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leur cavité, & qui se terminent dans le canal de l’uretre autour du verumontanum par autant de tuyaux, gros comme de soies des porc.

Il y a dans chacun de ces sacs quantité de petits grains glanduleux, dont les conduits excrétoires (qui ont chacun un sphincter à leur extrémité) s’ouvrent dans la cavité de ces sacs, & y déposent la liqueur qu’ils filtrent, comme dans autant de réservoirs. Cette liqueur est peut-être de quelque usage pour la génération, en se mêlant avec la semence dans le bassin de l’uretre pendant le coït ; elle peut sur-tout servir à enduire la superficie intérieure du canal de l’uretre, pour rendre à l’urine ce passage plus coulant & plus aisé, & le garantir de l’acrimonie de cette liqueur.

La deuxieme glande, placée entre les deux membranes de l’uretre immédiatement après la glande prostate du côté du gland, est une glande qu’on appelle la glande de Litre. Cette glande est d’une couleur rouge-foncée ; elle forme autour de l’uretre une espece de bande unie large d’un pouce, épaisse de deux lignes, & perce la membrane intérieure de l’uretre dans toute sa circonférence par un grand nombre de conduits excrétoires, qui versent dans ce canal la liqueur que la glande filtre. Cette liqueur est un peu mucilagineuse, & par conséquent propre à enduire le canal de l’uretre.

L’espace qui reste entre les deux membranes de l’uretre, depuis la derniere glande, dont je viens de parler, jusqu’à la fin de ce canal, est occupé par une substance spongieuse, composée d’un très-grand nombre de fibres musculaires. Ces fibres s’entrecroisent en différentes manieres, & laissent entr’elles quantité de petites cellules, dans lesquelles une grande partie des arteres capillaires se terminent, & d’où naît un pareil nombre de veines. Cette substance spongieuse en son commencement s’éleve en-dehors, principalement par la partie inférieure ; elle forme une tumeur ou bulbe longue d’environ un pouce, de figure conique, dont la base, qui est du côté de la vessie, a huit lignes d’épaisseur, & la pointe, qui est du côté du gland, en a quatre ; depuis cette tumeur jusqu’au gland, elle est épaisse d’une ligne & demie dans les deux côtés & au-dessous, & d’une demi-ligne seulement le long de la partie supérieure.

Enfin la substance spongieuse contenue entre les deux membranes de l’uretre a dans le gland cinq lignes d’épaisseur à l’endroit de sa base, qu’on appelle couronne, & deux lignes dans le bout opposé.

La substance spongieuse de l’uretre, de même que celle des corps caverneux, en se remplissant de sang & d’esprits animaux, donne à la verge toute la roideur & toute la tension dont elle a besoin pour être propre à la génération.

La membrane qui couvre le dehors du gland, est extrèmement fine, apparemment parce qu’elle se sépare au commencement du gland en deux parties, dont l’extérieure tapisse le dedans du prépuce. Le frein qui attache fortement le gland au prépuce par sa partie inférieure, n’est autre chose que la membrane extérieure du gland qui est double en cet endroit. La partie de l’uretre qui fait portion du gland, est retroussée par sa partie postérieure sur l’extrémité antérieure des deux corps caverneux, & les couvre exactement de tous côtés.

On remarque autour de la couronne des corps gros comme une soie fine de porc, longs d’une demi-ligne, de figure presque cylindrique, posés parallelement sur cette couronne, selon la direction du gland, & éloignés les uns des autres d’un tiers de ligne. On entrevoit à l’extrémité posterieure de chacun de ces corps un petit trou, d’où l’on peut faire sortir quelquefois une matiere blanche & épaisse,

qui en sortant se forme en filets, comme celles qu’on exprime des glandes des paupieres.

Ce méchanisme semble prouver que les petits corps de la couronne du gland sont des glandes aussi bien que celles des paupieres, & non pas les mamelons de la peau gonflée, puisqu’il ne sort aucune matiere par les mamelons de la peau. D’ailleurs ils sont quatre fois plus épais que la membrane qui couvre le dehors du gland, & ils sont toujours fort sensibles dans tous les glands de l’homme autour de la couronne, jamais autre part & toujours à-peu-près dans le même nombre. D’où on peut conclure que ces petits corps sont dans l’homme la véritable source de la matiere blanche & onctueuse, qu’on remarque entre la couronne du gland & la racine du prépuce ; d’autant plus qu’avec le microscope même, on n’apperçoit dans le prépuce rien qui ait la moindre apparence de glande. D’ailleurs toutes les filtrations connues se faisant par des glandes, il faut absolument qu’il y en ait dans le prépuce ou dans le gland pour filtrer la matiere blanche & onctueuse, dont on vient de parler, laquelle en huilant le gland & le prépuce empêche que ces deux parties ne se dessechent & ne se collent l’une à l’autre.

La superficie intérieure du canal de l’uretre est lisse & uniforme par-tout, hormis vers sa racine où l’on trouve une petite éminence & deux petites cannelures.

La petite éminence est située verticalement au milieu de la partie inférieure de la racine de ce canal, à six lignes du cou de la vessie ; elle ressemble à une petite crête de coq, & on l’appelle communément le veru-montanum. On remarque à chacun des deux côtés de cette éminence un trou, de figure un peu ovale & large d’environ une ligne. Ces trous ne sont autre chose que l’embouchure des deux conduits excrétoires communs des vésicules séminales, lesquels, après avoir traversé la partie supérieure de la glande prostate, se terminent dans la cavité de l’uretre pour y verser la semence dans le tems du coït.

Les deux cannelures de l’uretre sont aussi placées à la partie inférieure de ce canal, de sorte que le commencement de chacune répond à un des trous du veru-montanum ; elles sont séparées l’une de l’autre par une simple ligne formée par l’alongement du veru-montanum ; leur profondeur est superficielle ; elles ont huit lignes de longueur sur une de largeur, & se portent du côté du gland en diminuant peu-à-peu de leur largeur & de leur profondeur.

Le canal de l’uretre forme en son commencement une espece de bassin, qui a environ un pouce de longueur sur cinq lignes de largeur. Le pouce suivant de la cavité de ce canal n’est large que de deux lignes, & le reste l’est de près de trois.

Entre la membrane extérieure de l’uretre & les muscles accélérateurs de la verge, on trouve deux glandes, une de chaque côté, que M. Cowper a décrites. Ces glandes ont chacun un conduit excrétoire commun, long de deux pouces, & gros d’une demi-ligne ; ces conduits des leur naissance percent la membrane extérieure de l’uretre ; ensuite ils rampent dans son tissu spongieux, & percent enfin la membrane intérieure de ce canal par sa partie inférieure un pouce huit lignes en-deçà du veru-montanum, & environ une ligne à côté l’un de l’autre. Il suit de-là que la liqueur que ces glandes filtrent ne coule pas dans la cavité de l’uretre, dans le tems de l’érection de la verge ; parce que leurs conduits contenus dans le tissu spongieux de l’uretre sont affaissés par le sang & les esprits animaux, dont alors ce tissu est beaucoup plus rempli que hors du tems de l’érection. Par conséquent la liqueur filtrée par ces glandes n’est pas destinée pour la génération, mais pour humecter & enduire le canal de l’uretre. On