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à Paris, & de l’hôtel-de-ville de Lyon.

Vestibule tétrastyle. Vestibule qui a quatre colonnes isolées & respectives à des pilastres ou à d’autres colonnes engagées ; tel est le vestibule de l’hôtel royal des Invalides. Daviler. (D. J.)

VESTIGES, TRACES. (Synon.) Les vestiges sont les restes de ce qui a été dans un lieu ; les traces sont des marques de ce qui y a passé. On connoit les vestiges ; on suit les traces. On voit les vestiges d’un vieux château : on remarque les traces d’un cerf ou d’un sanglier.

Vestiges ne se dit qu’au pluriel ; trace se dit indifféremment au singulier & au pluriel. Il n’y a point d’artifices que les scélérats ne mettent en usage pour cacher la trace ou les traces de leurs cruautés ; enfin trace paroit d’un usage plus étendu que vestiges, soit en propre, soit au figuré ; il est aussi plus beau en poésie.

Mais l’ingrate à mon cœur reprit bientôt sa place.
De mes feux mal-éteints je reconnus la trace. Racine.

(D. J.)

VESTINI, (Géog. anc.) peuples d’Italie ; ils habitoient dans l’Abbruze sur les deux bords de l’Aternus, depuis la source de ce fleuve jusqu’à la mer. Tite-Live, Polybe, Pline & Ptolomée en font mention. (D. J.)

VESTRY, (Hist. mod. d’Angl.) c’est le nom qu’on donne à l’assemblée des marguilliers & autres principaux paroissiens qui s’assemblent dans la sacristie, pour y décider, & y régler tout ce qui concerne les ornemens, les réparations & les changemens qu’il convient de faire dans les églises dont ils sont membres. (D. J.)

VESULUS MONS, (Géog. anc.) montagne d’Italie, & l’une de celles qui forment les Alpes. C’est dans cette montagne, selon Pomponius Mela, l. II. c. iv. & Pline, l. III. c. xvj, que le Pô prend sa source ; elle s’éleve extrêmement haut, & elle conserve encore son ancien nom ; car on la nomme le Mont-visoul. Servius dit que Virgile (Georg. l. II. v. 224.) a voulu parler de cette montagne dans ces vers, sous le nom de Vesevus.

Talem dives arat Caputa, & vicina Vesevo,
Ora jugo, & vacuis Clanius non æquus Acerris.

Mais le sentiment de Servius ne peut se soutenir ; car outre que Virgile ne parle dans cet endroit que de lieux de la Campanie, on ne trouvera pas que le mont Vesulus ait été jamais appellé Vesevus, au lieu que Virgile n’est pas le seul qui ait donné au mont Vesuve celui de Vesevus.

2°. Vesulus mons, montagne d’Italie dans la Pouille, selon Vibius Sequester. Ortelius croit que c’est cette montagne que Virgile surnomme Pinnifer au dixieme livre de l’Eneïde. (D. J.)

VESUNA, (Géog. anc.) Vesunna, Vessuna, Vesonnai ; cette ville, l’ancienne capitale des Petrocorii, prit sous le bas-empire le nom de son peuple : c’est la ville de Perigueux, qui ayant été ruinée plusieurs fois, conserve à peine les traces de sa premiere étendue & de son ancienne splendeur : on y voit quelques inscriptions, tutelæ aug. vesunæ secundus sote F. dic. des restes d’un amphitéatre, locus arenarum Petragore. Epitom. épiscop. Petragor. Biblioth. labb. t. II. p. 739, & de quelques autres monumens anciens, & une tour d’un ouvrage curieux qui conserve le nom de la ville, la tour de la Visone ; elle est dans l’ancienne ville qu’on appelle la Cité, à l’occident de la nouvelle. (D. J.)

VÉSUVE, (Géog. mod.) montagne d’Italie au royaume de Naples, dans la terre de Labour, fameuse par ses incendies & par les feux & les cendres qu’elle jette en abondance. On l’appelle dans le pays Vesuvio, & Monte di somma, à cause d’un château de ce nom qui étoit bâti tout auprès.

