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de l’Amérique méridionale ; leur langue est d’une difficulté inexprimable, & leur maniere de prononcer est encore plus extraordinaire que leur langue : ils parlent en retirant leur respiration, & ne font sonner presqu’aucune voyelle. Ils ont des mots que nous ne pourrions écrire, même imparfaitement, sans employer moins de neuf ou dix syllabes, & ces mots prononcés par eux, semblent n’en avoir que trois ou quatre. Pætarrarorincouroac signifie en leur langue le nombre trois ; heureusement pour ceux qui ont affaire à eux, leur arithmétique ne va pas plus loin.

Les Yaméos sont fort adroits à faire de longues sarbacanes, qui sont l’arme de chasse la plus ordinaire des Indiens. Ils y ajustent de petites fleches de bois de palmier, qu’ils garnissent, au-lieu de plume, d’un petit bourlet de coton plat & mince, qu’ils font fort adroitement, & qui remplit exactement le vuide du tuyau. Ils lancent la fleche avec le souffle à trente pas, & ne manquent presque jamais leur coup. Un instrument aussi simple que ces sarbacanes, supplée chez eux au défaut des armes à feu. Ils trempent la pointe de leurs fleches dans un poison si actif, que quand il est reçu, il tue en moins d’une minute l’animal, pour peu qu’il soit atteint jusqu’au sang. Mém. de l’acad. des scienc. ann. 1745. (D. J.)

YAMGAYA, (Economie.) espece de mets fort en usage chez les Koreki & les autres habitans de Kamtchatka. On le fait en mêlant le sang des rennes avec de la graisse ; on met ce mélange dans l’estomac de l’animal, & on le fait fumer dans la cheminée.

YAMIAMAKUNDA, (Géog. mod.) ville d’Afrique dans le royaume de Tomani, au midi de la riviere de Gambra. Ses habitans commercent en ivoire & en esclaves : les Anglois y ont un comptoir. (D. J.)

YANDON, s. m. (Hist. nat Ornitholog.) espece d’autruche de l’île de Madagascar.

YANG-CHEU, (Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Nankin, & sa septieme métropole ; elle est marchande, riche & peuplée. Long. suivant le p. Noël, 156. 39. 30″. latit. 33. 6. (D. J.)

YANI, (Géog. mod.) pays d’Afrique à l’est du royaume de Bursali, le long & au nord de la riviere de Gambra, dans l’espace de 80 lieues. On le divise en haut & en bas-Yani, qui sont séparés par la riviere de Sami. (D. J.)

YANOW ou JANOW, (Géog. mod.) nom de deux petites villes de Pologne ; l’une dans la Podolie, au couchant de Kaminiek, sur la petite riviere de Feret ; l’autre aux confins de la Poldaquie & de la Lithuanie, sur le Boug. (D. J.)

YAPOCO, (Géog. mod.) riviere de l’Amérique méridionale dans la Guianne ; elle a plus d’une lieue de longueur à son embouchure. (D. J.)

YAQUÉ, (Géog. mod.) grande riviere de l’île de S. Domingue ; elle a sa source dans les montagnes de Cibat, & après s’être grossie de plusieurs autres rivieres ; elle se jette enfin dans la mer, au couchant de Monte-Cristo, longue chaîne de montagnes ; les François nomment cette riviere la riviere de Monte-Christo, mais c’est un nom ridicule. (D. J.)

YARD, s. f. (mesure d’Angleterre.) nom de la verge d’Angleterre ; elle est de sept neuviemes d’aune de Paris, ainsi neuf verges d’Angleterre sont sept aunes de Paris, ou sept aunes de Paris font neuf verges d’Angleterre. La maniere de réduire les verges d’Angleterre en aunes de Paris, est de dire en se servant de la regle de trois : si neuf verges d’Angleterre font sept aunes de Paris, combien tant d’aunes de Paris ? Et si au contraire l’on veut faire la réduction des aunes de Paris en verges d’Angleterre, il faut dire, si sept aunes de Paris font neuf verges d’Angleterre, combien tant d’aunes de Paris feront-elles de verges d’An-

gleterre ? La regle vous indiquera ce que vous cherchez.

