Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelque savans ont cru que cette méthode étoit fort utile pour les jeunes gens qui apprennent l’hébreu ; mais d’autres personnes éclairées la trouvent plus nuisible qu’avantageuse, en ce qu’elle n’est d’aucun usage, attendu qu’on peut apprendre à lire l’hébreu en quelques jours de tems, sans un pareil secours. A l’égard de l’accentuation, en louant l’exactitude de Hutterus, on lui reproche d’avoir, sur-tout dans les endroits difficiles, consulté son génie plus que les exemplaires, & mis des choses qui ne sont appuyées d’aucune autorité.

Lorsque Hutterus eut achevé sa bible, il entreprit de donner diverses éditions polyglotes des livres de l’ancien & du nouveau Testament, en réunissant avec le texte original, toutes les versions orientales & occidentales : car il entendoit presque toutes ces langues, & il exécuta en partie cette prodigieuse entreprise.

On a de lui deux bibles polyglotes, & diverses parties séparées de l’Ecriture-sainte, en diverses langues. La premiere de ses bibles est en quatre langues, & à paru à Hambourg, in-fol. cinq volum. en 1596. La seconde est en six langues ; M. Bayle ne distingue pas assez nettement cette seconde bible de la premiere ; comme aussi d’un autre côté dom Calmet ne paroît pas avoir connu celle qui est en quatre langues.

La bible en six langues, Biblia hexaglotta quadruplica, parut à Nuremberg en 1599. Hutterus fut aidé par quelques collegues dans son entreprise ; cependant les polyglottes, ainsi que les autres ouvrages de ce genre, qu’il a mis au jour avec le secours de David Woderus, ne lui ont pas fait autant d’honneur qu’il en espéroit. Les savans n’y ont pas trouvé assez de choix pour les versions, & même ils accusent Hutterus d’avoir corrigé trop hardiment le travail des autres. D’ailleurs les polyglottes de Paris & de Londres ont tellement effacé celles d’Allemagne, qu’elles ont trouvé peu d’acheteurs, & moins encore d’admirateurs & de panégyristes : aussi sont-elles extrêmement rares. Hutterus mourut à Nuremberg, peu de tems après l’an 1602. Les inquisiteurs ont trouvé ces ouvrages dignes d’avoir place dans leur catalogue des livres défendus ; mais il y a long-tems que leurs indices expurgatoires servent à illustrer la plûpart des livres qu’ils condamnent. (Le chevalier de Jaucourt.)

ULMAIRE, s. f. (Hist. nat. Botan.) on connoît l’ulmaire, appellée vulgairement reine des prés, en anglois the meadow-sweet ; il faut donc décrire ici l’ulmaire de Virginie, nommée ulmaria Virginiana, trifolii floribus candidis, amplis, longis, & acutis, par Moris, part. III. filipendula foliis ternatis, par Linnæus, hort. Cliff. & Gron. flor. Virg.

Sa racine est dure, fibreuse & noueuse à sa partie supérieure. Elle donne naissance à plusieurs tiges ligneuses, cannelées, d’un rouge foncé, lisses & branchues. Sur ses tiges sont placées, sans ordre, des feuilles oblongues, pointues, ridées, un peu velues par-dessous, au nombre de trois sur la même queue. Elles sont finement dentelées à leurs bords, comme les feuilles de charme, & se terminent en pointe. Ses fleurs sont blanchâtres, panachées de rouge, ayant chacune un pédicule long d’un à deux pouces ; elles sont composées de cinq pétales ou feuilles arrondies, applaties, réfléchies en-dehors, attachées à un calice d’une seule feuille, découpé en cinq quartiers. Le calice donne aussi naissance à plusieurs étamines très-déliées, garnies de sommets, & à cinq embryons qui se terminent en autant de stiles. Les pétales de la fleur étant tombés, le calice devient sec, & renferme cinq graines oblongues, pointues, disposées en rond. L’ulmaire de Virginie est une des plantes auxquelles on a donné mal-à-propos le nom d’ipécacuanha. (D. J.)


