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nosa s’est avisé dans le dernier siecle de forger de cette rêverie un système extravagant. (D. J.)

ZINGANA, s. m. (Hist. nat. Ichthiolog.) c’est le nom d’un poisson de mer fort singulier, qui se trouve vers la côte d’Ivoire en Afrique. Sa tête est rouge, plate & très-grande ; ses yeux sont très-vifs. Il a deux rangées de dents très-fortes. Son corps est rond & se termine en pointe ; il n’a point d’écailles, mais une peau épaisse & très-rude. Ses nageoires sont grandes ; il s’élance avec une force incroyable sur sa proie. Il est très-vorace & sur-tout très-friand de chair humaine, on croit que ce poisson est le même que l’on nomme pantonchir dans quelques parties de l’Amérique.

ZINGI, s. m. (Hist. nat. Bot. exotiq.) fruit des Indes orientales fait en forme d’étoile. Il est composé de sept especes de noix oblongues, triangulaires, & disposées en rond. Son écorce est dure, rude & noire. Les amandes sont polies, luisantes, rougeâtres, de l’odeur & du goût de l’anis, d’où cette plante a pris en Europe son nom d’anis des indes. Les Orientaux, particuliérement les Chinois, se servent de l’amande pour préparer leur thé, & leur sorbet. (D. J.)

ZINGNITES, (Hist. nat. Lithol.) pierre décrite par Albert le grand & par Ludovico Dolce, qui lui attribuent toutes sortes de vertus fabuleuses, & qui disent qu’elle avoit la transparence du crystal.

ZINGUERO ou ZENGERO, (Géog. mod.) royaume d’Afrique, dans l’Abyssinie. Il confine avec celui de Roxa. (D. J.)

ZINZEL, le, (Géog. mod.) petite riviere de France dans la basse Alsace. Elle prend sa source aux montagnes de la Lorraine, & se jette dans la Soure ou Soore, près de Stimbourg.

ZINZICH ou SINSICH ou SCHINSICH, (Géogr. mod.) petite ville ou, pour mieux dire, bourgade d’Allemagne, au duché de Juliers, sur l’Aar, près de l’endroit où cette riviere se jette dans le Rhin. Cette bourgade est vis-à-vis de Lintz, à deux milles d’Allemagne au-dessus de Bonn vers le midi, & dans une campagne fertile. Long. 24. 39. latit. 50. 46.

ZINZOLIN, s. m. (Teinture.) C’est ainsi qu’on nomme une des nuances du rouge de garance, qui tire un peu sur le pourpre.

ZIO, (Calend. des Hébreux.) deuxieme mois de l’année ecclésiastique des Hébreux : in anno quarto, mense zio, qui est mensis secundus, III. rois, vj. 1. Mais depuis la captivité, ce mois perdit le nom de zio, & prit celui d’yack, qui répond en partie à Avril, & en partie à Mai.

ZIOBERIS, (Géog. anc.) fleuve d’Asie, dans l’Hyrcanie. Quinte-Curce, l. VI. c. jv. décrit ainsi ce fleuve. Il y a dans une vallée qui est à l’entrée de l’Hyrcanie, une forêt de haute futaie arrosée d’une infinité de ruisseaux, qui tombant des rochers voisins, engraissent toute la vallée. Du pié de ces montagnes descend le fleuve Ziobéris, qui par l’espace de quelques stades, coule tout entier dans son lit ; puis venant à se rompre contre un roc, se fend en deux bras, & fait comme une juste distribution de ses eaux. De-là venant plus rapide & se rendant toujours plus impétueux par la rencontre des rochers qu’il trouve dans son chemin, il se précipite sous terre, où il roule, & se tient caché durant la longueur de trois cens stades. Ensuite il vient comme à renaître d’une autre source, & se fait un nouveau lit plus spacieux que le premier, car il a treize stades de largeur ; puis après s’être encore resserré dans un canal plus étroit, il tombe enfin dans un autre fleuve nommé Rhydage. Les habitans, continue Quinte-Curce, assuroient que tout ce qu’on jettoit dans la caverne où le Zioberis se perd, & qui est plus proche de sa source, alloit ressortir par l’autre embouchure de cette rivie-

re : desorte qu’Alexandre y ayant fait jetter deux

taureaux, ceux qu’il envoya pour en savoir la vérité, les virent sortir par cette autre ouverture. Ce fleuve est appellé Stiboëtes par Diodore de Sicile, l. XVII. c. lxxvij. qui en donne une description semblable.

