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qui indique cette dissertation, s’étend aussi assez raisonnablement sur l’usnée-humaine. (b)

USNEN, (Botan. arab.) nom donné par Avicennes & Sérapion, à la plante καλὶ dont on fait le sel alkali appellé potasse, & qui est d’usage dans la composition des savons. Il est vrai qu’en général les Arabes ont appellé usnen, plusieurs choses différentes, employées au nettoyage des hardes, comme l’hyssope, la soldanelle, &c. mais alors ils ajoutent toujours le mot usnen à ces différentes choses ; au-lieu que quand il est seul, il désigne uniquement la plante kali. (D. J.)

USQUEBA, ou ESCUBA, s. f. est une liqueur composée, forte & excellente, qui se boit à petits coups, & dont la base est l’eau-de-vie ou l’esprit de vin.

Les drogues qui y entrent sont en grand nombre ; mais la préparation varie un peu. Nous donnerons ici pour échantillon une des plus recommandées autrefois.

Prenez huit pintes d’eau-de-vie ou d’esprit-de-vin ; une livre de réglisse d’Espagne ; demi-livre de raisins séchés au soleil ; quatre onces de raisins de Corinthe ; trois onces de dates coupées par tranches ; sommités de thym, de menthe, de sariette, & sommités ou fleurs de romarin, de chacune deux onces ; canelle, maïs, muscade, graines d’anis & de coriandre pilées, de chacune quatre onces ; écorces rapées d’orange & de citron ou de limon, de chacune une once.

Mettez infuser toutes ces drogues pendant quarante-huit heures dans un lieu chaud, remuant souvent le vaisseau. Ensuite mettez-les dans un lieu froid pendant une semaine : après cela décantez la liqueur, & y ajoutez pareille quantité de vin de Portugal & quatre pintes de vin de Canarie. Adoucissez tout cela avec suffisante quantité de sucre fin.

USSEAUX, (Géog. mod.) bourg de la vallée de Pragela, frontiere de Dauphiné du côté de Pignerol. Je parle de ce bourg, parce que les réformés ne m’excuseroient pas, & avec raison, si j’oubliois de dire que Saurin (Elie), célebre théologien calviniste, y naquit en 1639. Il servit en 1662 l’église d’Embrun, & fut appellé à Delft en Hollande, en 1667. Il exerçoit le ministere à Utrecht en 1672, lorsque Louis XIV. se rendit maître de cette ville. En 1691 il eut de grands différends théologiques avec M. Jurieu, dans lesquels il regna de part & d’autre (mais sur-tout dans M. Jurieu), beaucoup plus d’animosité qu’il ne convenoit à des gens de leur caractere. M. Saurin mourut en 1703, âgé de 64 ans. Il étoit plein de droiture & d’affabilité, constant dans sa conduite, & grand défenseur de la liberté tant civile qu’ecclésiastique. Il a fait un ouvrage généralement estimé, sur les droits de la conscience, Utrecht 1697 in-8°. son traité de l’amour de Dieu, parut dans la même ville en 1701 en deux volumes in-8°. & après sa mort, on a donné son traité de l’amour du prochain. Utrecht 1704, in-8°. (D. J.)

USSEL, (Géog. mod.) petite ville ou plutôt bourg de France dans le Limousin, à deux lieues au nord-est de Ventadour, & le seul lieu de ce duché. (D. J.)

USSON, (Géog. mod.) en latin barbare Ucio, Uxo, Uxus, petite ville de France en Auvergne, élection d’Issoire, à quatre lieues de Brioude. Long. 20. 2. lat. 45. 24.

Rien n’a autant fait connoître la petite ville d’Usson, que le long séjour que fit dans son château Marguerite de France, premiere femme du roi Henri IV. princesse douée de beaucoup plus d’esprit & de beauté que de sagesse & de vertu. Elle demeura dans ce château près de vingt années, comme l’histoire nous l’apprend.

« Marguerite (dit le p. Hilarion de Coste) sortit d’Agen en habit de simple bourgeoise, fut portée en trousse par Lignerac, à qui elle donna le nom de chevalier de la fleur, & gagna pays toute la nuit avec un travail qui éprouva son courage, au péril de sa santé. De Martas la vint trouver sur la frontiere avec cent gentilshommes, la logea dans sa maison de Carlat, retourna à Agen pour sauver ses pierreries & recueillir les débris de sa suite ; sa mort l’en fit sortir au bout de dix-huit mois....

» Le marquis de Canillac l’emmena & l’enferma à Usson ; mais bientôt après ce seigneur d’une illustre maison, se vit le captif de sa prisonniere : il pensoit avoir triomphé d’elle, & la seule vue de l’ivoire de son bras triompha de lui ; & dès-lors il ne vequit que de la faveur des yeux victorieux de sa belle captive.... Au même instant qu’elle pensoit mourir captive, elle se vit assurée de regner libre en cette forte place, d’où elle délogea ceux qui l’avoient logée.

» Pendant ces vingt années, ajoute le p. de Coste, ce château d’Auvergne fut un Thabor pour la dévotion de la reine, un Liban pour sa solitude, un Olympe pour ses exercices, un Parnasse pour ses muses, & un Caucase pour ses affections ». Si le p. Hilarion a toujours pratiqué les autres vertus du christianisme avec la même fidélité qu’il pratique la charité dans cette occasion, nous ne devons pas hésiter à le regarder comme un saint. Il y auroit moins de médisance à comparer le château d’Usson avec l’île de Caprée qui fut la retraite de Tibere, qu’il n’y a de flaterie à le comparer à un Thabor de dévotion, pendant que Marguerite l’habita. Durant cet intervalle elle y eut deux fils, l’un du sieur de Chanlon, & l’autre du sieur d’Aubiac.

De retour à la cour de France, elle donna volontiers les mains à la dissolution de son mariage avec Henri IV. & passa le reste de ses jours dans un mêlange bisarre de galanterie, de dévotion, d’étude, de musique, & de conversations avec des gens de lettres. Elle mourut en 1615, âgée de soixante-trois ans. Le sage & fameux Pibrac avoit été son chancelier & son amant.

Le fort chateau d’Usson a été rasé en 1634 ; & la ville s’est insensiblement dépeuplée, au point que sa justice royale est la seule chose qui empêche qu’elle ne soit absolument abandonnée. (Le chevalier de Jaucourt.)

USSUBIUM, (Géog. anc.) ville de la Gaule aquitanique ; l’itinéraire d’Antonin la marque sur la route de Bordeaux à Argantomagum, entre Sirione & Fines, à vingt milles du premier de ces lieux, & à vingt-quatre milles du second. Quelques manuscrits portent Usubium, au-lieu d’Ussubium ; & la table de Peutinger lit Vesubium. On croit que c’est aujourd’hui la Réole, sur la rive droite de la Garonne. (D. J.)

USTENSILE, s. m. (Gram.) au singulier c’est un petit meuble domestique, d’usage dans la cuisine, comme un gril, une broche, un pot, une poële.

Au pluriel, il désigne la collection de tous les instrumens propres à un art, à une manœuvre. Voyez les articles suivans.

Ustensiles, (Art. milit.) ce sont les meubles que l’hôte est obligé de fournir aux soldats qui sont chez lui en quartier ; comme un lit avec sa garniture, un pot, une cuilliere, &c. Il faut aussi qu’on leur donne une place pour se chauffer au feu, & une chandelle.

L’on fournit les ustensiles en argent, ou en nature. Chambers.

Ustensiles de jardinage, (Agriculture.) le jardinier doit avoir des charrettes à fumier, des tombereaux, brouettes, civieres, fourches à dents de