bistouri, arrêta l’hémorragie avec le fer ardent, & mit une cannule dans le canal de l’urethre pendant la cure, qui a été heureuse & de peu de durée. La chirurgie de nos jours, devenue plus douce dans ses moyens, rejettera d’abord l’usage du feu dans ce cas, à moins que la mortification n’ait fait des progrès au-delà de la partie qu’on peut amputer ; mais alors ce ne sera pas dans la crainte de l’hémorrhagie qu’on emploieroit ce moyen, mais dans l’intention de brûler des chairs gangréneuses, & empêcher le progrès de la pourriture.
Ruisch parle dans la trentieme de ses observations anatomiques & chirurgicales, de l’amputation de la verge à un paysan qui y avoit un cancer ulceré de la grosseur du poing : on introduisit une sonde par l’urethre dans la vessie, on lia fortement le membre viril au-dessus du mal, avec un cordon assez mince, mais très-fort ; cette ligature fut très-douloureuse : le lendemain on fit une seconde ligature, pour avancer la mortification de la partie affectée : on ne fit l’amputation que le cinquieme jour, lorsque la partie fut tombée tout-à-fait en sphacele : on laissa la sonde dans la vessie encore pendant un ou deux jours. Après la guérison, on a donné à cet homme un tuyau d’ivoire qu’il ajustoit au-bas du ventre, lorsqu’il vouloit rendre son urine, de peur de mouiller ses habits.
L’opération de Ruisch a été fort longue & fort douloureuse ; la section avec un instrument tranchant est l’affaire d’un clin d’œil ; la méthode de Scultet est donc préférable, & l’on ne voit pas sur quelle raison Ruysch a pu fonder le procedé qu’il a tenu. Il a été suivi en 1743. à l’hôpital de Florence, dans un cas où la nécessité de l’amputation n’étoit pas trop prouvée : quoi qu’il en soit, on se détermina à lier la partie sur une cannule d’argent ; les douleurs furent fort vives ; la partie ne tomba que le neuvieme jour ; le malade fut parfaitement gueri le vingt-troisieme : on mit dans l’extrémité de l’urethre un petit bourdonnet un peu dur, de figure conique. Ruysch supprima la sonde deux jours après la chute des chairs gangrenées ; elle étoit absolument nécessaire dans l’usage de la ligature, par laquelle on a étranglé la partie pendant cinq jours ; on s’en est passé dans tout le reste de la cure. Scultet s’en est servi. J’ai employé cette cannule pendant les premiers jours du traitement d’un homme qui s’étoit mutilé dans un délire mélancolique. Le blessé foible & tranquille, n’en étoit point incommodé, mais lorsque les forces furent un peu rétablies, le jet de l’urine chassoit la cannule : je l’ai supprimé le huitieme jour ; le malade levoit l’appareil quand il vouloit uriner, & il n’y a eu aucun inconvénient de cette part. Fabrice d’Aquapendente recommande d’engager un petit tuyau de plomb dans le conduit de l’urine, après l’amputation de la verge. J’ai reconnu que cette précaution étoit superflue ; c’est seulement dans les derniers jours de la cure, qu’il est à propos de mettre une petite bougie dans l’orifice, pour qu’il ne se fronce pas ; l’urine en seroit dardée plus loin, mais par un jet plus fin & il y a de l’inconvénient à une trop grande diminution du diametre du canal à son extrémité. A l’égard du tuyau d’ivoire que Ruysch a conseillé à son malade après la guérison ; il est de l’invention d’Ambroise Paré, qui en donne la figure & la description au chap. ix de son trente-troisieme livre. J’ai vu faire à l’hôpital militaire de Metz, l’amputation de la verge près du ventre, par mon pere, il y a plus de vingt-cinq ans, à un tambour du régiment de Lyonnois : on lui fit faire une cannule de cuivre, semblable à celle que Paré recommande ; c’étoit un aqueduc dont il se servoit pour pisser dans les rues. Paré ne la propose même que pour cette circonstance, en disant que ceux qui ont entierement perdu la verge jusqu’au ventre, sont en peine lorsqu’ils veu-
les femmes. Cette nécessité n’est pas démontrée. Le canal de l’urethre n’a point d’action pour chasser l’urine. L’amputation de la verge ne retranche aucune des parties qui servent à l’expulsion de ce liquide : le malade que j’ai guéri pisse en jet à une assez grande distance du corps ; il est seulement obligé d’essuyer les dernieres gouttes, inconvénient dont l’usage de la canule ne le dispenseroit pas. (Y)
Verge, s. f. terme de Bedeau d’église, c’est un morceau de baleine plat, large d’un bon doigt & un peu plus, long d’environ deux piés & demi, & ferré d’argent, que le bedeau porte à la main quand il fait la fonction de bedeau. (D. J.)
