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que ; mais les coups inégaux avoient plus de rapport au son de la voix en parlant.

En 1682, il montra un instrument pour décrire toutes sortes d’hélixes sur un cone, assûrant qu’il pouvoit avec cet instrument diviser toute longueur donnée, quelque courte qu’elle fût, en autant de parties presque qu’on voudroit assigner, par exemple, un pouce de 100000 parties égales. Il prétendoit que cette invention pouvoit être d’un grand usage pour perfectionner les instrumens astronomiques & géographiques.

Dans l’assemblée suivante de la société royale, il produisit un autre instrument avec lequel il découvroit une courbe qu’on pouvoit nommer une parabole inventée, ou une hyperbole parabolique, ayant les propriétés d’être infinie des deux côtés, d’avoir deux asymptotes, comme il y en a dans l’hyperbole, &c. Il montra un troisieme instrument pour décrire exactement la spirale d’Archimede, par une nouvelle propriété de cet instrument, & cela aussi aisément & aussi sûrement qu’un cercle, ensorte qu’on pouvoit diviser non-seulement tout arc donné en un nombre égal de parties demandées, mais aussi une ligne droite donnée, égale à la circonférence d’un cercle.

On trouvera dans les Transact. philos. quantité d’autres observations du docteur Hooke ; sa Micrographie a paru en 1665 in-fol. Sa vie est à la tête de ses Œuvres posthumes, imprimées à Londres en 1705 in-fol. Enfin l’on a publié dans la même ville en 1726, in-8°. un livre sous le titre d’Expériences & observations philosophiques du docteur Hooke, par G. Derham, avec figures. (Le chevalier de Jaucourt.)

WIGHTON, (Géog. mod.) bourg à marché d’Angleterre, dans le quartier oriental d’Yorckshire, à environ huit milles de Beverley, sur une petite riviere nommé Foulnesse. Ce bourg a succédé à une ville appellée Delgovitia, auprès de laquelle étoit un temple d’idoles, qu’on appelloit Godmundinghan. (D. J.)

WIGHTOWN, (Géog. mod.) petite ville d’Ecosse, dans la province de Galloway, avec un assez bon port. Long. 13. 4. latit. 54. 57. (D. J.)

WIKIE ou WIKESLAND, (Géog. mod.) petite province de l’empire Russien, dans l’Esthonie. Elle est bornée au nord par l’Harrie, au midi par la Livonie, au levant par la Jerwie, & au couchant par le Moousund. Pernau en est la principale ville. (D. J.)

WILBAD ou WILDBAD, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la Suabe, au Schwartzwald, ou dans la Forêt-noire, sur la droite de l’Entz. Elle est remarquable par ses bains d’eau chaude. (D. J.)

WILDENHAUS, (Géog. mod.) paroisse de Suisse, dans le Tockenbourg, au Thoure-Thall, où elle a le rang de sixieme communauté. Wildenhaus est un lieu connu dans l’histoire, pour avoir été la patrie d’Huldric Zwingle qui y naquit en 1484, d’Huldric Zwingle amman du lieu, qui est la premiere dignité du pays.

Il fit ses études à Bâle, à Berne & à Vienne en Autriche. Il apprit bien les langues grecque & hébraïque, & prit ensuite le degré de docteur en théologie. Il fut nommé curé à Glaris en 1506, où il commença comme il s’exprime, à précher l’Evangile. Il en agit de même quand il fut appellé à Zurich en 1518 par le prévôt & les chanoines de cette ville, & attaqua non-seulement le trafic des indulgences, en quoi il étoit protégé par l’évêque ; mais il prêcha contre l’invocation des saints, le sacrifice de la messe, le célibat des prêtres.

