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les armées trouvent assez de gibier pour les grandes chasses d’hiver.

10°. Il est défendu, en tuant les bêtes, de leur couper la gorge ; mais il est ordonné de leur ouvrir le ventre.

11°. Il est permis de manger le sang & les intestins des animaux.

12°. On regle les privileges & les immunités des tarkani, c’est-à-dire, de ceux qui sont exemptés de toute taxe pour les services qu’ils ont rendus.

13°. Il est enjoint à toute homme de servir la société d’une maniere ou d’une autre ; ceux qui ne vont point à la guerre, sont obligés de travailler un certain nombre de jours aux ouvrages publics, & de travailler un jour de la semaine pour le grand-kan.

14°. Le vol d’un bœuf ou de quelqu’autre chose du même prix, se punissoit en ouvrant le ventre du coupable. Les autres vols moins considérables étoient punis par sept, dix sept, vingt-sept, trente-sept, & ainsi de suite jusqu’à 700 coups de bâton, en raison de la valeur de la chose volée. Mais on pouvoit se racheter de cette punition en payant neuf fois la valeur de ce qu’on avoit volé.

15°. Il étoit défendu aux Tartares de prendre à leur service des gens de leur nation : ils ne pouvoient se faire servir que par ceux qu’ils faisoient prisonniers de guerre.

16°. Il étoit défendu de donner retraite à l’esclave d’un autre, sous peine de mort.

17°. En se mariant, un homme étoit obligé d’acheter sa femme. La polygamie étoit permise. Les mariages étoient défendus entre les parens de premier & du second degré, mais on pouvoit épouser les deux sœurs. On pouvoit user des femmes esclaves.

18°. L’adultere étoit puni de mort, & il étoit permis au mari de tuer sa femme prise sur le fait. Les habitans de Kaindu furent à leur sollicitation, exemptés de cette loi, parce qu’ils étoient dans l’usage d’offrir leurs femmes & leurs filles aux étrangers. Mais Genghis-Kan, en leur accordant cette exemption, déclara qu’il les regardoit comme infames.

19°. Il étoit permis pour l’union des familles, de faire contracter des mariages entre les enfans, quoique morts, & l’on faisoit la cérémonie en leur nom. Par-là les familles étoient réputées alliées.

20°. Il étoit défendu, sous des peines rigoureuses, de se baigner, ou de laver ses habits dans des eaux courantes dans le tems où il tonnoit ; les Tartares craignant extraordinairement le tonnerre.

21°. Les espions, les faux témoins, les sodomistes, les sorciers étoient punis de mort.

22°. Les gouverneurs & magistrats qui commandoient dans des provinces éloignées, étoient punis de mort, lorsqu’ils étoient convaincus de malversation ou d’oppression. Si la faute étoit légere, ils étoient obligés de venir se justifier auprès du grand-kan.

Gengis-Kan publia un grand nombre d’autres lois, mais celles qui précedent sont les principales ; elles furent en vigueur sous le regne de ce conquérant & de ses successeurs. Par la premiere de ces lois, on voit que les tartares monguls étoient théistes dans l’origine, ce qui n’empêcha point presque tous les princes de la maison de Gengis-Kan, de tolérer & de favoriser les sectaires de toutes les religions dans leurs états ; ce sont même les seuls souverains dont l’histoire fasse mention, qui aient été assez sensés pour accorder à tous leurs sujets une tolérance entiere.

YASSI, (Géog. mod.) Les françois écrivent mal Iassi, & peut-être ai-je moi-même commis cette faute. C’est une grande ville de la Moldavie, sur la

petite riviere de Scisa, qui se rend peu-à-près dans le Pruth, au nord-est de Soczowa. Long. 44. 56. latit. 47.

Yassi riche par son commerce avec l’Asie, est toute ouverte, sans portes & sans murailles ; mais on y voit une douzaine de vastes châteaux flanqués de tours terrassées. Tous ont du canon & des magasins d’armes pour se défendre. Ce sont autant de monasteres où des moines grecs font leur salut sous la protection du turc. Le christianisme n’a point de moines aussi anciens. S. Basile fut leur patriarche au quatrieme siecle ; mais il y avoit longtems que les perses & les indiens au sein de l’idolâtrie, avoient des moines. L’occident s’est livré plus tard à l’inaction de la vie contemplative. C’est dans ces forteresses basiliennes que le peuple cherche un asyle, lorsque les Tartares viennent à passer. On ne voit peut-être nulle part autant de moines rassemblés ; car le même spectacle se montre sur un côteau en face de la ville.

Cette grande quantité d’hommes qui consomment & ne produisent rien, diminue les richesses de Yassi, & les revenus de l’hospodar. L’ignorance où ils vivent doit moins s’attribuer à leur paresse, ou aux bornes de leur esprit, qu’à l’esclavage, & on s’apperçoit en général, qu’on tireroit un grand parti des Moldaves du côté des armes, des arts & des sciences, si on les mettoit en liberté. Comme le prince qui les gouverne achete cette souveraineté, c’est ensuite au peuple à rembourser l’acquéreur.

Jean Sobieski s’approchant de cette place en 1586, n’eut pas la douleur de donner bataille pour s’en rendre maître ; l’évêque, le clergé, les premiers de la ville & le peuple, lui en apporterent les clés. Il y entra en ami, & ménagea Yassi comme son bien propre. Les boutiques resterent ouvertes, les marchés libres ; & tout fut payé par le vainqueur comme par le bourgeois. Les soldats dispersés dans les monasteres, n’en troublerent point l’ordre ; & les femmes moldaves aussi piquantes par l’ajustement que par les graces, furent respectées. L’abbé Coyer. (D. J.)

YAVAROW, (Géog. mod.) ville de la petite Pologne, dans le palatinat du Russie, à sept lieues au couchant de Léopol, & à deux de Nimirow. (D. J.)

YAUK, s. m. (Myth. & Hist. anc.) nom d’une divinité adorée par quelques tribus d’arabes idolâtres, qui lui donnoient la figure d’un cheval.

YAW, s. m. (Médecin. pratiq.) maladie exotique inconnue en Europe, très-commune & endémique sur les côtes de Guinée, & dans les pays chauds d’Afrique, qui est caractérisée par des éruptions fongueuses sur les différentes parties du corps ; nous ne la connoissons que par la description très-détaillée que M. *** en a donnée, & qui se trouve dans les essais & observat. de méd. de la société d’Edimbourg, tom. VI. article lxxvij. pag. 419. & suiv. c’est dans cette source que nous puiserons tous les matériaux de cet article.

Le yaw exerce ses ravages sur les personnes de tout sexe, de toute condition, & choisit principalement ses victimes dans les âges les plus tendres de l’enfance & de l’adolescence, mais il se répand si généralement, qu’il y en a peu qui meurent à un certain âge, sans avoir éprouvé les atteintes de cette fâcheuse maladie. Elle se manifeste d’abord par de petites taches à peine perceptibles, & qui ne sont pas plus grandes que la pointe d’une épingle ; l’enflure s’y joint bientôt, elles s’étendent & grossissent de jour en jour, & deviennent autant de petits boutons : peu de tems après l’épiderme se détache, & alors au-lieu de pus & de matiere ichoreuse, on ne trouve dans ces petites tumeurs qu’une escarre blan-