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six qu’on allumoit les unes après les autres, & qui brûloient chacune quatre heures, trois pouces par heure, ensorte que les six duroient précisément 24 heures. Les gardiens de sa chapelle en avoient le soin, & étoient chargés de l’avertir combien il y avoit d’heures d’écoulées. Pour empêcher que le vent ne les fît brûler inégalement, on prétend qu’il inventa l’expédient de les mettre dans des lanternes de corne.

Il composa divers ouvrages en tout genre, dont vous trouverez le catalogue dans Spelman. Asserius assure qu’il n’étoit pas seulement grammairien, orateur, historien, architecte & philosophe, mais qu’il passoit encore pour le meilleur poëte saxon de son siecle.

Au milieu de son respect pour le siege de Rome, il conservoit une pleine indépendance dans l’exercice de son autorité royale. Aussi laissa-t-il pendant trois ans plusieurs évêchés vacans, sous la seule direction de l’archevêque de Cantorbery, & le pape n’osa pas s’en plaindre.

Il n’attaqua pas moins la puissance des pontifes de Rome, qui commençoient à dominer dans ces siecles de ténebres, en rétablissant le second commandement, qu’ils avoient fait ôter du décalogue, sous prétexte de suivre les décisions du second concile de Nicée.

Il n’est parlé sous son regne d’aucun envoi de légats. On ne voit point que Rome ait eu aucune part aux réglemens de l’église du royaume. Il n’est point question de bulles ou de privileges pour les nouvelles abbayes de Wincester & d’Athelney qu’Alfred fonda. Ce qu’il y a de remarquable encore, c’est qu’il accueillit, & qu’il entretint Jean Scot, quoique ce docteur fût très-mal avec le pape, pour avoir écrit quelque chose de contraire aux sentimens du siege de Rome.

Enfin, Alfred avoit toutes les vertus les plus estimables, & les qualités les plus aimables. Son courage qui se déployoit au besoin, & à-proportion que les circonstance le demandoient, cédoit tranquillement à la pratique des autres vertus. Quoiqu’il eût été élevé pour les armes, & presque toujours occupé des exercices tumultueux de la guerre, la dureté ordinaire de ce genre de vie ne put altérer la douceur de son caractere ; ni les plus sanglans outrages des barbares ne purent fermer son cœur à la pitié ; il ne fit servir ses victoires qu’au bonheur de ses ennemis, à leur offrir d’embrasser le christianisme, ou d’abandonner le pays. Il employa son économie & ses revenus à la subsistance des ouvriers, à des pensions, à des aumônes, & à des charités aux églises des pays étrangers. Quand nous parlons de ses revenus, nous entendons ceux de son propre domaine ; car, comme le remarque un historien moderne, ce n’étoit pas la coutume en ce tems-là de charger le peuple d’impôts, pour fournir au luxe des souverains.

Il mourut comblé de gloire, le 28 d’Octobre de l’an 900, dans la 52e année de son âge, après avoir regné 28 ans & 6 mois ; & c’est, je pense, le souverain le plus accompli qui ait paru dans le monde. Il eu plusieurs enfans. Edouard son fils lui succéda. Ethelward, autre de ses fils, mourut en 922, âgé de 40 ans. Elstede, sa fille aînée, épousa Ethelred, roi de Mercie. Alswithe, autre fille de ce monarque, épousa un comte de Flandres. Ethelgithe, religieuse, fut abbesse du couvent de Schaftsbury, fondé par Alfred son pere. Il faut lire sa vie en latin par Asserius, & la même, par Spelman, publiée en anglois à Oxford, en 1709, avec les notes de Thomas Hearne. Asserius a été réimprimé à Oxford, en 1722. (Le chevalier de Jaucourt.)