En 1520, il renonça à une pension que sa sainteté lui faisoit, & en 1522 il se maria. En 1523 le pape lui écrivit un bref très flatteur, qui prouvoit que la cour de Rome auroit été bien aise de le gagner. Là même année, le magistrat de Zurich prescrivit une

assemblée pour discuter par l’Ecriture-sainte, les matieres de religion ; tous les écclésiastiques du canton, ainsi que l’évêque de Constance, y furent appellés. Après ce colloque, on fit à Zurich de nouveaux pas vers la réformation ; & cependant le canton convoqua une seconde assemblée, où les Zurichois inviterent les évêques de Constance, de Coire & de Bâle, avec l’université de cette ville. Ils inviterent aussi tous les autres cantons à y envoyer les plus savans de leurs pasteurs. Le synode fut composé de neuf cent personnes, au nombre desquelles se trouverent trois cent cinquante prêtres. L’issue apprit au public, que les partisans de Zuingle avoient triomphé, car sa doctrine fut reçue à la pluralité des suffrages dans tout le canton. M. Dupin dit, que la plûpart des écclésiaques qui assisterent à cette conférence, abandonnerent la cause de l’église, par ignorance ou par malice. Enfin en 1725 le conseil de Zurich abolit la messe.

Zwingle assista à la dispute de Berne tenue en 1528, & à la conférence de Marpourg. En 1531, la guerre se déclara entre les cantons protestans & les cantons catholiques, & les Zurichois furent défaits à la bataille de Cappel. Comme la coutume de Zurich est, que lorsqu’on envoye une armée contre l’ennemi, le premier pasteur de l’église doit l’accompagner, Zwingle s’y trouva, & par son devoir, & par un ordre particulier du magistrat ; il fut enveloppé dans le malheur de cette journée, blessé d’un coup de pierre, renversé à terre, & tué par un officier catholique à 47 ans.

Né avec un génie heureux, il le cultiva soigneusement, & prêcha la réformation, avant même que le nom de Luther fût connu en Suisse. Il étoit d’une application infatigable au travail, & étudioit toujours de bout. Après le souper il faisoit une promenade, & s’occupoit ensuite à écrire des lettres, souvent jusqu’à minuit. Si l’on considere le tems que lui prenoit encore la conduite de l’église de Zurich dont il étoit le premier pasteur, l’instruction de la jeunesse comme professeur, & la direction de la plûpart des églises protestantes du pays, on sera surpris du grand nombre d’ouvrages qui sont sortis de sa plume.

Ils ont été recueillis en quatre volumes in-folio, imprimés à Zurich en 1544 & 1545. Les deux premiers tomes contiennent ses traités de religion & de controverse ; les deux derniers, renferment ses explications de divers livres de l’ancien & du nouveau Testament. Zwingle, selon M. Simon, est assez simple dans son commentaire sur la bible, mais peu exercé dans l’étude de la critique. Sa modestie paroît en ce qu’il ne semble pas avoir abandonné entierement l’ancien interprete latin, qui étoit autorisé depuis longtems dans toute l’église d’occident. Le même historien critique trouve que les notes de Zwingle sur quelques épitres de S. Paul, sont plus exactes & plus littérales, que celles qu’il a données sur les évangiles ; mais il ne faut point douter que les commentaires de ce théologien ne fussent meilleurs, s’il les eût publiés lui-même, & qu’il y eût mis la derniere main. Une circonstance qui mérite d’être observée, & qui n’a pas échappé à M. Simon, c’est que sur la premiere épître de S. Jean, Zwingle n’explique point le vers. 7. du chap. v. ce qui semble indiquer que ce passage ne se trouvoit pas dans son exemplaire grec.

Léon de Juda, en parlant de Zwingle, dit, Huldrychus Zuinglius, non solum concionibus sacris, sed & lectionibus publicis, mirâ arte, claritate, brevitate ac simplicitate, parique diligentiâ, dexteritate, ac fide tractavit, ut nec prioris soeculi, nec nostri ævi scriptoribus judicio doctissimorum hominum, cedere videatur. Je souscrirois volontiers à une partie de cet éloge, ajoute M. Simon, si l’auteur suisse avoit été moins agité de l’esprit de réformation, qui ne lui permit pas de faire un bon usage de sa raison.