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d’avoir donné naissance, en 1667, à M. Moivre (Abraham). Il entrevit de bonne heure les charmes des mathématiques, & en fit son étude favorite. Il eut pour maître à Paris le célebre Ozanam, avec lequel il lut non-seulement les livres d’Euclide, qui lui parurent trop difficiles à entendre sans le secours d’un maître, mais encore les sphériques de Théodose.

La révocation de l’édit de Nantes obligea M. Moivre à changer de religion ou de pays. Il opta sans balancer pour ce dernier parti, & passa en Angleterre, comptant, avec raison, sur ses talens, & croyant cependant encore trop légerement avoir atteint le sommet des mathématiques. Il en fut bientôt & bien singulierement désabusé.

Le hazard le conduisit chez le lord Devonshire, dans le moment où M. Newton venoit de laisser à ce seigneur un exemplaire de ses principes. Le jeune mathématicien ouvrit le livre, & séduit par la simplicité apparente de l’ouvrage, se persuada qu’il alloit l’entendre sans difficulté ; mais il fut bien surpris de le trouver hors de la portée de ses connoissances, & de se voir obligé de convenir, que ce qu’il avoit pris pour le faîte des mathématiques, n’étoit que l’entrée d’une longue & pénible carriere qui lui restoit à parcourir. Il se procura promptement ce beau livre, & comme les leçons qu’il étoit obligé de donner l’engageoient à des courses presque continuelles, il en déchira les feuillets pour les porter dans sa poche, & les étudier dans les intervalles de ses travaux. De quelque façon qu’il s’y fût pris, il n’auroit jamais pu offrir à Newton un hommage plus digne, ni plus flatteur, que celui qu’il lui rendoit en déchirant ainsi ses ouvrages.

M. Moivre parcourut toute la géométrie de l’infini avec la même facilité & la même rapidité, qu’il avoit parcouru la géométrie élémentaire ; il fut bien-tôt en état de figurer avec les plus illustres mathématiciens de l’Europe ; & par un grand bonheur, il devint ami de M. Newton même.

En 1697, il communiqua à la Société royale, une méthode pour élever ou pour abaisser un multinome infini à quelque puissance que ce soit, d’où il tira depuis une méthode de retourner les suites, c’est-à-dire d’exprimer la valeur d’une des inconnues par une nouvelle suite, composée des puissances de la premiere. Ces ouvrages lui procurerent sur le champ une place dans la Société.

Il avoit donné en 1707 différentes formules pour résoudre, à la maniere de Cardan, un grand nombre d’équations, où l’inconnue n’a que des puissances impaires ; ces formules étoient déduites de la considération des secteurs hyperboliques, & comme l’équation de l’hyperbole ne differe que par les signes de celle du cercle, il appliqua les mêmes formules aux arcs du cercle ; par ce secours, & celui de certaines suites, il résolut des problèmes qu’il n’eût osé tenter sans cela. Ces succès lui attirerent les plus grands éloges de la part de M. Bernouilli & de M. Leibnitz.

M. de Montmort ayant publié son analyse des jeux de hazard, on proposa à M. Moivre quelques problèmes plus difficiles & plus généraux, qu’aucun de ceux qui s’y rencontrent : comme il étoit depuis long-tems au fait de la doctrine, des suites & des combinaisons, il n’eut aucune peine à les résoudre ; mais il fit plus, il multiplia ses recherches, & trouva ses solutions & la route qu’il avoit prise si différentes de celles de M. de Montmort, qu’il ne craignit point qu’on pût l’accuser de plagiat ; aussi de l’aveu de la Société royale qui en porta le même jugement, son ouvrage fut imprimé dans les transactions Philosophiques, sous le titre de mensura sortis.

M. Moivre donna depuis deux éditions angloises

de son ouvrage, dans lesquelles il renchérit beaucoup sur les précédentes ; la seconde sur-tout qui parut en 1738, est précédée d’une introduction qui contient les principes généraux de la maniere d’appliquer le calcul au hazard ; il y indique le fondement de ses méthodes, & la nature des suites qu’il nomme récurrentes, dans lesquelles chacun des termes a un rapport fixe avec quelques-uns des précédens ; & comme elles se divisent toujours en un certain nombre de progressions géométriques, elles sont toujours aussi facilement sommables.

Les recherches de M. Moivre sur les jeux de hazard, l’avoient tourné du côté des probabilités : il continua de travailler sur ce sujet, & résolut la question suivante : « si le nombre des observations sur les événemens fortuits peut être assez multiplié, pour que la probabilité se change en certitude ». Il trouve qu’il y a effectivement un nombre de faits, ou d’observations assignables, mais très-grand, après lequel la probabilité ne differe plus de la certitude ; d’où il suit qu’à la longue le hazard ne change rien aux effets de l’ordre, & que par conséquent, où l’on observe l’ordre & la constante uniformité, on doit reconnoître aussi l’intelligence & le choix ; raisonnement bien fort contre ceux qui osent attribuer la création au hazard & au concours fortuit des atomes.

L’âge de M. Moivre commençant à s’avancer, il se trouva successivement privé de la vûe & de l’ouie ; mais ce qu’il y eut de plus singulier, c’est que le besoin de dormir augmenta chez lui à un tel point, que vingt heures de sommeil par jour, lui devinrent habituelles. Enfin, en 1754 il cessa de s’éveiller, étant âgé de quatre-vingt-sept ans. L’académie des Sciences de Paris, l’avoit nommé cinq mois auparavant à la place d’associé étranger, & il se flattoit même alors, de pouvoir payer cet honneur par quelque tribut académique. (Le chevalier de Jaucourt.)

VITRICIUM, (Géog. anc.) ville des Alpes, selon l’itinéraire d’Antonin, qui la marque sur la route de Milan à Vienne, en prenant par les Alpes graïennes. Les géographes disent, que c’est aujound’hui Vereggio ou Verezo, sur la Doria. (D. J.)

VITRIER, s. m. (Vitrerie.) ouvrier qui emploie le verre, le coupe & le dresse, pour en construire des panneaux, avec ou sans plomb, en garnir des chassis à carreaux, faire des lanternes & autres ouvrages, appartenans au métier de Vitrier. La communauté des maîtres Vitriers-peintres sur verre, de la ville de Paris, a reçû ses premiers statuts sous le regne de Louis XI. qui leur en fit expédier des patentes le 24 Juin 1467, enregistrées aux registres du châtelet le 26 Août de la même année. La Marre. (D. J.)

VITRIFIABLE, adj. (Hist. nat. & Chimie.) se dit de tous les corps que l’action du feu peut changer en verre. Parmi les pierres, on nomme vitrifiables celles qui se fondent au feu & qui s’y convertissent en une substance semblable à du verre ; plusieurs naturalistes ont fait une classe particuliere des terres & des pierres, qu’ils ont nommées vitrifiables ; ils placent dans ce nombre les cailloux, les jaspes, les agates, les crystaux, les pierres précieuses, &c. mais cette dénomination paroît impropre, vû que ; 1°. aucune de ces pierres ou terres n’est vitrifiable par elle-même, c’est-à-dire n’entre en fusion au feu ordinaire sans addition ; ainsi celles qui s’y convertissent en verre sans addition, portent leur fondant avec elles. 2°. Les pierres sont presque toutes vitrifiables en plus ou moins de tems au miroir ardent, quoique le feu ordinaire ne soit point suffisant pour les faire entrer en fusion, voyez Miroir ardent. 3°. Des terres & des pierres qui seules n’entrent point en fusion dans le feu ordinaire, peuvent y entrer facilement lorsqu’on les combine avec d’autres pierres ou terres qui