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à rechercher, & généreux à publier les monumens de l’antiquité ; non-seulement il y employa une grande partie de son bien, mais il s’est immortalisé en fondant en l’année 1619 deux chaires, l’une de géométrie & l’autre d’astronomie, dans l’université d’Oxford.

1°. Sa traduction de Tacite, dédié à la reine Elisabeth, & accompagnée de notes, parut à Londres en 1581, in-fol. & a été réimprimée plusieurs fois depuis. 2°. Son commentaire sur des matieres militaires, imprimé à Londres en 1598, in-fol a été traduit en latin par Marquard Fréher. 3°. Il a mis au jour en 1596, in-fol. Fasti regum & episcoporum Angliæ, usque ad Willemum seniorem. 4°. Il a aussi fait imprimer à Oxford en 1621, in-4°. des prælectiones in elementa Euclidis.

Mais rien ne lui fait plus d’honneur que sa belle édition des œuvres de S. Chrysostôme, en grec, imprimée au college d’Eaton en 1613, en 8 vol. in-fol. avec des notes de sa façon, & d’autres savans hommes qui l’aiderent dans ce travail, dont la dépense lui couta huit mille livres sterling. Il est vrai que cette édition toute grecque ne peut être à l’usage du grand nombre, & que c’est pour cela qu’elle n’a pas eû grand cours en France ; mais elle sera toujours estimée des connoisseurs qui laisseront aux autres l’avantage de pouvoir lire l’édition grecque & latine de S. Chrysostôme, donnée par le p. Fronton du Duc, quelque tems après l’édition de Saville, & faites en réalité furtivement sur l’édition d’Angleterre, à mesure qu’elle sortoit de dessous la presse. Ajoutons que l’édition du jésuite n’a des notes que sur les dix premiers tomes, & qu’on est obligé d’avoir recours, pour les tomes suivans, à l’édition de Morel, ou à celle de Commelin.

Sharp (Jean) archevêque d’Yorck, naquit en 1644, & fut nommé doyen de Norwich en 1681 ; mais en 1686, il fut suspendu pour avoir défendu dans un de ses sermons la doctrine de l’église anglicane contre le papisme ; cependant après sa suspension, il fut plus consideré que jamais, & son clergé témoigna plus de déférence pour ses conseils, qu’il n’en avoit auparavant pour ses ordres. La cour fut obligée de se tirer de ce mauvais pas comme elle put. En 1692, il fut nommé archevêque d’Yorck à la sollicitation de Tillotson son intime ami, & dont nous parlerons tout-à-l’heure. En 1702, il prêcha au couronnement de la reine Anne, entra dans le conseil, & eut l’honneur d’être grand aumonier de cette reine. Il mourut en 1713, âgé de 69 ans. On admire à juste titre ses sermons. La derniere édition publiée à Londres en 1740, forme sept volumes in-8°.

Tillotson (Jean) archevêque de Cantorbery, & fils d’un drapier d’un bourg de la province d’Yorck, naquit en 1630, & étudia dans le college de Clare à Cambridge. Il eut successivement plusieurs petites cures que son mérite lui procura. En 1689, il fut instalé doyen de l’église de S. Paul, & en 1691, il fut nommé à l’archevêché de Cantorbéry. Il mourut en 1694, dans la soixante-sixieme année de son âge.

Pendant qu’il fut dans une condition ordinaire, il mettoit toujours à part deux dixiemes de son revenu pour des usages charitables, il continua cette pratique le reste de sa vie, & mourut si pauvre que le roi donna à sa veuve une pension annuelle de six cens livres sterling. Après sa mort on trouva dans son cabinet un paquet de libelles très-violens, que l’on avoit faits contre lui, sur lequel il avoit écrit de sa main : « Je pardonne aux auteurs de ces livres, & je prie Dieu qu’il leur pardonne aussi ».

