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lées turbinées ou contournées, ne sont pas si pointues ; elles ont le corps gros, la bouche large, & souvent très-alongée, comme celle des buccins. Voyez Turbinée, coquille.

Rien n’est plus aisé que de confondre la vis avec le buccin : deux auteurs, Rondelet & Aldrovandus, les ont bien confondus, & y ont joint l’épithete de muricatus ; ce qui mêle trois familles ensemble.

Le vrai caractere de ce testacé, est d’avoir la figure extrèmement longue & menue, avec une pointe très-aiguë, des spires qui coulent imperceptiblement sans une grande cavité, la base plate & petite, de même que l’ouverture de la bouche ; une figure qui imite le foret ou l’alène, détermine son caractere générique : il y a des vis marines, fluviatiles, & terrestres ou fossiles.

Lister qui veut que toutes les coquilles longues soient des buccins, appelle une vis dont les intervalles de la spirale sont très-profonds, buccinum intortum, testæ aperturd planâ, seu ore plano, figurâ productiore : combien lui a-t-il fallu de mots pour habiller cette coquille en buccin ? D’autres, F. Columna lui-même, confondent le sabot appellé trochus avec la vis.

Enfin, il est vrai que les especes de vis sont si nombreuses, qu’il convient de les ranger, comme a fait M. Dargenville, sous certains chefs ou classes.

La premiere classe est celle des vis à bouche longue sans dents, dont le fût est rayé. Cette classe comprend les especes suivantes : 1°. le clou marqué de taches bleues ; 2°. l’alène chargée de petites lignes jaunes & perpendiculaires ; 3°. le poinçon tout entouré de points ; 4°. l’éguille tachetée & cerclée ; 5°. le perçoir entouré de lignes & de points ; 6° la vis blanche à réseau & grenue ; 7°. la vis vergetée, entourée de cordelettes.

La seconde classe est celle des vis à bouche dentée, dont le fût est aussi rayé ; elle ne contient que deux especes ; 1°. la vis fasciée & étagée ; 2°. la vis nommée l’enfant-en-maillot.

La troisieme classe est des vis faites en pyramide, à bouche applatie ; on met dans cette classe, 1°. le télescope ridé de sillons en-travers : 2°. la vis blanche, cerclée de lignes jaunes ; 3°. la pyramide, ou l’obélisque chinois ; 4°. la vis ridée, ornée de cercles élevés, & garnie de pointes ; 5°. la petite tour grenue, entourée de lignes.

Dans la quatrieme classe, qui est composée des vis à bouche alongée, on compte les quatre especes suivantes, nommées tarieres ; savoir, 1°. la tariere ailée ; 2°. la tariere blanchâtre ; 3°. la tariere barriolée ; 4°. la tariere entourée de lignes fauves.

La cinquieme classe consistant en vis à bouche applatie & fort étendue, renferme deux especes ; 1°. la cheville étagée à bec, à tubercules, marquée de taches brunes & bleues ; 2°. la cheville blanche, à bec, entourée de spires & de tubercules.

La sixieme classe est formée de vis à bouche large & ovale ; on y remarque les trois especes suivantes, nommées rubans ; savoir, 1°. le ruban barriolé de veines noires, jaunes, & rouges ; 2°. le ruban de couleur d’agate, à sommet barriolé ; 3°. le ruban blanchâtre, à sommet coloré.

La septieme classe est de vis à bouche ronde ; on rapporte à cette derniere classe, 1°. la vis de pressoir, creusée profondément ; 2°. la vis de couleur d’os, à vingt tours, tournés différemment ; 3°. la vis dont les tours épais sont blancs & fauves ; 4°. la vis décorée de 17 tours cannelés ; 5°. la vis entourée de 20 tours épais, d’un beau travail ; 6°. la vis brune, à 14 tours rayés ; 7°. la vis à oreille de Rondelet ; 8°. l’escalier de Rumphius entouré de filets blancs : c’est la scalata, qui par sa rareté vaut la peine d’être ici décrite.