ULMEN, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, au duché de Deux-Ponts, dans l’électorat de Mayence, sur la riviere de Lauter, avec un château. Long. 24. 38. latit. 50. 15. (D. J.)

ULOMELIA, (Lexic. médic.) οὐλομέλια, de οὖλος pour ὅλος, entier, & μέλος, membre ; ce mot signifie dans Hippocrate la nature absolue & essentielle d’une chose ; c’est ainsi que, dans ses épîtres, il désigne la nature universelle du corps, dont il recommande l’étude aux Médecins ; ce mot veut dire encore dans le même auteur la perfection ou l’intégrité de tous les membres, & alors il est synonyme aux mots sain & entier. (D. J.)

ULON, (Lexic. médic.) οὔλον, au plurier οὔλα, sont les gencives placées autour des dents ; on a donné chez les Grecs ce nom aux gencives, à cause de leur qualité molle & tendre ; car οὔλος, dans Hésychius, est rendu par délicat & mollet. (D. J.)

ULOPHONUS, s. m. (Hist. nat. Bot. anc.) plante véneneuse, connue de Dioscoride, Galien & autres sous le nom de niger chamæleon, le chaméléon noir ; ils appellent chaméléon blanc qui étoit une plante bonne à manger, ixias chamæleon, & ont grand soin de distinguer toujours ces deux plantes par les épithetes de blanche ou de noire ; mais Pline a mieux fait, ce me semble, d’employer le mot particulier ulophonus, pour désigner le chaméléon noir, parce qu’il prévenoit toute erreur à venir. (D. J.)

ULOTHAW, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, dans la Westphalie, au comté de Ravensberg, sur la rive gauche du Weser, entre Rintelen & Minden. (D. J.)

ULOTTE, voyez Hulotte.

ULOTTESENTE, s. m. (Marine.) espece de gabare pontée dont on se sert à Amsterdam.

ULPIANUM, (Géog. anc.) ville de la haute Moësie, dans la Dardanie, selon Ptolomée, l. III. c. ix. L’empereur Justinien l’ayant réparée, la nomma Seconde Justinienne. Il y avoit dans la Dace une autre ville nommée Ulpianum, que Ptolomée, l. III. c. viij. met au nombre des principales de cette province ; cependant on ne s’accorde point sur le nom moderne de cette ville. (D. J.)

ULSTER, (Géog. mod.) en latin Ultonia & Ulidia, par les Irlandois Cui-Guilly, c’est-à-dire province de Guilly ; les Gallois disent Ultw, & les Anglois Ulster, province d’Irlande, bornée au nord par l’Océan septentrional ; au midi, par la province de Leinster ; au levant, par le canal de S. George ; & au couchant, par l’Océan occidental ; de sorte qu’elle est environnée de trois côtés par la mer. Sa longueur est d’environ 116 milles, sa largeur d’environ 100 milles, & son circuit, en comptant tous les tours & retours, d’environ 460 milles.

Cette province a de grands lacs, d’épaisses forêts, un terroir fertile en grains & en pâturages, & des rivieres profondes & poissonneuses, sur-tout en saumons.

La contrée d’Ulster étoit anciennement partagée entre les Erdini qui occupoient Fermanagh & les environs ; les Venicnii qui avoient une partie du comté de Dunnagal, les Robognii qui possédoient Londonderry, Antrim & partie de Tyronne, les Volentii qui demeuroient autour d’Armaph, les Darni qui habitoient aux environs de Down & les parties occidentales.

Tir-Owen soumit tout ce pays aux Anglois, qui le divisent actuellement en dix comtés : cinq de ces comtés, savoir Louth, Down, Antrim, Londonderry & Dunnagal confinent à la mer ; les cinq autres, savoir Tyronne, Armagh, Fermanagh, Monaghan & Cavan sont dans les terres. Londonderry est regardée pour être la capitale.

Ulster donne le titre de comte au frere ou à un des