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ctions, soit par les diurétiques, qui poussant par les urines, préviennent les acces de léthargie, d’apoplexie, & autres maux qui sont produits par le reflux de la sérosité âcre sur les visceres & sur les parties nobles ; telles que le cerveau, le poumon, & les visceres du bas-ventre ; les diurétiques suppléent en cela au défaut de transpiration, & rétablissent les fonctions dans leur premier état.

Comme les diurétiques pourroient ne pas suffire, on doit évacuer par les selles les humeurs surabondantes ; la purgation est donc indiquée dans les vieillards ; elle détourne les humeurs du cerveau & de la poitrine ; elle les pousse par les couloirs des intestins. D’ailleurs la liberté du ventre rend la circulation plus libre dans le bas-ventre, & empêche le sang de se porter en trop grande quantité dans le cerveau. Cependant il faut éviter de causer le dévoiement & l’arrêter peu-à peu, lorsqu’il est venu.

Enfin, comme les vieillards sont fort tourmentés de la goutte, du scorbut, de paralysie, de rhumatisme, il faut avoir égard aux indications de ces maladies, & ne point aller contre le but principal ; car si on venoit à repercuter la goutte, le rhumatisme, & les taches du scorbut, il seroit à craindre de voir survenir des inflammations des visceres, & de ne pouvoir rappeller la goutte au siége qu’elle occupoit auparavant. Voyez Age & Tempérament.

VIEILLE-BRIOUDE, (Géog. mod.) bourg que Piganiol qualifie de ville de France, dans le Dauphiné d’Auvergne, sur la riviere d’Allier, au voisinage de Brioude. Il y a dans ce bourg une maison de chanoines réguliers. (D. J.)

VIEILLE-D’OR, (Mythologie.) les peuples qui habitoient près du fleuve Obi adoroient une déesse sous le nom de la Vieille-d’or, au rapport d’Hérodote. On croit que c’étoit la terre qu’ils avoient pour objet de leur culte. Elle rendoit des oracles ; & dans les fléaux publics, on avoit une extreme confiance en sa protection. (D. J.)

VIEILLESSE, (Physiolog.) le dernier âge de la vie ; M. de Voltaire le peint ainsi :

C’est l’âge où les humains sont morts pour les plaisirs,
Ou le cœur est surpris de se voir sans desirs.
Dans cet etat il ne nous reste
Qu’un assemblage vain de sentimens confus,
Un présent douloureux, un avenir juneste,
Un triste souvenir d’un bonheur qui n’est plus.
Pour comble de malheurs, on sent ce la pensée
Se déranger tous les ressorts,
L’esprit nous abandonne, & notre ame éclipsée
Perd en nous de son être & meurt avant le corps.

Mais comment arrive cet affreux dépérissement de toute notre machine ? C’est ce que je vais indiquer d’après l’auteur de l’histoire naturelle de l’homme.

Le depérissement, dit-il, est d’abord insensible ; il se passe même un long terme avant que nous nous appercevions d’un changement considérable, cependant nous devrions sentir le poids de nos années, mieux que les autres ne peuvent en compter le nombre ; & comme ils ne se trompent pas de beaucoup sur notre âge, en le jugeant par les changemens extérieurs, nous devrions nous tromper encore moins sur l’effet intérieur qui les produit, si nous nous observions mieux, si nous nous flattions moins, & si dans tout les autres ne nous jugeoient pas toujours beaucoup mieux que nous ne nous jugeons nous-mêmes.

Lorsque le corps a acquis toute son étendue en hauteur & en largeur par le développement entier de toutes ses parties, il augmente en épaisseur ; le commencement de cette augmentation est le premier point de son dépérissement, car cette exten-

sion n’est pas une continuation de développement

ou d’accroissement intérieur de chaque partie, par lesquels le corps continueroit de prendre plus d’étendue dans toutes ses parties organiques, & par conséquent plus de force & d’activité ; mais c’est une simple addition de matiere surabondante qui enfle le volume du corps, & le charge d’un poids inutile. Cette matiere est la graisse qui survient ordinairement à 35 ou 40 ans, & à mesure qu’elle augmente, le corps a moins de légereté & de liberté dans ses mouvemens ; il n’acquiert de l’étendue qu’en perdant de la force & de l’activité.

Les os & les autres parties solides du corps ayant pris toute leur extension en longueur & en grosseur, continuent d’augmenter en solidité ; les sucs nourriciers qui y arrivent, & qui étoient auparavant employés à en augmenter le volume par le développement, ne servent plus qu’à l’augmentation de la masse ; les membranes deviennent cartilagineuses, les cartilages deviennent osseux, toutes les fibres plus dures, la peau se desseche, les rides se succedent peu-à-peu, les cheveux blanchissent, les dents tombent, le visage se déforme, le corps se courbe, &c.

Les premieres nuances de cet état se font appercevoir avant quarante ans ; elles croissent par degrés assez lents jusqu’à soixante, par degrés plus rapides jusqu’à soixante-dix. La caducité commence à cet âge de soixante-dix ans ; elle va toujours en augmentant ; la décrépitude suit, & la mort termine ordinairement avant l’âge de quatre-vingt-dix ans la vieillesse & la vie.

Lorsque l’os est arrivé à son dernier période, lorsque les périostes ne fournissent plus de matiere ductile, alors les sucs nourriciers se deposent dans l’intérieur de l’os, il devient plus solide, plus massif & spécifiquement plus pesant ; enfin la substance de l’os est avec le tems si compacte, qu’elle ne peut plus admettre les sucs nécessaires à cette espece de circulation qui fait la nutrition de ses parties ; dès-lors cette substance de l’os doit s’altérer, comme le bois d’un vieil arbre s’altere, lorsqu’il a une fois acquis toute sa solidité. Cette altération dans la substance même des os est une des premieres causes qui rendent nécessaire le dépérissement de notre corps.

Plus la force du cœur est grande & agit long-tems, plus le nombre des vaisseaux diminue, & plus les solides sont forts : d’où il arrive que la forcé des solides devient immense dans l’extrème vieillesse ; enfin les canaux trop résistans ne peuvent être étendus davantage par les liquides, toutes les parties doivent tomber dans une ossification sans remede. On a bien raison de se moquer de ces charlatans, qui se vantent de pouvoir écarter cette ossification par des élixirs fortifians. La méthode de Médée qui, par des alimens & des bains émolliens, nourrissoit, humectoit les corps desséchés, étoit au-moins une idée plus raisonnable.

Les cartilages qu’on peut regarder comme des os mous, reçoivent, ainsi que les os, des sucs nourriciers qui en augmentent peu-à-peu la densité, à mesure qu’on avance en âge ; & dans la vieillesse, ils se durcissent presque jusqu’à l’ossification, ce qui rend les mouvemens des jointures du corps très-difficiles, & doit enfin nous priver-de l’usage de nos membres extérieurs.

Les membranes dont la substance a bien des choses communes avec celle des cartilages, prennent aussi à mesure qu’on avance en âge plus de densité & de sécheresse ; celles, par exemple, qui environnent les os, cessent d’être ductiles dès que l’accroissement du corps est achevé, c’est-à-dire dès l’âge de dix-huit à vingt ans ; elles ne peuvent plus s’étendre, elles commencent à augmenter en solidité qui s’accroît à mesure qu’on vieillit ; il en est de même