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largeur, qui comprenoit deux grands clos séparés l’un de l’autre par une rangée de frênes, commença à se détacher du reste de la terre qui l’environnoit & changea de place, se poussant au midi pendant onze fois vingt-quatre heures avec les arbres & les haies qui étoient dessus.

Cette portion de terre emporta avec elle deux creux pleins d’eau ; l’un profond de six piés, l’autre de douze, & larges de quatre perches, avec plusieurs aulnes & frênes qui étoient sur le bord, & un grand rocher. Tout cela fut non-seulement arraché de sa place & transplanté à quatre perches de-là, mais encore poussé en haut ; de-sorte qu’il s’en forma une petite butte élevée de neuf piés au-dessus de l’eau, sur laquelle le tout avoit glissé. Il vint une autre terre à la place que toutes ces choses avoient occupée, & qui étoient néanmoins plus hautes auparavant. On a vu dans ce même quartier plusieurs autres exemples de pareils bouleversemens ; & c’est pourquoi on trouve quantité de creux pleins d’eau qui occupent la place des terres abymées : de-là vient encore qu’il y a des vallées profondes dans les endroits où il y avoit autrefois des montagnes, & au contraire des hauteurs où l’on ne voyoit anciennement que des campagnes. Délices de la grande-Bretagne. p. 834. (D. J.)

WEST-HITH, (Géog. mod.) ancien port d’Angleterre, dans le comté de Kent, & des débris duquel s’est formé celui de Hieth ou Hith. L’océan s’est tellement éloigné du port de West-Hith, qu’il en est présentement à la distance d’un bon mille. West-Hith s’étoit aussi élevé sur les ruines d’un port plus ancien nommé aujourd’hui Limne, & autrefois portus lemanis. Il se trouve à-présent à deux milles de la mer. (D. J.)

WEST-HOFFEN, (Géog. mod.) petite ville de France, dans la basse-Alsace, & le chef-lieu d’un bailliage. Elle est située au pié d’une montagne, & séparée du faubourg par un fossé revêtu de maçonnerie qui a sept ou huit toises de large, sur environ douze piés de profondeur. (D. J.)

WEST-MEATH, (Géog. mod.) comté d’Irlande, dans la province de Leinster, au couchant du comté d’Est-Meath, au midi de celui de Cavan, & au nord de Kings-County. Il y a quatre milles de longueur & vingt de largeur. On le divise en onze baronnies ; la capitale s’appelle Molingal, & a droit de députer au parlement du Dublin, & de tenir marché public.

Les deux comtés de West-Meath & d’Est-Meath, n’étoient autrefois réputés que pour un, & ce ne fut que vers le milieu du xvi. siecle, sous le regne de Henri VIII. qu’ils furent divisés en deux. (D. J.)

WEST-MORLAND, ou WESTMORLAND, (Géog. mod.) province d’Angleterre. Elle est bornée au sud & au sud-est par le duché de Lancastre ; à l’ouest & au nord par le Cumberland ; à l’orient par le duché d’Yorck. Son nom lui vient de ses terres incultes, que les habitans des provinces septentrionales de l’Angleterre, appellent en leur langue Mores ; de sorte que West-Morland, signifie un pays de terres en friche à l’ouest. En effet, ce comté est presque tout couvert de hautes montagnes, & par conséquent sec & peu habité : car quoiqu’il ait trente milles de longueur du nord au sud, vingt-quatre de largeur de l’est à l’ouest, & cent douze de circuit : on n’y compte qu’une ville, Appleby capitale, huit bourgs & 26 paroisses. Robinson (Thomas) a donné l’histoire naturelle de cette province. London 1709. in-8o. L’air qu’on y respire est pur, subtil, un peu froid. L’Eden, le Kent, le Lon, & l’Eamon, sont les principales rivieres du West-Morland : on y voit deux lacs, savoir Ulle’s-Water, & Winander-Meer.

Les biographes d’Angleterre n’ont pas recueilli en

un corps les gens de lettres nés dans cette province ; cependant elle en a produit plusieurs, sur-tout en théologie ; j’en vais donner la preuve, & je suivrai l’ordre des tems à cet égard.

