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vent encore cette pratique. (Voyez Huxam, essai sur les fiévres) mais on préfere plus communément le camphre. Il est encore des dispositions dans les sujets relatives peut-être encore au tems de la maladie qui peuvent varier les effets de ces remedes ; nous ne saurions mieux le prouver que par le morceau suivant de l’histoire des maladies qui regnerent en 1700 à Breslau, consignée dans les actes des érudits de l’année 1701, de ophtalmia hoc aiunt, quod membrum collegii hujus dignissimum apposito circà aurem sinistram in loco oculo affecto vicino, vesicatorio, duplex damnum percepit ; quam primùm cantharides virtutem suam exercuissent, saporem in ore sentire sibi visus est xibetho analogum, qui, quoad vesicatoria eodem in loco relinquebantur, perdurabat, & nauseam creabat ; dolor in dies, imò horas singulas, vesicis humorem plorantibus, exacerbebatur, & lippitudo adeò augebatur ut singulis momentis oculus aquam stillaret. Quâ re permotus vesicantia post triduum ex eo loco in pedem sinistrum transferebat, ex quo duplex iterum enascebatur observatio, quod intra nicthemeri spatium, vesica emplastro etiam fortissimo, vix excitari potuerit propter serum ad superiora versum ; quod quamprimùm vesicæ in pede stillare incipiebant in momento quasi dolor oculi remitteret. A l’égard du pansement des vésicatoires, voyez Vésicatoires, Chirurgie.

En genéral, les vésicatoires s’emploient utilement (outre les maladies de poitrine dont nous avons déja parlé) contre les douleurs de tête, les ophthalmies, les fluxions sur les dents, sur les oreilles, l’épilepsie, la catalepsie, les phrénésies symptomatiques, les petites véroles dont l’éruption est lente & difficile, dans les fievres pourpreuses, dans les douleurs rhumatismales, les douleurs sciatiques, dans la goutte, &c. Ils sont encore bons dans les fievres pestilencielles, quoique quelques auteurs ne les approuvent pas dans ces maladies. Voyez Prosper Alpin, de medicina méthodica.

Riviere les recommande beaucoup dans ces dernieres fievres, de même que dans les malignes, & il ne se borne pas à un seul vésicatoire, mais il veut qu’on en mette jusqu’à cinq à la fois sur différentes parties du corps. Voyez de febribus, sect. iij. caput j. Dans quelques douleurs de tête ou d’oreilles, ces remedes ont encore l’avantage de pouvoir être appliqués sans nuire à la coction & à la suppuration des matieres comme le font les saignées, qui dans un pareil cas furent funestes à l’homme d’Halicarnasse dont parle Hippocrate. Enfin, dans tous les cas où l’on a les solides à revivifier, pour ainsi dire, à remonter toute la machine, à en évacuer les sérosités épanchées qui sont trop éloignées des couloirs, ou qui ne peuvent pas y être poussées par des solides qui ont perdu leur ressort, que le pouls est foible & intermittent, les vésicatoires peuvent faire beaucoup de bien.

Ils sont également utiles pour procurer des révulsions très-favorables dans quelques maladies chirurgicales. Celse dit que lorsque l’humeur formant le cal dans les fractures est trop copieuse, il convient d’appliquer au membre opposé un sinapisme, c’est-à-dire, un vésicatoire, pour y attirer une partie de cette humeur. Voyez liv. VIII. chap. x.

On applique les vésicatoires à-peu-près sur toutes les parties du corps, en évitant de les placer sur les organes délicats. Les Anglois les prodiguent ordinairement, ils en couvrent quelquefois toute la tête ; quelques autres médecins de cette nation appliquent ces remedes sur le côté même de la douleur dans les pleurésies, & ils y employent un vésicatoire de la largeur de la main. M. Pringle ajoute même que si on l’applique à tout autre endroit, il peut augmenter la maladie, mais en agissant directement sur la partie, il résoud l’obstruction & écarte par-là la fievre.

