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décrit un cercle autour de cette plante, & qu’on la cueille de la main gauche avant d’avoir vu le soleil ou la lune, on sera heureux dans tout ce qu’on entreprendra ; mais si on la cueille de la droite, tout arrivera de travers. On lit dans quelques auteurs que si on fait mâcher de cette herbe aux enfans, leurs dents viendront sans douleur. On la dit bonne aussi contre les convulsions & contre les charmes. Quelques-uns estiment la racine de verveine bonne à être portée en amulette contre les tumeurs scrophuleuses ; & il faut qu’elle soit attachée au col de la main d’une vieille.

La verveine est apéritive, détersive, fortifiante & fébrifuge. Les feuilles infusées dans du vin sont bonnes dans la chlorose & dans la jaunisse. La poudre des feuilles est bonne pour l’hydropisie, & le suc guérit les fievres intermittentes. Une infusion des feuilles faite en maniere de thé est bonne dans la passion hystérique.

Les feuilles pilées & appliquées en forme de cataplasme, sont un très-bon résolutif dans les douleurs de côté & dans la pleuresie. Le peuple croit que cette application attire en-dehors le sang dont l’arrêt cause ces maux. L’eau distillée de cette plante, aussi bien que son suc, guérit l’inflammation des yeux, est bonne dans les plaies, augmente le lait des nourrices, brise & chasse la pierre de la vessie, & donne du soulagement dans la colique venteuse. Extrait du dictionnaire de médecine de James.

Nous ne croyons pas inutile de donner de tems en tems quelques échantillons de la maniere des pharmacologistes tant anciens que modernes. Au reste il n’y a qu’à prendre les assertions positives sur les vertus de cette plante pour le simple énoncé de ses usages ou pour les prétentions des auteurs, & l’on aura ce que nous savons de plus réel sur cette plante.

Ses feuilles entrent dans l’eau vulnéraire, la poudre contre la rage, & l’emplâtre de bétoine, & les sommités fleuries de l’huile de scorpion composée, &c. (5)

Verveine, (Littér.) cette plante étoit chez les Romains fort en usage dans leurs cérémonies religieuses ; on en balayoit les autels de Jupiter ; on se présentoit dans les temples couronné de verveine ; on tenoit à la main de ses feuilles lorsqu’il falloit appaiser les dieux. Quand il s’agissoit de chasser des maisons les malins esprits, on faisoit des aspersions d’eau lustrale tirée de la verveine.

Il faut cependant remarquer que les Latins appelloient verbenæ, verbena, verbernaca, hierabotane, non-seulement la verveine, mais en général diverses sortes d’herbes, de branches, de feuilles d’arbres vertes, & cueillies dans un lieu sacré. Ils s’en servoient pour les couronnes des héraults d’armes lorsqu’on les envoyoit annoncer la paix ou la guerre. C’est pourquoi Térence a dit :

En ara, hinc sume verbenas tibi.

« Prenez des herbes sacrées de cet autel ».

Et Horace, ode II. l. IV. vers. 7 :

Ara castis
Vincta verbenis.

« L’autel est environné d’herbes sacrées » ; car il ne s’agit pas ici de la seule verveine.

Il n’en étoit pas de même des Druïdes ; ils étoient entêtés des prétendues vertus de la verveine en particulier ; ils ne la cueilloient qu’en y mêlant beaucoup de superstitions ; ce devoit être à la pointe du jour, au moment que la canicule se levoit, & après avoir offert à la Terre un sacrifice d’expiation ; cette plante passoit chez eux comme un souverain remede pour guérir toutes sortes de maladies, mais de plus comme un moyen de réconcilier les cœurs que l’inimitié avoit aliénés. (D. J.)

VERVELLES, (terme de riviere.) especes de gonds placés dans la quille d’un bateau foncet, auxquelles le gouvernail est accroché.

Vervelle, (terme de Fauconnerie.) c’est une espece de petit anneau ou de plaque qu’on attache au pié de l’oiseau de proie, où sont les armes du seigneur à qui l’oiseau appartient.

VERVEUX, CLIVETS, RAFLES, ENTONNOIRS, RENARD, termes synonymes de Pêche, c’est une sorte de filet rond qui va toujours en pointe, l’ouverture de ce filet est faite d’un demi cercle & d’une traverse par le bas ; plusieurs cercles qui vont toujours en diminuant se soutiennent ouverts ; il y a à l’entrée un filet qui prend de l’ouverture du verveux & diminue comme un entonnoir, c’est par le bout de ce filet, que l’on nomme le goulet, qu’entrent dans le verveux les poissons qui y sont conduits, & d’où ils ne peuvent plus sortir, parce-que le goulet se dilate quand le poisson se présente pour entrer, & pour que le goulet demeure toujours en état, il est soutenu par quatre ou six petites ficelles qui le font toujours rester dans le milieu du verveux.

Pour conduire le poisson dans ce piege, il y a deux filets, un de chaque côté, que l’on nomme les aîles, & qui sont d’inégales longueurs ; ces filets sont garnis de flots par le haut, & chargés de pierres par le bas : le même filet dans les rivieres est garni de plomb au-lieu de pierres.

Quand on veut mettre le verveux ou raste à la mer, on le place dans un endroit convenable ; on amarre le bout du filet à une grosse pierre que l’on appelle cabliere, au moyen d’un bout de corde attachée à chaque cercle du verveux, & dont le nombre est proportionné à sa longueur ; il y a de même comme au bout, une cabliere ou grosse ralingue amarrée à chaque bout de la traverse de l’ouverture ; & au-haut du demi-cercle de l’ouverture, il y a un fort cordage de quelques brasses de long, dont le bout qui tire cet engin & le fait tenir debout, est frappé sur une grosse pierre. Le corps du verveux à son ouverture peut avoir environ quatre piés de haut & huit piés de large ; les bouts des deux filets qui forment les aîles entourent toute cette ouverture, afin que le poisson qu’ils conduisent dans cet instrument n’en puisse échapper : on met aussi une grosse cabliere à chaque bout des aîles : on place le verveux le bout à la mer, & l’ouverture du côté de terre, & si la marée, par exemple, se porte à l’ouest, l’aile du côté de l’est doit être plus courte que celle du côté de l’ouest ; la premiere aura huit brasses, & la seconde seize ou dix-huit, plus ou moins, selon que l’on le juge convenable pour arrêter le poisson qui se trouve à la côte après la pleine mer & le conduire dans le verveux ; les aîles font pour cet engin le même effet que les chasses pour les parcs & pêcheries ; ces aîles ont environ une brasse de haut comme les tramaux : on prend dans le verveux de toutes sortes de poissons, tant plats que ronds, & on fait cette pêche toute l’année ; elle ne peut être interrompue que par les tempêtes qui faisant rouler & venir à la côte les grosses pierres auxquelles le verveux est amarré, déchirent & brisent ces sortes d’instrumens.

Les mailles qui composent le corps, le goulet, & les aîles du verveux, sont de divers calibres, & de fils de différentes grosseurs ; les mailles du corps ont environ dix-huit lignes ; celles du goulet ont quinze lignes ; celles des ailes sont de l’échantillon des seines ou mailles des harengs, & ont environ treize lignes. Le peu de dépense que coute un pareil instrument, & la facilité de s’en servir, a excité grand nombre de pêcheurs riverains à s’en servir, Voyez la fig. 4. Pl. IV. de pêche.

Il y a encore une autre sorte de verveux en usage dans le ressort de l’amirauté de Dieppe. Ce verveux a