Potter (Christophe) naquit vers l’an 1591, & étudia à Oxford. Il devint chapelain du roi Charles I. auquel il fut toujours fort attaché. En 1635, il fut nommé doyen de Worcester ; en 1640, vice-chancelier d’Oxford ; & en 1646, doyen de Durham ; mais il mourut environ deux mois après, avant que d’avoir pris possession de ce doyenné. Il est connu par divers ouvrages théologiques, qui montrent beaucoup de modération & d’attachement aux seules doctrines fondamentales du salut.

Barlow (Thomas) naquit en 1607, devint professeur en métaphysique à Oxford, fut nommé évêque de Lincoln en 1675, & mourut en 1691, âgé de 85 ans. Il donna tous ses livres à la bibliothèque bodléienne, & au college de la reine ; il étoit zélé calviniste, & savant dans l’histoire ecclésiastique.

Son traité sur la tolérance en matiere de religion, est fort inférieur à ceux qui ont paru depuis ; mais il a rompu la glace, & a fait voir combien il est difficile d’établir jusqu’à quel point des hérésies peuvent être criminelles, ensorte qu’il est prudent de les tolérer ; il a écrit une brochure sur la question, « s’il est permis au roi d’accorder la grace à un homme convaincu de meurtre, & légitimement condamné » ; son avis est pour l’affirmative.

Laugbaine (Gérard) naquit en 1608, devint garde des archives de l’université d’Oxford ; il se procura l’estime de l’archevêque Usser, de Selden, & d’autres savans hommes de son tems ; il fonda une école dans le lieu de sa naissance, & mourut en 1657, âgé de 49 ans. Ses écrits prouvent qu’il avoit une grande érudition ; il a donné 1°. Longin, avec des notes, Oxford 1636. in-8o. 2°. un livre imprimé à Londres en 1644, in-4°. sur le covenant qu’il trouva illicite, & qu’il condamne ; 3°. il a mis au jour la fondation des universités d’Oxford & de Cambridge.

On a plusieurs de ses lettres à Usserius, dans le recueil publié à Londres en 1686, in-fol. Dans une de ses lettres à Selden, en date du 17. Novembre 1651, on lit le passage suivant : « En conséquence de vos ordres (car c’est ce que sont pour moi tout ce que vous appellés prieres) contenus dans votre derniere du six de ce mois, j’ai consulté les manuscrits grecs de notre bibliotheque publique, où se trouve la premiere épitre de S. Jean ; nous n’en avons que trois, & il y en a un d’imparfait, où il manque quelques-unes des épitres catholiques. Dans les deux autres, on lit au chap. v. ὅτι τρεῖς εἰσιν οἱ μαρτυροῦντες ἐν τῇ γῇ τὸ πνεῦμα, καὶ τὸ αἷμα καὶ οὗτοι οἱ τρεῖς ἕν εἰσι, sans qu’il y ait la moindre trace de ce qui passe ordinairement pour le verset 7. Vous savez ce que Beze en a dit ; à quoi j’ajouterai que dans le nouveau Testament interlinéaire de Raphélingius, de 1612, ces mots εἰς τὸ ἕν εἰσι finissent le verset 7, & manquent entierement dans le huitieme ; l’édition de Genève de 1620, in-4°. lit de la même maniere. Je suppose que votre but n’est pas de rechercher toutes les variantes des éditions, mais des manuscrits ; je ne sai aussi s’il s’agit dans vos ordres, des manuscrits latins comme des grecs ; c’est ce qui m’empêche de vous fatiguer des diverses leçons de nos manuscrits latins ; les uns n’ont absolument rien du verset 7 ; d’autres l’ont en marge ; d’autres le placent après ce que nous comptons ordinairement pour le verset 8 ; & ceux qui les ont tous deux, varient encore de diverses manieres. Quoi qu’il en soit, en cas que cela vous puisse être de quelque utilité, au premier avis que vous m’en donnerez, je vous