Ce n’est que depuis le regne de la famille Flavienne, c’est-à-dire, depuis Vespasien, que le mont Vésuve a été nommé dans les auteurs l’émule du mont Ætna. Tous les écrivains qui en ont parlé auparavant font l’éloge de sa beauté, de la fertilité de ses campagnes, & de la magnificence des maisons de plaisance bâties aux environs : ceux qui sont venus depuis l’ont dépeint comme un goufre de flammes, de feu & de fumée. Pline le jeune, l. VI. épist. xvj. en décrivant l’embrasement de cette montagne si fatale à son oncle par la curiosité qui le porta à s’approcher trop près pour examiner ce prodige, dit que son oncle a péri par une fatalité qui a désolé de très beaux pays, & que sa perte a été causée par un accident mémorable, qui ayant enveloppé des villes & des peuples entiers, doit éterniser sa mémoire.

Cette redoutable montagne est située au milieu d’une plaine, environ à huit milles de la ville de Naples, en tirant vers le midi oriental. Les quatre premiers milles se font entre plusieurs bons villages, en suivant le bord de la mer : ces endroits sont bien cultivés, & ne paroissent pas avoir jamais été exposés aux ravages du volcan, encore que cela leur soit souvent arrivé.

La base de cette montagne peut avoir environ dix lieues de circuit, & vers les deux tiers de sa hauteur, elle se partage en deux pointes distantes l’une de l’autre d’environ 500 toises ; la plus septentrionale se nomme Somma, & l’autre est à proprement parler le Vésuve. Il est vraissemblable que ces deux pointes n’étoient autrefois qu’une seule montagne qui s’est divisée par les différentes éruptions peu-à-peu, & à la suite de plusieurs secousses éloignées les unes des autres.

Pour arriver au volcan, on commence à monter à un village nommé Resina, à cinq quarts de lieue de Naples ; & quoique le chemin soit rude, on peut cependant se servir de mulets. Après avoir traversé environ trois quarts de lieue de pays fertile & bien cultivé, on rencontre une espece de plaine remplie de gros éclats de pierres, de torrens immenses de ces matieres semblables à du fer, ou à du verre fondu que le volcan a répandu dans ses éruptions, & entrecoupée de ravines profondes qui sont autant de précipices. Cette plaine traversée, on arrive enfin au pié de cette partie de la montagne qui prend la forme d’un cône tronqué ; alors il faut quitter nécessairement les mulets, & grimper à pié le long de cette montagne, aidé si l’on veut par des paysans qui gagnent leur vie à rendre ce service aux curieux. Cette partie du trajet est la plus difficile, le terrein n’étant composé que des cendres que le volcan a vomies dans le tems de ses éruptions, & d’éclats de pierres très-aigus, toujours prêts à rouler sous les piés.

Le sommet du Vésuve est élevé au-dessus du golfe de 595 toises. Ce sommet n’est ni une pointe, ni une plaine, mais une espece de trémie ou de bassin d’une figure un peu ovale, dont le grand diametre dirigé à-peu-près de l’est à l’ouest, peut avoir un peu moins de 300 toises, & dont la profondeur est de 80 ou 100 toises. On peut librement se promener sur la circonférence de ce bassin, dont le fond paroît rempli d’une matiere brune à-peu-près horisontale, qui cependant offre en plusieurs endroits des monticules & des crevasses, & paroît interrompu par de grandes cavités : ce sont-là les bouches du volcan par lesquelles il sort en tout tems une épaisse fumée qui s’apperçoit de très-loin. Il vient quelquefois des coups de vent qui chassent tout-d’un-coup cette fumée tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, ce qui permet alors de voir le haut de l’ouverture.

Dans le tems où le volcan est tranquille, on peut se hazarder à descendre dans le fond du bassin ; mais il y a de l’imprudence à pousser si loin sa curiosité ;