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Zwingle entendoit les langues & la théologie. Il étoit agréable en conversation, possédoit la musique, & la recommandoit même aux gens de lettres, comme une récréation très-propre à les délasser. Il paroît par une circonstance de la dispute de Berne, qu’il avoit une opinion particuliere sur l’apocalypse. Gilles Mourer lui en ayant cité un passage, en faveur de l’invocation des saints, Zwingle lui répondit séchement, qu’il ne reconnoissoit point l’autorité du livre de l’apocalypse, & ne le regardoit ni comme canonique, ni de la main de S. Jean l’évangéliste.

On mit au jour à Bâle en 1536, une courte exposition de la foi, que Zwingle avoit composée peu de tems avant sa mort, & qu’il avoit adressée à François I. C’est dans cette piece, que se trouve le passage du salut des payens, contre lequel on s’est si fort récrié.

Zwingle a pensé que les sages du paganisme devoient avoir été sauvés, parce qu’il a cru que Dieu par les effets de sa grace, avoit produit en eux la foi nécessaire au salut. Voici comme il s’en explique lui-même : « J. C. n’a pas dit, celui qui ne sera point baptisé, ne sera point sauvé ; par conséquent les enfans morts sans baptême, & tous les payens ne sont pas damnés ; ce seroit donc une témérité que de condamner aux enfers tous ceux qui n’ont pas été consacrés par la circoncision ou par le baptême. Il ne faut pas qu’on imagine que cette idée tende à anéantir J. C. car elle ne sert qu’a augmenter sa gloire. Que savons-nous ce que chacun a de foi écrite en son cœur par la main de Dieu ? Il nous faut bien vivre, dit Seneque, puisque rien n’est caché à l’être suprême ; il est présent à nos esprits, & pénétre toutes nos pensées ».

Zwingle n’a jamais douté que l’état du paganisme ne fût condamnable ; mais il a cru par un jugement d’humanité, que Dieu auroit pitié de Seneque & de quelques autres payens, qui avoient une foi confuse en lui, & qui n’avoient pas eu de part à la corruption de leur siecle.

Erasme contemporain de Zwingle, pensoit comme lui sur cette matiere. Si les juifs, dit-il, avant la publication de l’évangile, pouvoient se sauver avec une foi grossiere, pourquoi cette foi ne suffiroit-elle pas pour sauver un payen, dont la vie a été remplie de vertus ; un payen qui en même tems, a cru que Dieu étoit une puissance, une sagesse, une bonté sans bornes, & que par les moyens qu’il jugera les plus convenables, il saura protéger les bons & punir les méchans.

Jacques Payva Andradius, théologien portugais, qui assista au concile de Trente, soutient aussi que Platon, Socrate, Aristote, & les autres anciens philosophes, qui ont été d’excellens maîtres pour ce qui regarde la pratique des vertus, ont pu se sauver, aussi bien que les juifs qui ont reçu la loi. Dieu les à assistés de sa grace pour leur salut, ensorte qu’on ne peut pas dire, qu’ils aient entierement ignoré Jésus crucifié, quoiqu’ils n’ayent point su la maniere dont Dieu sauveroit le genre humain.

Cette conoissance vague d’un rédempteur suffisante pour prouver le salut, a été adoptée par une confession de foi des évêques de Pologne assemblés en 1551 dans un synode de toute leur nation, & ils n’ont point été taxés d’hérétiques. Cette confession de foi imprimée à Anvers en 1559 in-8°. dit qu’il n’a pas été nécessaire que tous les hommes sussent en particulier qui seroit le médiateur de leur salut, si ce seroit le fils de Dieu, ou un ange du Seigneur ou quelqu’autre ; qu’il suffisoit de croire en général, que Dieu par sa sagesse, trouveroit quelque voie de sauver les hommes.

