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Elle éprouva en 1742 un tremblement de terre qui abattit une partie des murs. Long. 278. 45. latit. 19. 10. (D. J.)

VERAGRI, (Géog. anc.) peuple des Alpes, dont le chef-lieu est nommé Octodurus ou Octodorus, par César, l. III. Bel. Gal. c. j. ce qui fait que Pline, l. III. c. xxx. donne à tout le peuple, ou du-moins à une partie, le nom d’Octurenses.

Octodurus qui, selon le sentiment de la plûpart des géographes, est aujourd’hui Martigni ou Martignach, se trouvoit dans la vallée Pennine, qui dans la suite donna son nom aux Veragri de César & de Pline ; car ils sont appellés Vallenses dans la notice de la province des Alpes graïennes & pennines.

Cellarius, géogr. ant. l. II. c. iij. croit que l’on doit placer les Veragri dans la Gaule narbonnoise, ainsi que les Seduni & les Nantuates ; & il en donne deux raisons : premierement, parce que César, au commencement du III. livre de ses commentaires, les joint avec les Allobroges, depuis les confins desquels ils s’étendoient, jusqu’aux plus hautes Alpes ; en second lieu, parce que Ptolomée marque tous ces peuples dans l’Italie, quoiqu’ils habitassent au-delà des Alpes pennines. Si donc, ajoute Cellarius, ils étoient placés entre les Allobroges & les Alpes pennines, desorte qu’ils pouvoient en quelque maniere être regardés comme habitans d’Italie, on ne peut point les joindre avec les Helvétiens, & les comprendre dans la Gaule belgique ; mais on doit les laisser dans la narbonnoise, qui étoit entre l’Italie & la Belgique, du côté des Helvétiens. (D. J.)

VERAGUA, (Géog. mod.) province de l’Amérique septentrionale. Elle est bornée au levant par celle de Costa-Ricca, & au couchant par celle de Panama, le long de la mer du Nord & de la mer du Sud. Elle a environ 50 lieues du levant au couchant, & 24 du midi au nord. Le pays est montueux, & en quelque sorte impénétrable par l’abondance de ses bois. Il est riche en mines ; son terroir est assez fertile en mahis. Cristophe Colomb découvrit cette province en 1592 ; & les Espagnols y envoyerent ensuite des colonies. Le gouverneur demeure dans la ville de la Conception. On fond & on rafine l’or dans celle de Santa-Fé, & les officiers du roi y ont leurs commis. (D. J.)

VERA-PAZ ou VERA-PAX, (Géog. mod.) province de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne. Elle est bornée au nord par l’Yucatan, au midi par la province de Soconusco, au levant par celle de Honduras, & au couchant par celle de Chiapa. Elle a environ 30 lieues de longueur & de largeur. C’est un pays affreux par ses hautes montagnes, par ses profondes vallées, par ses précipices & par ses épaisses forêts. Il est coupé de quantité de rivieres. Les Espagnols n’y ont que des bourgades, où ils sont entremêlés avec les sauvages. (D. J.)

VÉRAS, s. m. (Mesure de longueur.) espece d’aune dont on se sert en Portugal pour mesurer les longueurs des draps, & autres étoffes. Elle est de quelque chose moindre que l’aune de France ; en-sorte que cent six véras de Lisbonne ne font que cent aunes de Paris.

VERAT, voyez Maquereau.

VERBAL, le, adj. (Gram.) qui est dérivé du verbe. On appelle ainsi les mots dérivés des verbes ; & il y a des noms verbaux & des adjectifs verbaux. Cette sorte de maux est principalement remarquable dans les langues transpositives, comme le grec & le latin, à cause de la diversité des régimes.

