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ce tems le malade étoit tranquille, bien portant, urinoit sans douleur, & ne rendoit aucun cheveu. » Observat. medic. lib. II. cap. xlij.

Horstius fait aussi mention de cette maladie (epist. médic. sect. V.) ; il nous apprend qu’un des remedes les plus efficaces est l’esprit de térébenthine mêlé du sirop d’althæa : singuliere combinaison !

On peut ajouter à ces altérations de l’urine celle qu’on a quelquefois observée produite par le mélange de différens corps étrangers, 1°. par des vers, telle étoit l’urine que Hehren-fried-hagen-dorn trouva dans un malade attaqué de la petite vérole, remplie de petits vermisseaux aîlés qui nageoient & se remuoient en divers sens tant que l’urine resta chaude, & qui moururent dès qu’elle sut refroidie. Schenkius rapporte une observation semblable, & quelques auteurs tels que Platerus, Rhonserus, Edmundus de Meara & Rhodius assurent avoir vu des vers sortir par le canal de l’uretre indépendamment de l’urine ; 2°. par des champignons, s’il faut ajouter foi à l’observation que rapporte Christianus Frederic Germannus, d’un homme qui après avoir senti des douleurs très-vives à la région des reins & du diaphragme, rendit une grande quantité d’urine sanguinolente remplie de champignons qui imitoient la figure d’une cerise avec son pédicule ; le médecin de qui nous tenons cette histoire, assure les avoir ramassés dans le pot-de-chambre pour les conserver ; 3°. enfin, il y a plusieurs observations de personnes qui ont rendu avec les urines différens corps qu’ils avoient avallés, ou qui avoient été introduits dans le corps par d’autres voies. M. Nathanael Fairfax dit qu’une femme rendit en urinant une balle de plomb qu’elle avoit avalée quelque tems auparavant pour se guérir de la passion iliaque. Act. philosoph. angl. mens. Octobr. 1668.

Olaüs Borrichius raconte que la même chose est arrivée à un homme qui avoit avalé des grains de plomb en mangeant du gibier, & qui les rendit avec l’urine. Un malade, suivant le rapport de M. Sigismond Cisholti, ayant reçu un coup de fusil dans le ventre, rendit par les urines une petite halle de celles que nous appellons en françois chevrotine. Voyez la bibliotheque pratique de Manget, tom. IV. lib. XIX. pag. 1006 & suiv.

Nous laissons aux théoriciens oisifs & jaloux de trouver des raisons par-tout, le soin d’expliquer comment ces corps étrangers ont pu se former, & surtout comment ils ont pu traverser tous les tuyaux si déliés qui se présentent à leur passage jusqu’à l’extrémité de l’uretre ; nous ne prétendons pas non plus redresser ceux qui ne concevant pas comment ces faits se sont passés, se croyent fondés à les nier ; ne pouvant pas délier le nœud, ils le coupent. Nous nous contenterons de remarquer que ce ne sont pas les seuls faits qui soient inexplicables, & que la nature offre plus d’un mystere, lorsqu’on l’examine de près. (m)

Urine, s. f. (Teinture.) l’urine est du nombre des drogues non colorantes, dont les Teinturiers se servent à préparer les étoffes avant de les mettre en couleur ; entr’autres usages, elle aide à fermenter & échauffer le pastel ; & on l’emploie aussi au lieu de chaux dans les cuves de bleu. On se sert quelquefois d’urine pour dégraisser les laines, les étoffes, & ouvrages faits de laine, comme draps, ratines, serges, &c. bas, bonnets, &c. mais l’on prétend que ce dégraissage est très-mauvais, qu’il préjudicie beaucoup aux marchandises, & l’on ne devroit y employer que du savon ou de la terre bien préparée. (D. J.)

URINEUX, adj. (Gram. & Chimie.) il se dit des sels produits par l’urine ou des sels qui ont l’odeur ou la saveur d’urine, ou l’odeur & la saveur des sels produits par l’urine. On dit aussi une odeur urineuse.