ZIPH, (Géog. sacrée.) nom de deux villes & d’un désert de la Palestine, dans la tribu de Juda ; ces deux villes ou bourgades tiroient apparemment leur nom de Ziph ou Zipha, fils de Jaleleel, de la tribu de Juda, & dont il est parlé au I. l. des Paralip. c. jv. v. 16.

ZIPPOIS, (Géog. anc.) ville de la Galilée, & dans une situation avantageuse qui la faisoit regarder comme la clé de cette province. Cette ville étoit éloignée de cinq parasanges de Tibériade ; les Rabins la nomment Sefora, & Joseph Sephoris. Voyez Sephoris.

J’ajouterai seulement que lorsque les Romains porterent la guerre dans la Judée, elle fut la derniere des villes de cette province qui se rendit à Titus. Le p. Hardouin rapporte des médailles de cette ville, frappées sous Domitien & sous Trajan, avec ce mot ϹΕΠΦΟΡΗΝΩΝ, Sephorenorum. Dans la suite on appella cette ville Diocésarée.

ZIRANNI, les, (Géog. mod.) peuples de l’empire russien. Ils occupent un pays considérable de même nom, au couchant de la province de Permie, & au nord-ouest de celle de Viatka. Ce peuple a été longtems indépendant, mais il est aujourd’hui tributaire du czar, & habite dans une forêt à laquelle on donne cent cinquante lieues de longueur. Les Ziranni ont des hameaux & des villages dans cette forêt. Ils n’ont pour le civil ni gouverneurs, ni vaïvodes ; mais ils sont pour le spirituel de l’église grecque. On les croit originaires des frontieres de la Livonie. Ils subsistent en partie par le moyen de l’agriculture, en partie par le commerce des pelleteries grises.

ZIRCHNITZERSEE, (Géog. mod.) lac d’Allemagne dans la basse Carniole, vers les confins de Windischmarck, & au nord de la forêt appellée communément byrpamerwaldt. Ce lac est si remarquable, qu’il mérite que nous en tirions la description des Trans. philos. n°. 54. 109. 191.

On l’appelle Zirchnitzersea, de Zirchnitz, bourgade d’environ 200 maisons, qui est sur ses bords. Ce lac a près de deux milles d’Allemagne de longueur, & une de largeur. Il est environné par-tout de montagnes, & n’a aucun écoulement. En Juin, Juillet & quelquefois jusqu’en Août, l’eau se perd sous terre, non-seulement par la filtration, mais encore en se retirant sous terre par de grands trous qui sont au fond : le peu qu’il en reste dans la partie qui est pleine de rochers, s’évapore ; mais en Octobre & Novembre l’eau revient communément (quoique le tems n’en soit pas fixe) & recommence à couvrir le terrein. Ce retour est prompt, & l’eau monte par les trous avec tant de force, qu’elle s’élance hors de terre de la hauteur de quelques piés.

Les trous sont en forme de bassins de largeur ou de profondeur différentes, depuis vingt jusqu’à trente coudées de largeur, & de huit jusqu’à quinze de profondeur. Au fond de ces trous il y en a d’autres où l’eau & les poissons se retirent, quand le lac se perd ; ces trous ne sont pas dans une terre molle, mais communément dans le roc solide.

Le lac étant ainsi plein & à sec tous les ans, sert aux habitans à plusieurs usages. Premiérement quand il est plein d’eau, il attire plusieurs sortes d’oies, de canards sauvages & autres oiseaux aquatiques qui sont un fort bon manger. 2°. Sitôt que lac est vuide, les gens du pays coupent les roseaux & les herbes pour faire de la litiere à leurs bestiaux. 3°. Il est entiérement sec vingt jours après, & ils y recueillent