des nuits, qu’à cause qu’il n’y a pas un aussi long solstice que sous les tropiques.

Les peuples qui demeurent précisément au centre de la zone torride, ont un continuel équinoxe ; les jours, ainsi que les nuits, y sont perpétuellement de douze heures, & les crépuscules y sont très-courts, parce que le soleil descendant perpendiculairement sous l’horison, arrive bien-tôt au dix-huitieme degré, qui est la fin du crépuscule du soir, & le commencement de l’aurore.

On donne à la zone torride, neuf mille lieues de 25 au degré en son circuit sous l’équateur, ce qui est sa plus grande étendue ; & environ huit mille 253 lieues dans ses extrémités sous les tropiques.

On dit que les anciens ne croyoient la zone torride ni habitée, ni habitable, & c’étoit-là effectivement l’opinion générale. Mais il est à-propos de remarquer, que notre zone torride est presque le double de celle des anciens : la nôtre s’étend d’un tropique à l’autre, la leur n’alloit que du douzieme degré de latitude septentrionale & un peu plus, au douzieme degré de latitude méridionale, & quelque chose au-delà. Strabon est formel là-dessus. Il dit qu’à trois mille stades de Méroé, en tirant droit au midi, on parvient aux lieux où personne ne peut habiter à cause de la chaleur ; que ces lieux ont le même parallele que la région Cinna Momifere ; que c’est-là où l’on doit mettre les bornes de notre terre habitée du côté du midi.

Ajoutons à ces trois mille stades, les cinq milles que Strabon compte de Syéne à Méroé, nous aurons huit mille stades, ou ce qui est la même chose, du tropique du cancer au commencement de la zone torride ; reste donc huit mille huit cent stades de ce dernier point à l’équateur ; or huit mille huit cent stades, sont 12 degrés & un peu plus, suivant le calcul de Strabon, puisqu’il compte seize mille huit cent stades de Syéne, ou du tropique à l’équateur.

Quoique la plûpart des anciens ne crussent pas leur zone torride habitable, il s’est trouvé néanmoins quelques-uns de leurs philosophes qui n’ont pas suivi le torrent. Strabon lui-même, qui tenoit pour l’opinion commune, dit que Polybe & Eratosthène