Sept spirales coupent toute sa figure pyramidale, qui approche de celle d’un minaret : la derniere revient en cornet, vers sa bouche ovale, dont elle forme le bourrelet. Ces spirales sont coupées par des côres minces, saillantes, & blanches, sur un fond plus sale ; elles sont séparées les unes des autres d’une maniere assez sensible. Ce qui fait la rareté de cette coquille, est que les Indiens la conservent parmi leurs bijoux les plus précieux, & qu’ils la pendent à leur col. Il faut que la scalata ait plus d’un pouce de haut pour être réputée belle ; il n’y a rien de si commun que les petites qui se trouvent même en quantité dans le golfe adriatique, au rapport de Bonanni.

On compare l’animal de la vis à un vermisseau solitaire, se contournant de même que sa coquille qu’il parcourt lorsqu’il est jeune, jusqu’à sa plus petite extrémité. Sa tête a la forme d’un croissant, au sommet duquel sortent deux cornes fort pointues avec deux points noirs qui sont ses yeux placés sur leur côté extérieur, & dans leur renflement ; une fente que l’on remarque sur le haut de la tête, lui sert de bouche, entourée d’un bourrelet, qui a une petite frange au pourtour.

Ces animaux sont de grosseur & de longueur différentes, proportionnées à la coquille qu’ils habitent. Il y en a qui ont 10, 15, jusqu’à 20 spirales saillantes, détachées, & striées profondément. Ils rampent sur une base charnue à la maniere des autres testacés, qui se traînent sur un pié. Leur museau en-dehors est bordé de franges, dont les filets ont un mouvement alternatif qui couvre la bouche, & la garantit de tout accident. Dargenville, conchyliologie. (D. J.)

Vis, (Conchyliographie.) on nomme ainsi la partie contournée d’une coquille qui se termine en pointe ; les vis d’une coquille sont les contours & les circonvolutions spirales qui forment la volute. (D. J.)

Vis, (Architecture.) c’est le contour en ligne spirale du fût d’une colonne torse ; c’est aussi le contour d’une colonne creuse.

Vis potoyere, escalier d’une cave, qui tourne autour d’un noyau, & qui porte de fond sous l’escalier d’une maison. (D. J.)

Vis d’escalier, (Coupe des pierres.) c’est un arrangement de marches autour d’un pilier, qu’on appelle le noyau de la vis ; quelquefois le noyau de la vis est supprimé. Les marches alors ne sont soutenues que par leur queue dans le mur de la tour, & en partie sur celles qui sont de suite dès le bas ; alors on l’appelle vis à jour.

Si l’escalier à vis dans une tour ronde, est voûté en berceau tournant & rampant, on l’appelle vis S. Gilles ronde.

Si la tour est quarrée, le noyau étant aussi quarré, chaque côté étant voûté en berceau, on l’appelle vis S. Gilles quarrée. Voyez la figure 19.

Vis, (Outil d’ouvriers.) morceau de fer ou d’autre métal, rond, menu, & long, autour duquel regne une cannelure que l’ouvrier fait à la main avec une lime, ou dans les trous d’un instrument qu’on nomme une filiere.

Il y a aussi des vis de bois qui servent à plusieurs ouvrages, comme aux presses, aux pressoirs, & à quantité de semblables machines, & instrumens de grand volume.

Les vis de fer qu’on fait à la filiere, s’engrenent dans des écrous qui se font avec des taraux ; les vis qui se font à la main, sont propres à servir en bois, & sont amorcées par la pointe. La tête des unes & des autres, est presque toujours fendue pour la commodité du tourne-vis. Il y en a cependant plusieurs qui l’ont quarrée, & qui se montent avec des clés. Les vis en bois ne se font jamais que de fer ; mais celles à écrous, c’est-à-dire, qui se taraudent à la fi-