Voyez malad. des armées, tom. I. pag. 222. Voilà une assertion qui n’est pas tout-à-fait conforme à celle de Baglivi, & que nous laissons à discuter aux praticiens ; il paroît cependant vraissemblable que la fievre générale qu’excitent les vésicatoires peut atteindre de partout les obstructions dont parle M. Pringle, principalement quand l’application du remede se fait sur des parties qui correspondent à l’organe affecté ; or la correspondance des extrémités avec la poitrine est tous les jours confirmée dans la pratique par des enflures aux jambes dans les pleurésies, les péripneumonies, les phthisies, &c. Il semble d’ailleurs que cette derniere méthode fait moins de violence à la nature, qu’il est toujours prudent & utile de suivre & de ménager ; on ne voit donc pas comment elle pourroit augmenter la maladie, sans parler de l’écartement de la fievre, que M. Pringle paroît avoir à cœur, & dont beaucoup de grands médecins croyent la présence nécessaire, au moins durant quelque tems, pour la coction des matieres & leur expectoration.

Les contre-indication ; de l’application des vésicatoires sont les blessures à la tête, accompagnées de vomissemens & de la perte des sens, la présence ou la menace des convulsions, le délire, la fievre aiguë, l’état de grossesse, l’écoulement des menstrues, &c. certains tempéramens chauds & ardens. Voyez Baglivi, cap. ij. §. 2. de usu & abusu vesicant. Baglivi ajoute les climats chauds, comme ceux de Rome, mais il paroît que cette crainte est vaine ; il n’y a dans ce cas qu’à modérer la dose des cantharides. C’est avec cette précaution qu’on les emploie tous les jours dans quelques provinces méridionales du royaume où les chaleurs ne sont guere moins vives qu’en Italie. Outre ces cas indiqués par Baglivi dans les maladies de poitrine qui se manifestent par une douleur fixe & une espece d’engourdissement, les vésicatoires sont mortels suivant Hippocrate, dolor in pectore fixus cum torpore malum denuntiat ; hi si subortâ febre exesiuant, celeriter mortem oppetunt. Voyez proedictor. lib. I. sect. ij. Les vésicatoires sont encore contre-indiqués dans les hydropisies avec infiltration de tout le tissu cellulaire, par le risque que les ulceres produits par ces remedes ne tournent en gangrene. Il faut autant qu’on le peut ne pas attendre l’extrémité pour employer les vésicatoires dans quelques maladies aiguës ; il faut surtout ne pas les appliquer sans avoir préalablement consulté plusieurs symptomes qui doivent décider sur le choix de la partie où doit se faire cette application. Il est par exemple de la derniere importance de regarder aux hypocondres ; Voyez là-dessus Hippocrate, padict. lib. I. sect. ij. de pareilles négligences, lorsqu’elles arrivent, deshonorent l’art & l’ouvrier ; c’est la marque la plus complette du vuide & du faux des médecines routinieres.

Des caustiques. Les caustiques composent la classe des épispastiques les plus actifs, & dont les effets sont le plus marqués. Voyez Caustique, Chimie & Médecine.

Les sonticules ou cauteres. Ces épispastiques sont du nombre de ceux dont nous avons dit que les effets étoient mixtes par la raison qu’ils évacuent les matiere ; séreuses contenues dans le tissu cellulaire, par une dérivation méchanique, aidée d’un petit stimulus dans les nerfs qui favorise cette évacuation. Vanhelmont, qui avec son enthousiasme ordinaire a déclamé debacahatus, comme le dit M. de Vanswieuten contre les cauteres, apporte des raisons qui méritent qu’on prenne la peine de les lire. Il prétend qu’on se trompe ridiculement de prendre pour un écoulement de la matiere morbifique le peu de sérosité ou de sanie que fournit un cautere dans les maladies chroniques ; que cette sérosité n’est qu’une