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laurentina & ostiensis eodem ferunt ; sed laurentina ad xiv. lapides ostiensis ad xj. relinquenda est.

Voie nomentane, en latin via nomentana ; elle commençoit à la porte Viminale, & alloit jusqu’à Nomentum, en Sabine, à 4 ou 5 lieues de Rome.

Voie ostiense, en latin via ostiensis ; elle commençoit à la porte Trigemina, & alloit jusqu’à Ostie. Selon Procope, cette voie avoit 126 stades de longueur, qui font 19 milles italiques & un huitieme ; mais l’itinéraire ne lui donne que 16 milles d’étendue, & cette seule étendue, continue-t-il, empêche que Rome ne soit ville maritime.

Voie postumiane, en latin via postumia ; route d’Italie, aux environs de la ville Hostiliæ. Selon Tacite, hist. l. III. il en est aussi fait mention dans une ancienne inscription, conservée à Gènes. Augustin Justiniani, dit qu’on nomme aujourd’hui cette route via costumia, qu’elle conduit depuis Rumo jusqu’à Novae, & qu’elle passe par Vota Arquata, & Seravalla.

Voie prænestine, en latin prænestina via ; route d’Italie, qui, selon Capitolin, conduisoit de Rome à la ville de Praeneste, d’où elle a pris son nom ; elle commençoit à la porte Esquiline, & alloit à droite du champ esquilin jusqu’à Préneste.

Voie Quinctia ; elle partoit de la voie salarine, & tiroit son nom de Lucius Quinctius qu’on fit dictateur, lorsqu’il labouroit son champ.

Voie salarienne, en latin via salaria ; elle commençoit à la porte Colline, & prenoit son nom du sel que les Sabins alloient chercher à la mer en passant sur cette voie : elle conduisoit par le pont Anicum en Sabine.

Voie setina ; elle portoit le nom de la ville de Setia, dans le Latium, & finissoit par se joindre à la voie Appienne.

Voie triumphale ; elle commençoit à la porte Triomphale, prenoit son trajet par le champ flaminien, & le champ de Mars, sur le vatican, d’où elle finissoit en Etrurie.

Voie valerienne, en latin via valeria ; elle commençoit à Tibur, & alloit par Alba Fernentis, Cersennia, Corfinium, Interbromium, Teate, Marremium jusqu’à Hadria.

Voie vitellienne, en latin via vitellia ; elle alloit depuis le janicule jusqu’à la mer, & croisoit l’Aurelia vetus.

Voilà les principales voies des Romains en Italie ; ils les continuerent jusqu’aux extrémités orientales de l’Europe, & vous en trouverez la preuve au mot Chemin.

C’est assez de dire ici, que d’un côté on pouvoit aller de Rome en Afrique, & de l’autre jusqu’aux confins de l’Ethiopie. Les mers, comme on l’a remarqué ailleurs. « ont bien pû couper les chemins entrepris par les Romains, mais non les arrêter ; témoins la Sicile, la Sardaigne, l’île de Corse, l’Angleterre, l’Asie, l’Afrique, dont les chemins communiquoient, pour ainsi dire, avec ceux de l’Europe par les ports les plus commodes. De l’un & de l’autre côté d’une mer, toutes les terres étoient percées de grandes voies militaires. On comptoit plus de 600 de nos lieues de voies pavées par les Romains dans la Sicile ; près de 100 lieues dans la Sardaigne ; environ 73 lieues dans la Corse ; 1100 lieues dans les îles Britanniques ; 4250 lieues en Asie ; 4674 lieues en Afrique. (Le chevalier de Jaucourt.) »

Voie d’eau. C’est une ouverture dans le bordage d’un vaisseau par où l’eau entre ; ce qui est un accident fâcheux, qu’on doit réparer promptement.