WAQUE, s. f. (Mesure.) sorte de mesure dont on se sert pour mesurer le charbon de terre dans les

houillieres du Hainault. La waque de charbon revient à quinze sols, dont douze sont pour le marchand, deux sols six deniers pour le droit des états de Mons, & six deniers pour de petits droits établis sur les bateaux, pour la construction & entretien des écluses. (D. J.)

WARADIN, le petit, (Géogr. mod.) petite ville de la haute Hongrie, au comté de Zemplin sur la Teisse, au-dessus de Tokay. (D. J.)

Waradin le grand, (Géog. mod.) ville de la haute Hongrie, capitale d’un comté de même nom, sur la riviere de Keuvres, ou Sebes-kerds, avec une citadelle & un évêché suffragant de Colocza. Les Turcs la prirent en 1692. Longitude 39. 6. latitude 46. 51. (D. J.)

WARAGES, les, (Hist. de Russie.) c’est le nom collectif d’hommes célebres, qui donnerent des souverains à la Russie. M. Bayer, dans une dissertation inserée dans les mémoires de Pétersbourg, soutient que les Warages étoient des guerriers Suédois, Norvégiens, & Danois, qui commencerent par s’engager au service des Russes, & qui exercerent quelquefois chez eux des charges civiles, & sur-tout des emplois militaires. L’auteur prouve son opinion par les noms Warages qui se trouvent dans les annales de Russie, depuis Ruric, un des trois freres Warages, qui devinrent souverains en Russie au neuvieme siecle : ces noms sont tous des noms danois, suédois, ou norwégiens ; mais ce qu’il y a de plus curieux dans le mémoire de M. Bayer, c’est qu’il prétend y prouver que les Baranges, ou Waranges, si célebres dans l’histoire Byzantine, ne sont autres que les Warages. (D. J.)

WARANGER, mer de. (Géogr. mod.) nom qu’on donne à un golfe sur la côte septentrionale de la Laponie danoise, dans le gouvernement de Wardhus, aux confins de la Laponie. On trouve Wardhus à la droite en entrant dans ce golfe, dont l’embouchure qui est fort large, est formée par la presqu’ile de Dief-holm, & par l’île des pêcheurs. On voit quelques îles dans la mer de Waranger, & il s’y décharge trois rivieres, savoir celle de Neudomarki, de Pactz, & de Petzinka. (D. J.)

WARASDIN, (Géog. mod.) ville de l’Esclavonie hongroise, capitale d’un comté de même nom sur la droite de la Drave, à dix lieues au sud-ouest de Canisca, avec une forteresse. Longitude 34. 38. latitude 46. 16. (D. J.)

WARBERG, ou WARBORG, (Géogr. mod.) petite ville d’Allemagne, en Westphalie, dans l’évêché de Paderborn, sur la riviere de Dymel. Elle a été impériale, & appartient aujourd’hui à l’évêque de Paderborn. (D. J.)

Warberg, (Géog. mod.) petite ville de Suede, dans la province de Halland, sur la côte de la Manche de Danemarck, entre Elfsborg & Falkenberg. Cette ville a un port & un château pour sa défense. Long. 33. 20. latit. 53. 10. (D. J.)

WARDE, (Géog. mod.) ville du royaume de Danemark, dans le Jutland ; au diocèse de Rypen, à six lieues au nord de cette ville, vers l’embouchure d’une riviere qui lui donne son nom, & qui se jette dans la mer par une longue & large embouchure, vis-à-vis l’île de Fanoë. Longitude 26.19. latitude 55. 25. (D. J.)

WARDHUS, (Géog. mod.) gouvernement de la Norwege ; il comprend la partie septentrionale de ce royaume, depuis le golfe Ostrafior, jusqu’aux confins de la Laponie moscovite ; c’est proprement ce qu’on appelle la Laponie danoise : sa côte est presque toute couverte d’îles, grandes & petites, qui forment une infinité de golfes. Quoique ce pays soit fort étendu, il n’a qu’une bourgade de son nom, & il ne produit que quelques pâturages. (D. J.)