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que, au royaume de Tunis, dans la province de Tripoli. C’étoit autrefois une ville considérable, avec un port appellé Posidon portus ; mais ce n’est aujourd’hui qu’un méchant village, habité par des gens fort pauvres. (D. J.)

ZAPATA, s. f. (Hist. mod.) espece de fête ou de cérémonie usitée en Italie dans les cours de certains princes le jour de S. Nicolas ; elle consiste en ce que le peuple cache des présens dans les souliers ou les pantoufles de ceux qu’ils veulent honorer, afin de les surprendre le matin lorsqu’ils viennent à s’habiller.

Ce mot vient de l’espagnol capato, qui signifie un soulier ou une pantoufle. On prétend imiter en cela S. Nicolas, qui avoit coutume de jetter pendant la nuit des bourses pleines d’argent dans de certaines maisons par les fenêtres, afin que de pauvres filles pussent être mariées.

Le pere Menetrier a décrit ces zapatas, leur origine, & leurs différens usages, dans son traité des ballets anciens & modernes.

ZAPHAR, s. f. terme de Fauconnerie, les zaphars sont une sorte de faucons très-beaux de corps, ayant la tête plus grosse que les autres, & d’ailleurs toutes les marques des gentils faucons ; ils sont de moyenne grosseur, entre le gerfaut & le faucon, & montent par pointe ; au lieu que le gerfaut s’éleve plus haut. (D. J.)

ZAPORAVIENS, ou ZAPOROGES, (Géogr. mod.) peuples compris parmi les Cosaques ou Ukraniens ; ils habitent dans les îles qui sont aux embouchures du Borysthène, & sont sous le commandement d’un chef élu à la pluralité des voix, nommé Hetman ou Itman ; mais ce capitaine de la nation n’a point le pouvoir suprème ; les Zaporaviens sont à-peu-près ce qu’étoient nos flibustiers, des brigands courageux. Ils sont vêtus d’une peau de mouton, & alloient autrefois pirater jusque dans le Bosphore ; ils sont aujourd’hui contenus par la cour de Russie, qui envoye un seigneur dans le pays pour y veiller ; mais ce qui distingue les Cosaques zaporaviens de tous les autres peuples, c’est qu’ils ne souffrent jamais de femmes dans leurs peuplades, comme on prétend que les Amazones ne souffroient point d’hommes chez elles. Les femmes qui leur servent à peupler, demeurent dans d’autres îles du fleuve ; point de mariage, point de famille ; ils enrôlent les enfans mâles dans leur milice, & laissent leurs filles à leurs meres ; souvent le frere a des enfans de sa sœur, & le pere de sa fille. Point d’autres lois chez eux que les usages établis par les besoins ; cependant ils ont quelques prêtres du rit grec. On a construit depuis quelque tems le fort sainte Elisabeth sur le Boristhène pour les contenir ; ils servent dans les armées comme troupes irrégulieres, & malheur à qui tombe dans leurs mains.

Mais pour mieux faire connoître les Zaporaviens & leur hetman, nous rapporterons ici comment se fit en 1709, le traité de Mazeppa cosaque, stipulant pour Charles XII. avec ces barbares. Mazeppa donna un grand repas, servi avec quelque vaisselle d’argent à l’hetman zaporavien, & à ses principaux officiers : quand ces chefs furent yvres d’eau-de-vie, ils jurerent à table sur l’Evangile, qu’ils fourniroient des vivres & des hommes à Charles X II. après quoi ils emporterent la vaisselle & tous les meubles. Le maître-d’hôtel de la maison courut après eux, & leur remontra que cette conduite ne s’accordoit pas avec l’Evangile sur lequel ils avoient juré. Les domestiques de Mazeppa voulurent reprendre la vaisselle ; les Zaporaviens s’attrouperent ; ils vinrent en corps se plaindre à Mazeppa de l’affront inoui qu’on faisoit à de si braves gens, & demanderent qu’on leur livrât le maître-d’hôtel pour le punir selon les

lois ; il leur fut abandonné, & les Zaporaviens, selon les lois, se jetterent les uns aux autres ce pauvre homme comme on pousse un ballon, après quoi on lui plongea un couteau dans le cœur. Histoire de Russie, par M. de Voltaire. (D. J.)

