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goureuse situation, même pour le plus haut degré de la capacité humaine !

Les partis qui divisoient le royaume étoient des convulsions générales de tous les esprits, une ardeur violente & réfléchie de changer la constitution de l’état, un dessein mal conçu dans les royalistes d’établir le pouvoir despotique, fureur de la liberté dans la chambre des communes, le desir dans les évêques d’écarter le parti calviniste des Puritains, le projet formé chez les Puritains d’humilier les évêques, & enfin le plan suivi & caché des indépendans, qui consistoit à se servir des défauts de tous les autres, pour devenir leurs maîtres.

Au milieu de cette anarchie, les catholiques d’Irlande massacrent quarante mille protestans de leur île, & Charles I. écouta le fatal conseil de soutenir sa puissance par un coup d’autorité. Il quitte Londres, se rend à Yorck, rassemble ses forces, & s’arrêtant près de Nottingham, il y éleve l’étendart royal, signe ouvert de la guerre civile dans toute la nation.

On donne batailles sur batailles, d’abord favorables au prince, enfin malheureuses & désastrueuses. Après avoir reçu dans son armée ces odieux irlandois teints du sang de leurs compatriotes, & taillés en pieces par le lord Fairfax à la bataille de Naseby qui suivit la victoire de Marston, il ne resta plus au monarque que la douleur d’avoir donné à ses sujets le prétexte de l’accuser d’être complice de l’horrible massacre commis par les mêmes irlandois le 22 Octobre 1641.

Charles marcha d’infortunes en infortunes ; il crut trouver sa sûreté dans l’armée écossoise, & se jetta entre ses mains ; mais les Ecossois le vendirent, & le livrerent aux commissaires anglois ; il s’échappa de leur garde, & se sauva dans l’île de Wight, où il fut enlevé & transféré au château de Hulst. Sa mort étant résolue, Cromwell, Ireton & Harrison établirent une cour de justice, dont ils furent les principaux acteurs, avec quelques membres de la chambre-basse & quelques bourgeois de Londres. On traduisit trois fois le monarque devant cette cour illégale, & il refusa autant de fois d’en reconnoitre la jurisdiction. Enfin le 10 Février 1649, sa tête fut tranchée d’un seul coup dans la place de Wittehall. Un homme masqué fit l’office d’exécuteur, & le corps fut déposé dans la chapelle de Windsor.

La mort tragique de ce monarque a fait mettre en question, s’il se trouve des cas où le peuple ait droit de punir son souverain. Il est du-moins certain que ceux qui donnent le plus de carriere à leurs idées, pourroient douter, si dans un monarque la nature humaine est capable d’un assez haut degré de dépravation, pour justifier dans des sujets révoltés, ce dernier acte de jurisdiction. L’illusion, si c’en est une, qui nous inspire un respect sacré pour la personne des princes, est si salutaire, que la détruire par le procès d’un souverain, ce seroit causer plus de mal au peuple qu’on ne peut espérer d’effet sur les princes, d’un exemple de justice qu’on croiroit capable de les arrêter dans la carriere de la tyrannie.

Je sai qu’on cite dans l’histoire de l’ancienne Rome l’exemple de Néron, que les Romains condamnerent comme l’ennemi public, sans aucune forme de procès, au châtiment le plus sévere & le plus ignominieux. Mais les crimes de cet odieux tyran étoient portés à un degré d’énormité, qui renverse toutes sortes de regles. Quand on passe ensuite de l’exemple de Néron à celui de Charles I. & que l’on considere la contrariété qui se trouve dans leurs caracteres, l’on ne plaint point l’un, & l’on est confondu que l’autre pût éprouver une si fatale catastrophe.

L’histoire, cette grande source de sagesse, fournit des exemples de tous les genres ; & tous les préceptes de la prudence, comme ceux de la morale, peuvent être autorisés par cette variété d’événemens, que son vaste miroir est capable de nous présenter.

De ces mémorables révolutions qui se sont passées dans un siecle si voisin du notre les Anglois peuvent tirer naturellement la même leçon que Charles, dans ses dernieres années, en tira lui-même ; qu’il est très-dangereux pour leurs princes de s’attribuer plus d’autorité qu’il ne leur en est accordé par les lois. Mais les mêmes scenes fournissent à l’Angleterre une autre instruction, qui n’est pas moins naturelle, ni moins utile, sur la folie du peuple, les fureurs du fanatisme, & le danger des armées mercénaires. Je dis les fureurs du fanatisme, car il n’est pas impossible que le meurtre de Charles I. la plus atroce des actions de Cromwell, n’ait été déguisée à ses yeux sous une épaisse nuée d’illusions fanatiques, & qu’il n’ait regardé son crime sous l’aspect d’une action méritoire. (Le chevalier de Jaucourt.)

WINEDEN, (Géog. mod) petite ville d’Allemagne, dans la Suabe, au duché de Wirtemberg, sur une petite riviere, avec un château fortifié, qui appartient au grand maître de l’ordre teutonique.

Lyserus (Polycarpe), théologien de la confession d’Augsbourg, naquit à Wineden en 1552. Il fut un des principaux directeurs du livre de la concorde, & il exerça vigoureusement la charge de missionnaire, non-seulement pour le donner à signer à ceux qui étoient dans les emplois, mais pour opérer la réunion des calvinistes & des luthériens que négocioient les agens du roi de Navarre. Il devint ministre de cour à Dresde l’an 1594, & y mourut en 1601 pere de treize enfans. Il composa plusieurs livres latins de théologie qui n’existent plus aujourd’hui, non plus que ceux qu’on fit contre lui de toutes parts, à l’occasion des signatures de son formulaire. (D. J.)

WINFRIED’S-WELL, (Géogr. mod.) c’est-à-dire fontaine de Winfride ; c’est une fontaine d’Angleterre, au pays de Galles, dans le comté de Flint, à l’occident de la ville de ce nom, & dans un petit bourg nommé Holy-Well, c’est-à-dire fontaine sacrée, ainsi dite en conséquence de la fontaine de Winfride. On raconte qu’anciennement un tyran du pays ayant viole & ensuite égorgé une sainte fille, appellée Winfride, la terre poussa dans le même endroit la fontaine dont nous parlons ; comme il se trouve au fond de cette fontaine de petites pierres semées de taches rouges, la tradition superstitieuse du pays fait passer ces taches pour des gouttes du sang de sainte Winfride qui ne s’effaceront jamais. On a bâti une petite église sur cette fontaine, & l’on a peint dans les fenêtres de cette église la mort tragique de la sainte ; mais le savant évêque d’Ely, Guillaume Fleetwood, etant encore éveque de S. Asaph, a détrompé le public sur l’histoire de sainte Winfride, en publiant en 1713 la légende de cette sainte, avec des observations qui démontrent la fausseté de cette légende. La reine Marie d’Est, femme du roi Jacques II. est la derniere personne de haut rang qui ait été en pélerinage à Winfried’s-Well. (D. J.)

WINGURLA, (Géog. mod.) ville des Indes orientales, au royaume de Visapour, sur le bord de la mer, près & au nord de Goa. Les Hollandois y ont une loge.

WINNICZA, (Géogr. mod.) ville de Pologne, dans la Podolie, capitale du Palatinat de Braclaw, sur la rive du Bog, à 12 lieues de Braclaw. C’est le siege d’un tribunal de justice, & le lieu de l’assemblée de la noblesse. Long. 46. latit. 49. 27.

WINSCHOTE, (Géogr. mod.) petite ville des Pays-bas, dans la seigneurie de Groningue, à cinq lieues de la ville de Groningue, & à une lieue du