Verges, s. f. pl. en Physique. météore que l’on appelle autrement columellæ & funes tentorii. C’est un assemblage de plusieurs rayons de lumiere, qui représentent comme des cordes tendues.
On croit que ce météore vient des rayons du soleil, qui passent par certaines fentes, ou au moins par les endroits les plus minces d’un nuage plein d’eau : il se fait voir principalement le matin & le soir, & il n’y a presque personne qui ne l’ait observé très-souvent au coucher du soleil, lorsque cet astre est près de l’horison & caché dans des nuages qui ne sont pas trop obscurs : on voit souvent sortir de ces nuages, comme une traînée de rayons blancs qui s’étendent jusqu’à l’horison, & qui occupent quelquefois un assez grand espace. Chambers.
Verge d’Aaron, en Physique, voyez Baguette divinatoire.
Verge, (Jurisprud.) est une mesure pour les longueurs, qui sert à mesurer & compter la contenue des héritages, de même qu’en d’autres pays on compte par perches, cordes, chaînées, mesures, &c. la longueur de la verge est différente selon les pays.
La verge commune d’Artois, pour la mesure des lieues, est de vingt piés & onze pouces chacun, mille verges font une lieue ; la mesure des terres labourables, qu’on appelle la petite mesure, est de cent verges ou perches pour arpent ; la verge de cent vingt piés d’Artois, le pié de onze pouces, mais présentement le pié y est de douze pouces ; la mesure du bois, appellée la grande mesure, est de cent verges, la verge de cent vingt-un piés, & le pié de onze pouces artois. Voyez l’auteur des notes sur Artois, art. 6.
Au bailliage d’Hedin un journel ne contient que soixante deux verges & demie. Ibid.
En Flandre la verge & la mesure de terre montent à un cinquieme plus que celle d’Artois. Ibid.
Dans la coutume de Clermont en Beauvoisis, on compte les terres labourables par muids ; à Clermont & aux environs, dans la seigneurie de Sacy, le grand Gournay, la Neuville en Hez, & Milly, le muid contient douze mines, chaque mine soixante verges, chaque verge vingt-deux piés de onze pouces de longueur, art. 234 & 235. En la chatellenie de Bulle, locale de Clermont, la mine est de cinquante verges, la verge de vingt-quatre piés de onze pouces, art. 236. En la seigneurie de Conty, on compte par journeux au-lieu de mines, chaque journeux contient cent verges de vingt-quatre piés chacune, art. 237. Dans la seigneurie de Remy, la mine a quatre-vingt verges, à vingt-deux piés & un tiers de pié par verge, art. 239. Dans la même coutume de Clermont, les aires où se font les lins, en la ville & paroisse de Bulles, se mesurent par mine, chaque mine a douze verges de vingt-quatre piés, art. 240. Dans la même coutume de Clermont, les bois, vignes, jardins, & prés, communément se mesurent par arpens ; l’arpent est en quelques lieux de cent verges à vingt-six piés pour verge. En d’autres lieux il n’y a que soixante & douze verges pour un arpent, art. 141. (A)
Verge, s. f. (Jaugeage.) espece de jauge, ou