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crate tire du visage. Il faut le lire attentivement sur cette matiere, & y joindre les excellentes réflexions de ses commentateurs. (D. J.)

Visage, maladies du, (Médec.) le visage dans les maladies présente un grand nombre d’indications, que la plûpart des auteurs n’ont pas décrites avec assez d’exactitude ; mais dans notre plan, nous devons nous contenter des principaux phénomenes qui concernent ces maladies.

Les couleurs du visage sont très-visibles. La naturelle qui imite si bien la blancheur du lys, & le rouge vif de la rose est une marque que la matiere morbifique n’a point passé dans les voies de la circulation ; la couleur pâle est toujours suspecte. La noire est un symptome de mélancolie & de bile corrompue ; celle qui est d’un rouge constant, est une preuve que le sang se porte au cerveau avec trop d’impétuosité ; celle au contraire qui se dissipe & revient, ordinaire aux scorbutiques, à ceux qui sont attaqués de maladies chroniques & de cacochimie, est dangereuse pour les phthisiques & ceux qui crachent le pus ; la couleur livide produite par l’embarras du sang à retourner au cœur, par la stagnation des humeurs & leur corruption, annonce du danger. Il est ordinaire de voir un cercle livide sur les yeux des cacochimes, des femmes enceintes, & de celles qui sont attaquées de suppression de regles ou de fleurs blanches. La couleur jaune est un signe d’ictere ou de cacochimie ; les changemens de couleur sont fréquens dans les sujets attaqués de convulsions ; les taches présentent différentes indications, suivant la différence de la couleur du visage qui les accompagne.

Un visage cadavéreux est celui qu’un grand nombre d’auteurs appellent hippocratique, parce qu’Hippocrate en a fait la peinture suivante. Les yeux sont concaves, le nez éfilé, les tempes affaissées, les oreilles froides & resserrées, la peau dure, la couleur pâle ou noire, les paupieres livides, ainsi que les levres & le nez ; le bord de l’orbite de l’œil devient plus éminent ; on remarque des ordures autour des yeux, le mouvement des paupieres est languissant, l’organe de la vue est à demi fermé, la pupille se ride & ne rend point la peinture des objets ; tous ces accidens annoncent la mort : s’ils sont la suite d’une diarrhée, ils marquent une extrème foiblesse, le ralentissement de la circulation, la colliquation de la graisse & des bonnes humeurs, leur corruption & leur défaut.

La convulsion & la paralysie du visage, le spasme cynique, la contorsion de la bouche, le grincement des dents, le tremblement de la mâchoire & autres choses semblables sont extrèmement dangereuses, parce que ces symptomes proviennent de l’affection des nerfs qui partent du cerveau. Cet état exige l’application des topiques nervins sur la tête & les narines, outre les remedes opposés aux causes.

L’enflure du visage présente différens pronostics ; car quand elle vient de la trop grande impétuosité du sang, ce qu’on nomme alors visage refrogné, elle pronostique dans les maladies aiguës le délire, la phrénésie, la convulsion, les parotides, l’hémorrhagie. Dans l’esquinancie, elle est très à craindre : elle est un signe favorable dans la petite vérole. Mais dans les maladies chroniques, pituiteuses, dans les hydropisies, elle présage l’augmentation du mal. Il y a beaucoup à craindre quand elle accompagne la toux & le vomissement. Si cette enflure diminue à proportion de la cause, c’est une bonne marque ; mais si cette diminution est une suite de l’affoiblissement des forces & d’une métastase qui s’est faite intérieurement, on doit tout appréhender.

Les blessures du visage ne permettent pas qu’on fasse une suture sanglante ; dans ce cas, comme dans

la brûlure & la petite-vérole, il faut éviter, s’il est possible, que le traitement de la blessure ne cause de la difformité.

Les pustules, la rougeole, les dartres ont leur traitement particulier. Une sueur abondante qui se forme autour du visage offre dans les maladies un symptome dangereux.

Les différens changemens de couleur du visage produits par diverses passions de l’ame, donnent leurs différens pronostics ; la cure regarde celle des passions mêmes. (D. J.)

VISAGERE, s. f. terme de faiseuse de bonnets, c’est la partie du devant des bonnets de femmes, laquelle partie regarde le visage. (D. J.)

VISAPOUR, (Géog. mod.) voyez Visiapour.

VISARDO, (Géog. mod.) le monte Visardo est une montagne d’Italie, au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, entre Policastro & Santo-Severino. Barry prétend que c’est le Clibanus mons des anciens. (D. J.)

VISBURGII, (Géog. anc.) peuple de la Germanie. Ptolomée, l. II. c. xj. le marque après les Cogni, & dit qu’ils habitoient au nord de la forêt Hercynienne. Cluvier, germ. ant. l. III. c. xliij. juge que Visburgii sont les mêmes que Ptolomée place dans la Sarmatie, & qu’il nomme Burgiones. Je les mets, dit-il, au voisinage des Gothini, entre les Sarmates Jazyges & Lygiens, & entre les montagnes de Sarmatie & la Vistule ; & je ne doute point, ajoute-t-il, que du nom de cette riviere ils n’ayent été appellés Thi-Wisselburger, d’où les Grecs & les Latins auront fait le mot Visburgii, & de ce dernier d’autres auront fait les mots Burgii & Burgiones. (D. J.)

VISCACHOS, s. m. (Hist. nat. des quadrupedes.) lapin sauvage du Pérou qui gîte ordinairement dans les lieux froids. Le p. Feuillée en a vu dans des maisons de Lima qu’on avoit familiarisés. Leur poil gris de souris est fort doux, ils ont la queue assez longue, retroussée par-dessus les oreilles, & la barbe comme celle de nos lapins ; ils s’accroupissent comme eux, & n’en different pas en grosseur. Durant le regne des Incas, on se servoit du poil des vicachos, pour diversifier les couleurs des laines les plus fines. Les Indiens en faisoient alors un si grand cas, qu’ils ne les employoient qu’aux étoffes dont les gens de la premiere qualité s’habilloient. (D. J.)

VISCÉRATIONS, (Antiq. rom.) viscerationes, le don des entrailles des animaux qu’on faisoit au peuple à l’enterrement des grands seigneurs de Rome. (D. J.)

VISCÉRAUX, remedes, (Méd. & Mat. méd.) ce sont des remedes propres à fortifier les visceres, c’est-à-dire à donner de la vigueur & de la fermeté aux visceres sanguins, comme le foie, la rate, l’utérus, les reins, les poumons, afin qu’ils s’acquittent plus exactement de leurs fonctions.

Cette classe renferme donc les remedes vulgairement appellés hépatiques, spléniques, pneumoniques, utérins, cachectiques, anti-hydropiques, anti-ictériques, anti-histériques & anti-phthisiques.

Dans cette intention, on ne peut que recommander l’usage des racines de gentiane rouge, d’aristoloche ronde & longue, de chicorée sauvage, de zédoaire, de fougere, de vraie rhubarbe, de rapontic, de safran bâtard, d’arrête-bœuf ; les écorces de quinquina, de cascarille, de winter, de tamarisc, de frêne, de caprier, de cassia lignea ; les feuilles d’absynthe, de petite centaurée, de fumeterre, de chardon beni, de trefle d’eau, d’hépatique, de mélisse, de pulmonaire tachetée, de scolopendre, d’aigremoine, de marrube, de véronique, de scabieuse, d’épithyme, de capillaire, de piloselle, &c.

On ne peut aussi que louer au même titre entre les gommeux & les résineux, le succin, la myrrhe,