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Nous avons encore un assez grand nombre de statues de la Victoire, dans les divers cabinets d’antiquités ; ce sont en petit des copies, dont les originaux embellissoient les temples & les places de Rome. On en trouvera quelques représentations dans M. de la Chausse, le P. Montfaucon, & autres antiquaires. On n’offroit en sacrifice à cette divinité, que les fruits de la terre, c’est qu’elle les consomme. Une Victoire posée sur une proue de navire, désigne une victoire navale. Ce sont de nos jours celles qui sont les plus glorieuses & les plus utiles. C’est à l’Angleterre qu’appartiennent ces sortes de triomphes. (D. J.)

Victoire, (Iconol.) on la représente communément assise sur un trophée d’armes, ayant des aîles, & tenant une couronne de laurier d’une main, & de l’autre une branche de palmier. Voyez Victoire, Mythol.

Victoire, (Art numism.) la figure de la Victoire, est un des types les plus fréquens sur les médailles de tous les empereurs. Elle y est représentée en cent manieres différentes ; on y voit souvent avec elle le bouclier, tantôt suspendu à une colonne, tantôt entre les mains de la déesse, & les mots abrégés S. P. Q. R. quelquefois en légende sur le contour de la médaille, quelquefois gravés sur le bouclier même. Nous avons entre les consécrations d’Auguste, une médaille, où, d’un côté, est la tête d’Auguste, avec la légende divus Augustus pater ; au revers, la Victoire, sans autre légende que S. C. Dans une autre médaille de cet empereur, on voit la Victoire gravée sur le revers, ayant le pié sur un globe, les aîles étendues comme pour voler, portant de sa main droite une couronne de laurier, & de sa gauche l’étendart du prince. Dans une troisieme médaille du même empereur, on voit la Victoire assise sur les dépouilles des ennemis, ayant un trophée planté devant elle, & portant un bouclier, avec ces mots victoriæ Augusti. Sur le revers d’une médaille d’argent de L. Hostilius, la Victoire se trouve dépeinte portant d’une main le caducée, qui est la verge de paix de Mercure, & de l’autre un trophée des dépouilles des ennemis. Voilà la vraie Victoire, digne d’éloges. (D. J.)

Victoire de S. Michel sur le diable, (Peinture.) fameux tableau de Raphaël. Dans les conférences de l’académie de peinture recueillies par Félibien, la premiere traite des perfections du dessein & de l’expression de cet admirable tableau. J’y renvoie les curieux. Ils y trouveront en même tems d’excellentes remarques, qui ne peuvent qu’être utiles aux gens de l’art, & très-agréables aux amateurs, surtout s’ils ont sous les yeux quelque estampe choisie du tableau. Mais pour doubler le plaisir, il faut y joindre la description sublime que Milton fait du combat & de la victoire de S. Michel sur le diable, dans son paradis perdu, paradise lost. Book vj. v. 300, &c.

For likest Gods they seem’d,
Stood they or mov’d, in stature, motion, arms,
Fit to decide the empire of great Heanv’n.
Now wav’d their fiery swords, and in the air
Made horrid circles ; two broad suns their shields
Blaz’d opposite, while expectation stood
In horror : from each hand with speed retir’d,
Where erst was thictkest fight, th’angelic throng ;
And lest large field, unsafe within the wind
Of such commotion : such as (to set forth
Great thinks by small) is natur’s concord broke,
Among the constellations ware were sprung,
Two planest rushing from aspect malign
Of fiercest opposition, in mid-sky,
Should combat, and their jarring sphears confound
.....

« Ils ressembloient à des dieux, soit qu’ils se tinssent de pié ferme, soit qu’ils allassent en avant ; leur stature, leurs mouvemens, & leurs armes, montroient qu’ils étoient propres à décider du grand empire du ciel. On les voyoit tourner avec une rapidité incroyable leurs épées flamboyantes, qui traçoient par les airs d’horribles spheres de feu. Leurs boucliers, tels que deux grands soleils, resplendissoient vis-à-vis l’un de l’autre. Ce grand spectacle suspendit le mouvement des deux partis, saisis d’horreur, &c.... »

Je donne le reste a traduire aux plus habiles.

Victoire, (Sculpt. antiq.) petite statue d’or, d’ivoire, & autres matieres, que les anciens mettoient ordinairement dans la main de leurs idoles. Il y en avoit entr’autres une fort belle que Verres avoit détachée à Enna d’une grande statue de Cérès. Il en avoit ôté plusieurs autres d’un ancien temple de Junon bâti sur le promontoire de Malte. Denys l’ancien ne se faisoit point aussi de scrupule d’enlever de semblables petites victoires d’or que les dieux tenoient à la main, & qu’à l’entendre ils lui présentoient eux mêmes. Je ne les prends pas, disoit-il, je les accepte. C’est être doublement coupable, de voler les dieux, & d’en rire. (D. J.)

VICTORIA, (Géog. anc.) 1°. ville de la Grande-Bretagne, que Ptolomée, l. II. c. iij. donne aux Danii ; c’est présentement Caer Gaich, selon Camden ; 2°. ville de la Mauritanie césarienne ; Marmol dit qu’on la nomme aujourd’hui Agobel.

Victoriæ-juliobrigensium Portus, (Géog. anc.) port de l’Espagne citérieure. Pline, liv. III. ch. xx. qui y met une ville de même nom, la donne aux Vardules. C’est aujourd’hui Sant-Andero, appellé par Mariana, Sancti Emederrii portus.

VICTORIAT, s. m. terme d’antiquaire ; le p. Hardouin nomme ainsi deux médailles consulaires d’argent, au revers d’une victoire assise, sous laquelle est le mot victrix. Elles sont gravées à l’année 1681 du journal des savans. (D. J.)

VICTORIEUX, adj. (Gramm.) qui a remporté la victoire. On dit, un prince victorieux, une armée victorieuse. Jesus-Christ est demeuré victorieux du vieux serpent, du péché, de la mort & de l’enfer ; un raisonnement victorieux, une piece victorieuse, une grace victorieuse.

VICTUAILLES, s. f. (Gramm.) terme de commerce de mer, qui signifie les vivres ou provisions de bouche qu’on embarque dans un vaisseau. Diction. de commerce.

VICTUAILLEUR, s. m. term de Commerce de mer, celui qui fournit les victuailles ou vivres d’un vaisseau marchand. Voyez Victuailles.

VICTUMVIAE, (Géog. anc.) entrepôt ou lieu de marché en Italie, dans la Cispadane. Tite-Live, l. XXI. c. lvij. dit que les Romains avoient fortifié ce lieu durant la guerre qu’ils avoient eue avec les Gaulois, & les peuples des environs s’y étoient retirés comme dans un lieu de sûreté. Annibal ayant pris Victumviæ, pilla & ruina entierement ce lieu. (D. J.)

VICUS, (Géog. anc.) ce nom latin, qui signifie dans son origine une rue, un quartier, s’est donné dans la suite en géographie, avec des épithetes distinctives, à des villages, à des bourgs & à plusieurs lieux assez considérables, dont voici des exemples.

Vicus-Apollonos, lieu d’Egypte au-delà du Nil, entre Thèbes & Coptos, selon Antonin.

Vicus-Aquarius, lieu de l’Espagne tarragonoise, sur la route d’Asturica à Sarragoce.

Vicus-Augusti, nom de deux lieux de l’Afrique propre, l’un sur la route d’Hippone à Carthage, l’autre sur la route de Carthage à Sufetula.