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Vilebrequin, s. m. (Charpenterie.) c’est un outil qui sert à percer le bois, & à autres choses, par le moyen d’un petit fer qui a un taillant arrondi appellé mecke, & qu’on fait entrer en le tournant avec une manivelle de bois ou de fer. (D. J.)

Vilebrequin, s. m. (Horlog.) outil propre à faire tourner les égalissoirs. (D. J.)

Vilebrequin, s. m. terme de Layetier, les vilebrequins dont se servent les maîtres layetiers leur sont particuliers. Ils ont un manche long & finissant en pointe, en forme de tariere un peu creuse en-dedans. La commodité de cette sorte de vilebrequin consiste en ce que avec la même meche qu’on enfonce plus ou moins, on fait des trous de toutes grandeurs. (D. J.)

VILLA, (Géog. anc.) nom latin qui signifie une maison de campagne, une ferme, une métairie. Les anciens s’en sont aussi servis pour désigner une bourgade, ou un village. On lit dans Ausone :

Villâ lucani tum potieris aco.

Ammien Marcellin écrit melanthiada villam cæsarianam, en parlant de Mélanthias, village à cent quarante stades de Constantinople : Eutrope, en parlant de la mort de l’empereur Antonin Pie, dit qu’il mourut apud Lorium villam suam, à douze milles de Rome. Aurélius Victor, Eutrope, & Cassiodore, appellent Acyronem villam publicam, le lieu voisin de Nicomédie, dans lequel mourut l’empereur Constantin. Or Melanthias, Lorium, Acyro, & Lucaniacum, étoient des villages. Ils s’étoient sans doute formés auprès de quelque maison de campagne, dont ils avoient retenu le nom.

Dans les titres du moyen âge, on remarque qu’il y avoit souvent dans un petit pays plusieurs de ces villa, & dans une villa, plusieurs parties nommées aloda, ou aleux, qu’on louoit aux paysans. Ces villa, ou maisons de campagne, ont donné commencement à une infinité de villes, de bourgs, & de hameaux, dont les noms commencent ou finissent par ville. C’est ce qui a donné pareillement l’origine au mot françois village, comme si on eût voulu désigner par ce mot, un nombre de maisons bâties auprès d’une villa, ou maison de campagne. (D. J.)

Villa, (Lang. lat.) villa, chez les Romains, signifioit une métairie, une maison de campagne proportionnée aux terres qui en dépendoient, une maison de revenu ; villa, parce qu’on apportoit là les fruits, dit Varron ; mais dans la suite, ce nom passa aux maisons de plaisance, qui loin d’avoir du revenu, coutoient immensement d’entretien.

On changea les prés en jardins,
En parterres ses champs fertiles,
Les arbres fruitiers en stériles,
Et les vergers en boulingrins.

(D. J.)

Viila faustini, (Géograph. anc.) lieu de la grande-Bretagne : l’itinéraire d’Antonin le marque sur la route de Londres à Lugullum, entre Colonia & Iciani, à trente-cinq milles de la premiere de ces places, & à vingt-quatre milles de la seconde. On croit communément que Bury, à sept milles à l’orient de Neumarket, est le lieu que les Romains nommoient Faustini villa. Le roi Edmond y ayant été inhumé, ce lieu prit le nom d’Edmund’s-Bury ; & depuis on s’est contenté de dire simplement Bury. Il y a néanmoins quelques écrivains qui veulent que Dummow soit Villa Faustini. (D. J.)

Villa Hadriani, (Géog. anc.) maison de plaisance de l’empereur Hadrien, sur le chemin de Tivoli à Frescati : on en voit les masures, en se détournant un peu à la gauche, & c’est ce que les paysans du quartier appellent Tivoli vecchio. L’empereur

Hadrien avoit bâti cette maison de campagne d’une maniere des plus galante, ayant imité en divers endroits le lycée, le prytanée, le portique, le canope d’Egypte, &c. Il y avoit aussi bâti une muraille, où l’on avoit le soleil d’un côté, & l’ombre de l’autre ; c’est-à-dire qu’il l’avoit disposée du levant au couchant. Il y avoit encore dans ce lieu deux ou trois temples ; tout cela est détruit. Les statues d’Isis de marbre noir qu’on voit au palais de Maximis à Rome, ont été tirées de ce lieu. (D. J.)

Villa Borghese, (Géog. mod.) maison de plaisance en Italie, à deux milles de Rome, & qui prend son nom de la famille à laquelle elle appartient. On la nomme aussi quelquefois vigne-Borghèse. C’est un lieu très-agréable, qui seroit digne d’être habité par un grand prince.

La maison est presque toute revêtue en dehors de bas-reliefs antiques, disposé, avec tant de symmétrie, qu’on les croiroit avoir été faits exprès, pour être placés comme ils sont. Entre le grand nombre de statues, dont les appartemens de ce petit palais sont remplis, on admire principalement le gladiateur, la Junon de porphire, la louve de Romulus, d’un fin marbre d’Egypte ; les bustes d’Annibal, de Séneque, & de Pertinax, l’Hermaphrodite, & le vieux Silene qui tient Bacchus entre ses bras : le David frondant Goliath, l’Enée qui emporte Anchise, & la métamorphose de Daphné, sont trois pieces modernes du cavalier Bernin, qui méritent d’être mises au rang des premieres.

On sait aussi que ce palais est rempli de peintures rares des modernes. Le S. Antoine du Carache, & le Christ mort de Raphaëel, sont regardés comme les deux principaux morceaux. Si toutes les magnificences qu’on peut voir ailleurs ne sont pas ici si splendidement étalées, on y trouve des beautés plus douces & plus touchantes ; des beautés tendres & naturelles, qui font plus naître d’amour, si elles n’inspirent pas tant de respect. Enfin comme Rome est la source des statues & des sculptures antiques, il faut que le reste du monde cede en cela au palais de la famille de Borghèse. On ne peut rien ajouter à la beauté de ses promenades ; il y a un parc, des grottes, des fontaines, des volieres, des cabinets de verdure, & une infinité de statues antiques & modernes. (D. J.)

Villa de Condé, (Géog. mod.) petite ville de Portugal, dans la province d’Entre Duero-e-Minho, sur la droite ; & à l’embouchure de la riviere d’Ave, entre Barcelos & Porto, avec un petit port. Ses habitans vivent de la pêche. Long. 9. 20. latit. 41. 10. (D. J.)

Villa del spiritu santo, (Géog. mod.) ville de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle Espagne, province de Guaxaca, à 90 lieues d’Antequera, à 3 lieues de la mer ; elle a été bâtie en 1522 par Gonsalve de Sandoval. (D. J.)

Villa di san Domenico, (Géog. mod.) monastere de dominiquains, au royaume de Naples, dans la terre de Labour, à trois mille, d’Arpino, dans une île que forme le Fibrino, avant que de se joindre au Cariglan.

L’article des couvens n’entre point dans ma géographie ; mais il faut savoir que c’est ici le lieu natal de Cicéron, & que le portique de l’orateur de Rome a passé à des moines qui ne le connoissent pas. Des inquisiteurs ignorans, superstitieux, inutiles au monde, habitent donc aujourd’hui la maison de plaisance du consul qui sauva la république, du beau génie qui répandit dans l’univers les lumieres de la raison, de la morale & de la liberté.

C’étoit une des maisons de campagne où Cicéron se retiroit volontiers pour s’y délasser du poids des grandes affaires de l’état. La clarté & la rapidité de