J’ai démontré, si je ne me trompe, que l’infinitif est véritablement nom : voyez Infinitif ; mais c’est, comme je l’ai dit, un nom verbe, & non pas un nom verbal : je pense qu’on doit seulement appeller noms verbaux ceux qui n’ont de commun avec le verbe que le radical représentatif de l’attribut, & qui ne con-

servent rien de ce qui constitue l’essence du verbe,

je veux dire, l’idée de l’existence intellectuelle, & la susceptibilité des tems qui en est une suite nécessaire. Il est donc évident que c’est encore la même chose du supin que de l’infinitif ; c’est aussi un nom-verbe, ce n’est pas un nom verbal. Voyez Supin.

Par des raisons toutes semblables, les participes ne sont point adjectifs verbaux ; ce sont des adjectifs-verbes, parce qu’avec l’idée individuelle de l’attribut qui leur est commune avec le verbe, & qui est représentée par le radical commun, ils conservent encore l’idée spécifique qui constitue l’essence du verbe, c’est-à-dire, l’idée de l’existence intellectuelle caractérisée par les diverses terminaisons temporelles. Les adjectifs verbaux n’ont de commun avec le verbe dont ils sont dérivés, que l’idée individuelle mais accidentelle de l’attribut.

En latin les noms verbaux sont principalement de deux sortes : les uns sont terminés en io, gén. ionis, & sont de la troisieme déclinaison, comme visio, actio, tactio ; les autres sont terminés en us, gén. ûs, & sont de la quatrieme déclinaison, comme visus, pactus, actus, tactus. Les premiers expriment l’idée de l’attribut comme action, c’est-à-dire, qu’ils énoncent l’opération d’une cause qui tend à produire l’effet individuel désigné par le radical ; les seconds expriment l’idée de l’attribut comme acte, c’est-à-dire qu’ils énoncent l’effet individuel désigné par le radical sans aucune attention à la puissance qui le produit : ainsi visio c’est l’action de voir, visus en est l’acte ; pactio signifie l’action de traiter ou de convenir, pactus exprime l’acte ou l’effet de cette action ; tactio, l’action de toucher ou le mouvement nécessaire pour cet effet, tactus, l’effet même qui résulte immédiatement de ce mouvement, &c. Voyez Supin.

Il y a encore quelques noms verbaux en um, gén. i, de la seconde déclinaison, dérivés immédiatement du supin, comme les deux especes dont on vient de parler ; par exemple, pactum, qui doit avoir encore une signification différente de pactio & de pactus. Je crois que les noms de cette troisieme espece désignent principalement les objets sur lesquels tombe l’acte, dont l’idée tient au radical commun : ainsi pactio exprime le mouvement que l’on se donne pour convenir ; pactus, l’acte de la convention, l’effet du mouvement que l’on s’est donné ; pactum, l’objet du traité, les articles convenus. C’est la même différence entre actio, actus & actum.

Les adjectifs verbaux sont principalement de deux sortes, les uns sont en ilis, comme amabilis, flebilis, facilis, odibilis, vincibilis ; les autres en undus, comme errabundus, ludibundus, vitabundus, &c. Les premiers ont plus communément le sens passif, & caractérisent surtout par l’idée de la possibilité, comme si amabilis, par exemple, vouloit dire par contraction ad amari ibilis, en tirant ibilis de ibo, &c. Les autres ont le sens actif, & caractérisent par l’idée de la fréquence de l’acte, comme si ludibundus, par exemple, signifioit sapè ludere ou continuo ludere solitus.

Il peut se trouver une infinité d’autres terminaisons, soit pour les noms, soit pour les adjectifs verbaux : voyez Vossii anal. ij. 32. & 33. mais j’ai cru devoir me borner ici aux principaux dans chaque genre ; parce que l’Encyclopédie ne doit pas être une grammaire latine, & que les especes que j’ai choisies suffisent pour indiquer comment on doit chercher les différences de signification dans les dérivés d’une même racine qui sont de la même espece ; ce qui appartient à la grammaire générale.

Mais je m’arreterai encore à un point de la grammaire latine qui peut tenir par quelque endroit aux principes généraux du langage. Tous les grammairiens s’accordent à dire que les noms verbaux en io &