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d’hiver ou d’orage, ne pussent passer jusqu’au second, & qu’en été l’on eut aussi le moyen de s’éloigner davantage du soleil. Au milieu de ce portique, il y avoit une grande salle d’un quarré & demi de long, où l’on donnoit leçon aux enfans ; à côté de cette salle étoient les écoles de jeunes filles ; sur le derriere étoit le lieu où les athletes alloient s’exercer : plus avant, tout-au-bout de la façade du portique, on avoit les bains d’eau froide.

A main gauche de la salle des jeunes gens, les lutteurs s’alloient frotter d’huile, pour se rendre les membres plus souples & plus robustes, & proche de-là étoit la chambre froide, où ils venoient se dépouiller. On entroit ensuite dans la chambre tiéde, dans laquelle on commençoit à faire du feu & se tenir un peu chaudement, pour entrer après dans l’étuve, où le poële étoit d’un côté, & de l’autre le bain d’eau chaude. L’architecte ayant bien considéré que la nature ne passe jamais d’une extrémité à l’autre, que par des milieux tempérés, voulut à son imitation, que pour aller d’un lieu froid en un autre chaud, le passage se trouvât tiede.

A l’issue de tous ces appartemens, il y avoit trois portiques ; celui du côté de l’entrée étoit situé vers le levant ou le couchant ; les deux autres étoient à droite & à gauche, tournés l’un au septentrion, & l’autre au midi ; celui du septentrion étoit double, & large comme la hauteur de ses colonnes. Le portique qui regardoit le midi étoit simple, mais beaucoup plus ample que le précédent. Pour faire son compartiment on laissoit, tant du côté du mur, que du côté des colonnes, 10 piés de largeur. Cet espace donnoit un chemin en forme de levée, de laquel-

le on descendoit deux marches par un escalier de 6

piés, qui entroit dans un parterre couvert ayant au moins 12 piés de profondeur. C’étoit-là que les athletes venoient s’exercer en hiver, sans recevoir aucune incommodité de ceux qui s’assembloient sous le portique pour les regarder : les spectateurs de leur côté avoient aussi l’avantage de bien voir, à cause de l’enfoncement du terrein où combattoient les athletes ; ce portique s’appelloit proprement le xyste.

On avoit soin en bâtissant les xystes, de ménager entre deux portiques quelques bosquets, & des allées d’arbres pavées à la mosaïque. Proche du xyste, à la face du portique double, on faisoit les alignemens des promenades découvertes, qu’on nommoit péridromides, dans lesquelles les achletes se rendoient en hiver.

A côté de ces édifices étoit une place, où le peuple venoit se ranger pour voir plus commodément les jeux. A l’imitation de ces sortes d’édifices, quelques empereurs romains pour se faire aimer du peuple, bâtirent des thermes magnifiques, où tout le monde pouvoit aller & prendre le plaisir des bains. Voyez Thermes. (D. J.)

XYSTIQUE, s. m. (Antiq. rom.) nom que l’on donnoit à Rome aux athletes des gymnases & aux gladiateurs qui, l’hiver, se battoient sous des portiques, & non pas en plein air. Suétone, vie d’Auguste, c. xlv. en parle.

XYSTIS, (Géog. anc.) ancienne ville d’Asie, dans la Carie, selon Etienne le géographe. Pline, l. V. ch. xxix. en fait mention, & nomme ses habitans Xystiani. (D. J.)