ZAPOT, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) c’est un fruit qui croît dans la nouvelle Espagne, en Amérique, que les Espagnols appellent zapote blanco, qui est de la grosseur & de la forme du coin, agréable au goût, mais mal-sain, & qui contient une amande qui passe pour un poison dangereux. Il croît sur un grand arbre que les Indiens appellent cochits sapotl, qui a ses feuilles semblables à celles de l’oranger, rangées trois à trois par intervalle, & les fleurs jaunes & fort petites.

ZAPOTÉCA, (Géog. mod.) province de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne ; elle s’étend du midi au nord, depuis la province de Guaxaca, jusqu’au golfe du Mexique. Le terroir en est fertile, quoique pierreux ; ses habitans autrefois sauvages, sont aujourd’hui civilisés. (D. J.)

ZAPUATAN, (Géog. mod.) province de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Galice, proche la mer du sud. C’est une province de petite étendue, qui fut découverte par Nunno de Gusman, en 1532. (D. J.)

ZARA, (Géog. mod.) ville des états de Venise, en Dalmatie, dans une péninsule qui s’avance dans la mer, & dont on a fait une île, par le moyen des fossés qu’on a creusés ; cette ville est à 35 lieues au nord-ouest de Spalatro, & à 66 au nord-ouest de Raguse, elle est fortifiée d’une citadelle, dont les fossés font taillés dans le roc. On a construit à côté trois bastions revêtus de pierres de taille ; ce qui rend cette ville le boulevard de la république de ce côté-là. Les arsenaux, les magasins, les hôpitaux, les casernes, les palais du provéditeur général, du gouverneur de la ville, sont de beaux édifices ; il y a un college, & une académie de belles Lettres.

Les Venitiens acheterent cette ville en 1409, de Ladislas roi de Naples ; Bajazet II. la leur enleva en 1498 ; mais ils la reprirent par la suite, & l’ont toujours conservée depuis.

Les anciens l’ont connu sous le nom de Jadera, ville capitale, & colonie de la Liburnie, selon Pline, l. III. c. xxj. & Ptolomée, l. II. c. xvij. On y voit encore une inscription antique, où l’empereur Auguste est qualifié du titre de pere de cette colonie ; cette inscription ajoute qu’il en avoit fait bâtir les tours & les murailles ; & au-dessous on lit qu’un certain Tiberius Optatus en avoit relevé quelques tours ruinées de vieillesse : Imp. Cæsar. divi F. Aug. parens coloniæ murum & turres dedit, Ti. Julius Optatus turres vetustate consumptas, impensâ suâ restituit. Il paroît par une autre inscription que Jadera avoit beaucoup plus d’etendue que le Zara moderne, dont les habitans ne montent à présent qu’à quatre à cinq milles ames. Long. 33. 20. latit. 44. 23. (D. J.)

ZARABANDAL, s. m. (Hist. mod.) c’est le nom que l’on donne à un gouverneur ou viceroi, qui rend la justice au nom des rois mahométans de Mindanao, l’une des îles Philippines : c’est la premiere dignité de la cour.

ZARA VECCHIA, (Géog. mod.) ville ruinée de l’état de Venise, sur la côte de la Dalmatie, près de Porto-Rosso. Le p. Coronelli prétend que c’est l’ancienne Blandona. (D. J.)

ZARACHA, (Géog. mod.) bourg de la Morée, au duché de Clarence, à environ vingt lieues du golfe de Lépante. Quelques-uns croient que c’est l’ancienne Pellana.

ZARAHNUN, (Géog. mod.) montagne d’Afrique, au royaume de Fez. C’est une grande monta-