Il est certain que plusieurs peres de l’église ont aussi conçu une espece d’illumination universelle, en con-

séquence de laquelle il s’est trouvé dans toutes les

nations, des hommes vertueux agréables à Dieu. Justin martyr, dit en termes exprès, que J. C. est la raison divine, à laquelle Socrate & les autres philosophes ont participé. C’est encore le sentiment de Clément d’Alexandrie. Stromat, VI. p. 636. de saint Chrysostome, Homel. 37. sur Math. & de saint Augustin, de civitat. Dei, liv. VIII. ch. iij. & l. XVIII. c. xlvij. Il ne faut donc pas faire à Zwingle un crime d’avoir soutenu, par un jugement de charité, une opinion judicieuse, & qui a eu dans la primitive église, plusieurs défenseurs respectables. (Le Chevalier de Jaucourt.)

WILDFANGIAT, s. m. (Hist. mod. Droit public.) c’est ainsi qu’on nomme en Allemagne un droit singulier qui appartient à l’électeur palatin. Il consiste à s’approprier ou à rendre serfs les bâtards & les étrangers qui viennent de leur propre mouvement s’établir & fixer leur domicile dans le palatinat & dans quelques pays adjacens. Au bout de l’an & jour ils sont obligés de prêter serment & de payer une redevance à l’électeur palatin. Dans cette jurisprudence singuliere, les enfans suivent la condition de leur mere ; ils sont libres si elle est libre, & serfs si elle n’est point libre. Voyez Vitriarii, Inst. juris publici.

WILDSHUSEN, (Géog. mod.) petite ville d’Alleau cercle de Westphalie, sur la riviere de Hunde, aux confins du comté d’Oldenbourg, & la capitale d’un petit pays auquel elle donne son nom. (D. J.)

WILDSTATT ou WILDSTETT, (Géog. mod.) bourg d’Allemagne, dans l’Ortenau sur le Kintzig, à un mille de Strasbourg. C’étoit autrefois une ville qui fut réduite en cendres en 1632 par les soldats du colonel Ossa. D. J.)

WILER ou WEYLER, (Géog. mod.) petite ville de France dans l’Alsace, près de Schlestat, sur les confins de la Lorraine. (D. J.)

WILIA la, (Géog. mod.) riviere du grand duché de Lithuanie. Elle se forme de diverses petites rivieres qui ont leurs sources dans le palatinat de Minski, traverse celui de Wilna d’orient en occident, & finit par se jetter dans le Niémen au-dessus de Kowno. (D. J.)

WILKOMIR, (Géog. mod.) ville du grand duché de Lithuanie, dans le palatinat de Wilna, sur la Swieta, à 14 lieues de la ville de Wilna. (D. J.)

WILLEMSTAT, (Géog. mod.) petite ville des Pays-bas, dans le Brabant hollandois, à 8 lieues au nord-est de Berg-op-zoom, fondée en 1583 par Guillaume I. prince d’Orange, & elle en a pris le nom. Elle est très-bien fortifiée. Les Etats généraux y entretiennent une garnison, avec un gouverneur & un major de la place. Toutes les rues sont tirées au cordeau, & les maisons bien bâties. La régence est composée d’un bailli, de deux bourgmestres, de six échevins, & d’un secrétaire. Le port peut contenir un grand nombre de bateaux. Long. 21. 55. Lat. 51. 40. (D. J.)

WILLIS, accessoire & ophtalmique de, (Anat.) Willis, anglois, étoit très versé dans la dissection du cerveau. Il nous en a laissé une anatomie très-exacte, avec une description des nerfs & leurs usages. Il y a un nerf qui remonte de la moëlle épiniere pour sortir du crâne avec la huitieme paire à laquelle on a donné le nom d’accessoire de Willis. La branche de la cinquieme paire qui se distribue à l’œil, s’appelle aussi l’ophthalmique de Willis.

WILLISAW, (Géog. mod.) petite ville de Suisse, dans le canton de Lucerne, sur la riviere de Wiger, entre de hautes montagnes. Long. 25. 42. Latit. 47. 7. (D. J.)

WILLOUGHBY, (Géog. mod.) bourg d’Angleterre, en Nottinghamshire, aux confins de Leicester-