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pour tirer plus vîte une voiture. Ces chevaux sont plus propres à la volée, & ceux-ci au timon. Voyez Timon.

On appelle encore de ce nom plusieurs pieces de bois de traverse auxquelles on attelle les chevaux de carrosse. Il y a la volée de devant & la volée de derriere.

Volée, terme de Paumier, qui signifie le tems qu’une balle est en l’air, depuis qu’elle a été frappée par la raquette jusqu’à ce qu’elle tombe à terre. Ainsi prendre une balle à la volée, c’est la prendre en l’air avant qu’elle ait touché la terre. Les coups de volée sont plus brillans que ceux où on prend la balle au bond.

Volée, terme de Pêche ; sorte de ret propre à faire la pêche ou chasse des oiseaux de mer.

Les pêcheurs riverains du village de Marais, lieu dans le ressort de l’amirauté de Quillebeuf, qui font à la côte, pendant l’hiver, la pêche des oiseaux marins, placent pour cet effet de hautes perches où ils amarent des filets, à-peu-près établis comme ceux des passées pour prendre les bécasses ; ils les nomment volets ou volées, les mailles en ont six pouces & demi à sept pouces en quarré ; comme le filet est libre & volant, les oiseaux les plus gros & les plus petits y demeurent pris également.

Lorsque les nuits sont noires, obscures, la marée qui monte avec une grande rapidité dans cette partie de l’embouchure de la riviere, où elle forme par sa précipitation la barre que l’on nomme de quillebœuf, & où elle tombe avec le plus de violence, elle amene en même tems avec elle un grand nombre d’oiseaux de mer, & plus les froids sont grands, plus elle en amene ; ce sont ordinairement des oies, des canards & autres semblables especes qui suivent le flot, qui se retirent souvent avec le reflux, & qui se trouvent pris dans ces pêcheries. Voyez la fig. 1. Pl. XV. de Pêche.

VOLER, v. neut. c’est le mouvement progressif que fait en plein air un oiseau, ou tout autre animal qui a des aîles. Voyez Vol & Oiseau.

Le voler est naturel ou artificiel.

Le voler naturel est celui qui s’exécute par l’assemblage & la structure des parties que la nature a destinées à cette action : telle est la conformation de la plupart des oiseaux, des insectes & de quelques poissons.

En Virginie & dans la nouvelle Angleterre il y a aussi des cerfs volans. Trans. philosoph. n°. 127. En 1685, dans plusieurs contrées du Languedoc, la terre fut couverte de sauterelles volantes, longues d’environ un pouce, & en si grand nombre, qu’en quelques endroits il y en avoit l’épaisseur de quatre pouces ou d’un tiers de pié. Ibid. n°. 182.

Les parties des oiseaux qui servent principalement à voler, sont les aîles & la queue : par le moyen des aîles l’oiseau se soutient & se conduit en long, & la queue lui sert à monter, à descendre, à tenir son corps droit & en équilibre, & à le garantir des vacillations. Voyez Aîle & Queue.

C’est la grandeur & la force des muscles pectoraux, qui rendent les oiseaux si propres à voler vîte, ferme & long-tems.

Ces muscles, qui sont à peine dans les hommes une soixante & dixieme partie des muscles du corps, surpassent en grandeur & en poids tous les autres muscles pris ensemble dans les oiseaux : sur quoi M. Willoughby fait cette réflexion, que s’il est possible à l’homme de voler, il faut qu’il imagine des aîles, & qu’il les ajuste de maniere qu’il les fasse agir avec ses jambes, & non pas avec ses bras. Voyez Muscle pectoral.

Voici comment se fait le vol des oiseaux : d’abord l’oiseau plie les jambes, & il pousse avec violence

la place d’où il s’éleve ; il ouvre alors ou il déploie les articulations ou les jointures de ses aîles, de maniere qu’elles fassent une ligne droite, perpendiculaire aux côtés de son corps. Ainsi, comme les aîles avec leurs plumes forment une lame continue ces aîles étant alors élevées un peu au-dessus de l’horison, l’oiseau leur faisant faire des battemens ou des vibrations avec force & prestesse, qui agissent perpendiculairement contre l’air qui est dessous, quoique cet air soit un fluide, il résiste à ces secousses, tant par son inactivité naturelle, que par son ressort ou son élasticité, qui le rétablit dans son premier état, après qu’il a été comprimé, & sa réaction est égale à l’action que l’on a exercée sur lui : par cette méchanique le corps de l’oiseau se trouve poussé. L’industrie ou la sagacité de la nature est fort remarquable dans la maniere avec laquelle il étend & remue ses aîles quand il les fait agir ; pour le faire directement & perpendiculairement, il eût fallu surmonter une grande résistance ; afin d’éviter cet inconvénient, la partie osseuse, ou la bande de l’aîle, dans laquelle les plumes sont insérées, se meut obliquement ou de biais par sa tranche antérieure ; les plumes suivent cette disposition, en forme de pavillon.

Quoique l’air soit indifférent pour toutes sortes de mouvemens, & qu’il puisse être agité par la moindre action, l’expérience néanmoins fait voir qu’il résiste avec plus de force au mouvement d’un coup à-proportion que ce même corps se meut plus vîte. Il y a diverses causes de cette résistance, & qui marquent comment le mouvement des aîles peut être affoibli ; la premiere vient de ce que l’air des côtés est en repos, tandis que celui qui est poussé doit se mouvoir comme tous les autres corps fluides ; mais afin qu’il n’y ait que fort peu d’air qui se meuve & qui change de place, il est nécessaire qu’il se meuve circulairement au-tour de toute la masse d’air qui est en repos, comme s’il étoit enfermé dans un vase, quoique ce mouvement des parties de l’air ne se fasse point de résistance, ni sans que ces mêmes parties de l’air, & celles qui tournent en rond, se pressent mutuellement ensemble.

La seconde raison qui fait encore voir que le mouvement des aîles est retardé, est que tout air agité résiste au battement de l’aîle, & que les petites parties de l’air étant ainsi comprimées par cette impulsion font effort pour se dilater : c’est pourquoi la résistance de l’air & ce mouvement de l’aîle pourront être eu équilibre pourvu que la force avec laquelle l’aîle frappe l’air soit égale à sa résistance.

Si l’aîle de l’oiseau se meut avec une vîtesse égale à la résistance de l’air, ou bien si l’air cede avec autant de vîtesse que les aîles le poussent, l’oiseau demeurera dans la même situation sans monter ni descendre, parce qu’il ne s’éleve que lorsque ces aîles en frappant l’air se fléchissent. Mais au-contraire si l’aîle se meut plus vîte que l’air qui est au-dessous, l’oiseau monte, & ne demeure plus alors à la même place, parce que l’arc que son aîle décrit par son mouvement sera plus grand que l’espace que parcourt l’air qui descend.

Supposons que l’oiseau soit en l’air, & qu’il ait les aîles étendues & le ventre en-bas, & que le vent pousse le dessous des aîles perpendiculaires, de sorte que l’oiseau soit soutenu en l’air, pour lors il volera horisontalement, parce que les aîles étant toujours étendues résistent par leur dureté & l’effort des muscles à l’effort du vent ; mais si toute la largeur de l’aîle cede à l’impulsion du vent, à cause qu’elle peut aisément tourner dans la cavité de l’omoplate, c’est une nécessité que les bouts des plumes des aîles s’approchent l’une de l’autre pour former un coin, dont la pointe sera en haut, & les plans de ce coin seront comprimés de tous côtés par le vent, ensorte qu’il