Je ne m’étendrai point sur la beauté de son génie, & l’excellence de son caractere ; c’est assez de renvoyer le lecteur à l’histoire de sa vie, & à son oraison funebre, par Burnet évêque de Salisbury. La

reine parloit de lui avec tant de tendresse, que quelquefois même elle en versoit des larmes. En 1675, il donna au public le Traité des principes & des devoirs de la religion naturelle, de l’évêque Wilkins ; & il y mit une préface. En 1683, il fut l’éditeur des œuvres du docteur Barrow, & l’année suivante, de celles de M. Ezéchias Burton ; mais ses sermons ont rendu son nom immortel ; il en avoit paru pendant sa vie un volume in-fol. Après sa mort le docteur Barker, son chapelain, donna les autres en 2 vol. in fol. dont le manuscrit se vendit deux mille cinq cens guinées. Ce fut la seule succession qu’il laissa à recueillir à sa famille, parce que sa charité consommoit tout son revenu annuel aussi régulierement qu’il le recevoit. Les sermons de ce digne mortel, passent pour les meilleurs qu’on ait jamais faits, & se réimpriment sans cesse en anglois. M. Barbeyrac en a donné une traduction françoise en six vol. in-12. & depuis on en a publié deux autres volumes tirés des Œuvres posthumes. La traduction hollandoise forme six volumes in-4°.

M. Burnet dit qu’il n’a jamais connu d’homme qui eût le jugement plus sain, le caractere meilleur, l’esprit plus net, & le cœur plus compatissant ; ses principes de religion & de morale étoient grands & nobles, sans la moindre tache de relâchement ou de superstition ; sa maniere de raisonner simple, claire, & solide, jointe à ses autres talens, l’ont fait regarder par tous les connoisseurs, comme ayant porté la prédication au plus haut degré de perfection dont elle soit susceptible. Je ne sache pas, dit le spectateur, avoir jamais rien lu qui m’ait fait tant de plaisir : son discours sur la sincérité est d’un mérite rare, en ce que l’auteur en fournit lui-même l’exemple, sans pompe & sans rhétorique. Avec quelle douceur, en quels termes si convenables à sa profession, n’expose-t-il pas à nos yeux le mépris que nous devons avoir pour le défaut opposé ; pas la moindre expression trop vive ou piquante ne lui est échappée ; son cœur étoit mieux fait, & l’homme de bien l’emportoit toujours de beaucoup sur le bel esprit.

Walton (Brian), évêque de Chester, naquit en 1600, & étudia à Cambridge en qualité de servant (seizer). Il obtint successivement de petits bénéfices, & fut nommé en 1639, chapelain ordinaire du roi ; mais il fut continuellement maltraité dans le tems de la guerre civile. Enfin, après le rétablissement de Charles II. il fut sacré évêque de Chester, en 1660, & mourut l’année suivante à Londres, dans la soixante-unieme année de son âge.

Il forma le magnifique projet de la polyglotte d’Angleterre, & mit la derniere main à cet ouvrage qui parut à Londres en 1657, en six volumes in-fol. J’ai parlé ailleurs de cette polyglotte, à l’impression de laquelle plusieurs personnes de distinction contribuerent généreusement.

Wharton (Thomas), célébre médecin anglois, naquit vers l’an 1610, devint un des professeurs du college de Gresham, & mourut à Londres en 1673. Il publia en 1656, son Adenographia, réimprimé à Amsterdam en 1659, in-8°. Il donne dans cet ouvrage une description de toutes les glandes du corps humain, plus exacte qu’il n’en avoit encore paru, & leur assigne des fonctions plus nobles que celles qu’on leur attribuoit avant lui, comme de préparer & de dépurer le suc nourricier ; il a fait connoître les différences des glandes & leurs maladies ; enfin il a découvert le premier le conduit des glandes maxillaires, par lequel la salive passe dans la bouche.

Je ne dois pas oublier de dire que le fameux Jean Wicliffe, ou Wiclef, naquit environ l’an 1324, proche de Richemont, bourg de l’Yorck-shire. Après avoir fait ses classes, il fut aggregé à Oxford, en 1341, au college de Merton, & s’y distingua par