Voie, s. f. (Comm.) ce mot se dit ordinairement des marchandises qui peuvent se transporter sur une même charette & en un seul voyage. Ainsi l’on dit une voie de bois, une voie de charbon de terre, une

voie de plâtre, &c. A Paris, la voie de bois à brûler, c’est-à-dire de celui qui n’est ni d’andelle, ni de compte, & qu’on appelle bois de corde, est composée d’une demi corde de bois mesurée dans une sorte de mesure de bois de charpente appellée membrure, qui doit avoir 4 piés de tout sens. La voie de charbon de terre qui se mesure comble, est composée de 30 demi-minots, chaque demi-minot faisant 3 boisseaux ; ensorte que la voie de charbon de terre doit être de 90 boisseaux. La voie de plâtre est ordinairement de douze sacs, chaque sac de 2 boisseaux ras, suivant les ordonnances de police. La voie de pierre de taille ordinaire est de 5 carreaux, c’est-à-dire environ 15 piés cubes de pierre. Deux voies font le chariot. La voie de libage, est de six à sept morceaux de pierre. On appelle quartier de voie, quand il n’y en a qu’un ou deux à la voie. (D. J.)

Voie de pierre, s. f. (Maçonn.) c’est une charretée d’un ou plusieurs quartiers de pierre, qui doit être au moins de 15 piés cubes.

Voie de plâtre. Quantité de douze sacs de plâtre, chacun de 2 boisseaux & demi. (D. J.)

Voie de calandre, s. f. (Manufact.) on dit qu’on a donné une voie de calandre à une étoffe ou à une toile, pour faire entendre qu’elles ont passé huit fois de suite sous la calandre. On parle aussi par demi-voie : ce qui s’entend quand l’étoffe ou la toile n’ont eu que quatre tours. (D. J.)

Voie de chardon, s. f. (Lainage.) donner une voie de chardon à un drap ou autre étoffe de laine, c’est le lainer, en tirer la laine, le garnir superficiellement de poil depuis le chef jusqu’à la queue, par le moyen du chardon. (D. J.)

Voie de sautereaux, (Lutherie.) sorte de petit poinçon ou équarrissoir à pans, dont les facteurs de clavecins se servent pour accroître les trous des languettes, afin qu’elles tournent librement autour de l’épingle qui leur sert de charniere. Voyez Sautereau & la figure de cet outil, qui est emmanché comme une lime, Pl. de Lutherie, fig. 16. n°. 2.

Voie, s. f. (Menuis. Charp. Sciage.) les Menuisiers, les Charpentiers, les Scieurs au long appellent voie l’ouverture que fait la scie dans le bois qu’on coupe ou qu’on fend avec la scie. Les dents d’une scie doivent sortir alternativement, & s’incliner à droite & à gauche, afin que la scie puisse passer facilement. Il faut de tems en tems recoucher les dents d’une scie de l’un de l’autre côté, afin qu’elle se procure assez de voie. (D. J.)

Voie, Moyen, (Synonym.) on suit les voies ; on se sert des moyens.

La voie est la maniere de s’y prendre pour réussir. Le moyen est ce qu’on met en œuvre pour cet effet. La premiere a un rapport particulier aux mœurs ; & le second aux événemens. On a égard à ce rapport, lorsqu’il s’agit de s’énoncer sur leur bonté : celle de la voie dépend de l’honneur & de la probité : celle du moyen consiste dans la conséquence & dans l’effet. Ainsi la bonne voie est celle qui est juste ; le bon moyen est celui qui est sûr. La simonie est une très-mauvaise voie, mais un fort bon moyen pour avoir des bénéfices.

Voie, dans le sens de chemin, ne se dit ordinairement qu’au figuré, comme la voie du salut est difficile ; marcher dans la voie que Dieu a prescrite. On se sert de voie dans le propre, en parlant des grands chemins des Romains ; la voie d’Appius Claudius subsiste aujourd’hui pour la plus grande partie. Ce terme se dit encore au propre en parlant de chasse : être sur les voies, retrouver les voies de la bête. (D. J.)

Voie, se prend aussi pour une forme d’agir & de proçéder.

Voie canonique, est lorsqu’on n’emploie que des formes & moyens légitimes & autorisés par les ca-