(D. J.)

YARE, la, (Géog. mod.) riviere d’Angleterre dans le comté de Norfolck ; elle prend sa source vers le nord-ouest, d’où coulant vers le sud-est, elle arrose la ville de Norwich qui en est la capitale ; ensuite après s’être grossie d’autres rivieres, elle se rend dans la mer, & forme à son embouchure un bon port appellé de son nom, Yarmouth. (D. J.)

YARMOUTH, (Géog. mod.) ville d’Angleterre dans la province de Norfolck, à l’embouchure de l’Yare, d’où lui vient son nom, à 36 lieues au nord-est de Londres ; elle est grande, bien bâtie, & a quelques fortifications : son port est fort bon. La principale richesse de ses habitans consiste dans la pêche des harengs, qui est très-abondante sur la côte. Cette ville s’est accrue des ruines de l’ancienne Gariam nonum dont il est parlé dans la notice de l’empire ; car la riviere d’Yare, qui donnoit son nom à la ville, se nommoit en latin Gariam. Sa long. 18. 55. latit. 52. 3. Long. suivant Stréet, 19. 61. 30″. latit. 52. 55. (D. J.)

YASSA, s. f. (Hist. mod. Jurisprud.) c’est ainsi qu’on nomme chez les Tartares, un corps des lois, dont le tameux conquérant Gengis-Kan passe pour être l’auteur. Timut-Beg ou Tamerlan les fit observer dans ses vastes états, & elles sont encore en vigueur aujourd’hai chez les tartares de Krimée, & dans plusieurs autres parties de l’Asie, où ces lois sont appellées Yassa J’enghiskani. Quelques orientaux amis du merveilleux prétendent que Gengis-Kan n’en est point l’auteur, mais qu’elles sont dues à Turk qui, suivant les traditions orientales, étoit fils de Japhet, & petit-fils de Noé, fondateur de la nation tartare. M. de la Croix a donné dans la vie de Genghis-Kan un extrait de ces lois, en vingt-un articles.

1o. Il est ordonné de ne croire qu’un seul Dieu, créateur du ciel & de la terre, qui donne la vie & la mort, les richesses & la pauvreté ; qui accorde & refuse ce qu’il veut, & qu’il a un pouvoir absolu sur toutes choses.

2o. Les prêtres de chaque secte, & tous les hommes attachés aux cultes, les médecins, ceux qui lavent les corps des morts, seront exempts de tout service public.

3o. Nul prince ne pourra prendre le titre de grand-kan, sans avoir été élu légitimement par les autres kans généraux & seigneurs monguls assemblés en diete.

4o. Il est défendu aux chefs des tribus de prendre des titres pompeux, à l’exemple des souverains mahométans.

5o. Il est ordonné de ne jamais faire la paix avec aucun souverain ou peuple, avant qu’ils fussent entierement subjugés.

6o. De partager toujours les troupes en dixaines, centaines, milliers, dix milliers, &c. parce que ces nombres sont plus commodes.

7o. Les soldats, en se mettant en campagne, recevront des armes des officiers qui les commandent, & ils les leur remettront à la fin de l’expédition ; les soldats tiendront ces armes bien nettes, & les montreront à leur chef, lorsqu’ils se prépareront à donner bataille.

8o. Il est défendu, sous peine de mort, de piller l’ennemi, avant que le général en ait donné la permission. Chaque soldat demeurera maître du butin qu’il aura fait, en donnant au receveur du grand-kan les droits prescrits par les lois.

9o. Depuis le mois qui répond au mois de Mars, jusqu’à celui d’Octobre, personne ne prendra de cerfs, de daims, de lievres, d’ânes sauvages, ni d’oiseaux d’une certaine espece ; afin que la cour &