URI-NOSE, (Géog. mod.) c’est-à-dire, nez de travers ; montagne d’Angleterre qui regne dans le Cumberland, le Westmorland & le Lancashire. C’est une des plus hautes du pays. (D. J.)

URIUM, (Géog. anc.) fleuve de l’Espagne bétique. Pline, l. III. c. j. dit que c’est un des deux fleuves qui coulent entre l’Anas & le Bétis. C’est présentement le Tinto, selon le p. Hardouin. (D. J.)

URNA, (Mesure romaine.) mesure de capacité chez les Romains, qui contenoit la moitié de l’amphore ; Columelle parle de vignobles dont le jugerum donnoit six cens urnes de vin : ce qui reviendroit en mesure seche à environ cinquante boisseaux par arpent. (D. J.)

URNE, s. f. urna, (Antiq. rom.) vaisseau de différente matiere, usage, grandeur & figure. On employoit les urnes pour renfermer les cendres des corps après les avoir brûlés ; on les employoit encore pour jetter les buletins de suffrage dans les assemblées des citoyens de Rome pour l’élection des magistrats, & dans les jugemens. On se servoit de l’urne pour la divination ; on tiroit aussi des urnes les noms de ceux qui devoient combattre les premiers aux jeux publics ; enfin on conservoit les vins dans des urnes expresses.

Comme les urnes servoient principalement à contenir les cendres des morts, on fabriquoit des urnes de toutes sortes de matieres pour cet usage. Trajan ordonna qu’on mît ses cendres dans une urne d’or, & qu’elle fût posée sur cette belle colonne qui subsiste encore aujourd’hui. L’urne du roi Démétrius étoit aussi d’or, au rapport de Plutarque. Spartien dit que les cendres de l’empereur Sévere furent apportées à Rome dans une urne d’or. Dion prétend que son urne n’étoit que de porphire, & Hérodien qu’elle étoit d’albâtre ; Marcellus qui prit Syracuse, avoit une urne d’argent.

Les urnes de verre sont un peu plus communes. Marc Varron voulut qu’on mît ses cendres dans un vaisseau de poterie, avec des feuilles de myrte, d’olivier & de peuplier ; ce que Pline appelle à la pythagoricienne, parce que c’étoient les plus simples.

Les urnes de terre, d’usage pour les personnes du commun, étoient ordinairement plus grandes, parce que comme l’on prenoit moins de soin pour réduire leurs cadavres en cendres, les os qui n’étoient qu’à moitié brûlés tenoient plus de place. D’ailleurs ces urnes servoient pour mettre les cendres d’une famille entiere, du-moins pour celles du mari & de la femme, comme nous l’apprenons de cette inscription antique.

Urna brevis geminum quamvis tenet ista cadaver.

Pour ce qui concerne la figure des urnes, celles de terre étoient faites à-peu-près comme un pot de terre ordinaire, si ce n’est qu’elles étoient plus hautes & plus retrécies vers le col. Il y en a plusieurs dont le pié se termine en pointe ; quelques unes ont des ances, & d’autres n’en ont point. La plûpart sont sans façon & sans bas-reliefs ; mais il y en a qui portent des figures d’hommes ou d’animaux.

Les urnes de bronze ou d’autre métal étoient pour des personnes opulentes ou de qualité. Il y en a peu qui n’ayent à l’entour quelque sculpture & bas-relief, comme on peut s’en convaincre en consultant les figures qu’en ont donné les Antiquaires.

On a vu des urnes d’Egypte qui sont de terre cuite, chargées d’hiéroglyphes & remplies de momies, ce qui est fort particulier ; parce que les Egyptiens avoient coutume d’embaumer les corps entiers, & qu’on faisoit peu d’urnes pour les y déposer.

Parmi le grand nombre d’urnes qui se voient à Rome, il y en a de rondes, de quarrées, de grandes, de petites, les unes toutes unies, les autres