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figures 3 & 4. L’extrémité où est placée la gueule de la carquaise est dite devant de la carquaise.

La gueule s’étendant à sept piés de b en 1, if reste cinq piés jusqu’à l’autre paroi de la carquaise de 1 en 3, on prend la partie 3, 2 = 18 pouces pour l’ouverture du tisar de devant, & il reste 1, 2 = 3 piés & demi pour l’épaisseur de la maçonnerie, qui est entre la gueule de la carquaise, & celle du tisar. Cette maçonnerie a besoin d’une certaine force étant destinée à soutenir l’effort des voûtes, tant de la gueule de la carquaise que du tisar. A la distance. 3, 4 = 6 pouces du devant de la carquaise, on forme des relais 4, 5, 6, 7, = 3 pouces chacun, pour placer la porte du tisar, au moyen de quoi le tisar, au lieu où l’on forme les piés droits qui doivent soutenir sa voûte, a un pié de largeur ou d’ouverture de 5 en 6, & quinze pouces de long de 5 en 8 ; bien entendu que l’espace de 3 en 8 est occupé par la maçonnerie qui sépare le tisar d’avec le cendrier qu’on pratique au-dessous, comme on peut le voir par les figures 3, 4, qui expriment les élévations tant intérieures qu’extérieures du devant de la carquaise. On voit dans ces mêmes figures que le tisar est ceintré à environ quinze pouces d’élévation. Le tisar depuis le point 8 s’avance encore de deux piés & demi dans l’intérieur de la carquaise. Le tisar entier s’avance donc de quatre piés trois pouces dans la carquaise ; les barreaux du tisar qui commencent en 8 sont d’environ huit pouces, au-dessous de 8 & du pavé du four, pour empêcher les braises de tomber sur ce pavé. La maçonnerie qui se trouve entre le tisar de devant & la gueuse de la carquaise, avance de trois piés de 2 en 9, dans la carquaise ; l’épaisseur de la gueule 1 f= un pié, & de f en x la maçonnerie fait avec f 1 un angle tel que xf = deux piés & demi.

Le tisar qui se trouve à l’autre extrémité de la carquaise, & qu’on appe le le tisar de derriere, est fait comme celui de devant, avec la différence qu’il est placé au milieu de la carquaise. Il a dix-huit pouces de large & cinq piés de long du devant de sa gueule à son extrémité. Pour qu’il n’avance pas trop dans la carquaise, on lui fait déborder le devant de ladite carquaise de deux piés & demi, au moyen de quoi faisant le mur de la carquaise de deux prés & demi d’épais, le tisar ne prendra rien de l’intérieur. On fortifie le tisar d’une maçonnerie de deux piés d’épaisseur de chacun de ses côtés. Le tisar ou sa maçonnerie occupera donc cinq piés & demi de la largeur de la carquaise. Il restera donc trois piés trois pouces de chaque côté du tisar. La voûte du tisar forme l’entonnoir en approchant de la carquaise, fig. 2. du-moins quant à la hauteur, puisqu’à la gueule elle n’a que dix-huit pouces d’élévation, & à l’extrémité elle a environ trois piés.

A côté du tisar sont deux ouvertures E E, fig. 1. d’un pié trois pouces de large. On forme un petit relai à leur entrée pour les fermer d’une tuile. Ces ouvertures s’appellent lunettes des carquaises, ou par quelques uns gueulettes. Elles servent à faire passer des outils pour ranger les glaces, si par hasard elles ont pris une mauvaise position à l’extrémité de la carquaise. C’est pour favoriser cet usage que la lunette s’aggrandit vers l’intérieur de la carquaise où elle a trois piés de large. La voûte de la lunette est à plein ceintre, & augmente d’élévation comme la lunette a augmenté de largeur. La lunette est placée au milieu de yd, partie de la largeur de la carquaise qui reste de chaque côté du tisar ; on voit en fig. 5 & 6. la vue tant intérieure qu’extérieure du derriere de la carquaise.

La voûte de la carquaise prend dans sa longueur la forme qu’on remarque dans sa coupe longitudinale, fig. 2. Il est inutile qu’elle soit bien élevée ; ce

seroit même nuisible, en ce qu’on auroit un espace trop considérable à échauffer. Aux deux extrémités la voûte a environ trois piés de hauteur, & elle va en exhaussant jusqu’au milieu, qui a environ quatre piés, & où est la plus grande élévation.

Quant à la forme que prend la voûte dans la coupe latitudinale, on voit par les figures 4 & 6. que rien ne ressemble plus à une anse de panier. Les parois de la carquaise ne forment presque pas de piés droits, la voute commence presque sur le pavé.

Au-dessus de la voûte de la carquaise on forme en massif une planimétrie, qui se trouve élevée à environ douze piés de terre ; on la couvre de torchis, comme le dessus du four de fusion, & la sécheresse du lieu en fait un excellent magasin de pots prêts à attremper.

On éleve le mur du devant des carquaises à la hauteur convenable pour s’en servir à soutenir la charpente de la halle.

Les glaciers sont partagés dans leurs opinions au sujet des carquaises. Les uns veulent qu’elles soient ouvertes de plusieurs trous ou cheminées dans la voute : on en met ordinairement une au milieu de la carquaise, & deux à chaque extrémité. Les autres prétendent que de pareilles cheminées ne peuvent que nuire. Selon les premiers, les cheminées qui restent bien bouchées pendant tout le tems de la chauffe, & qu’on ouvre aussi-tôt que l’opération est finie, hâtent le refroidissement de la carquaise, & mettent les glaces en état d’en être plutôt tirées. Cette même raison alléguée pour, est tournée contre par les ennemis des cheminées. En effet, comment, disent-ils, peut-on regarder comme gradué un refroidissement qu’on cherche à presser par quel moyen que ce puisse être ? La maniere de raisonner des derniers me paroit plus relative à la définition que nous avons donnée de la recuisson des glaces : j’ai cependant fait de très-bonnes recuissons dans les carquaises à cheminées.

La définition de la recuisson conduit nécessairement à faire marger toutes les ouvertures de la carquaise d’abord après la coulée, & à les démarger ensuite peu-à-peu, à-peu-près comme on démarge la lunette d’une arche.

On appelle les parois de la carquaise mormues de la carquaise.

La bonté de la recuisson se reconnoit à la coupe. Une glace mal recuite se coupe difficilement, le diamant y prend mal : lorsqu’il y prend, le trait s’ouvre avec peine, quelquefois même la glace se casse & se met en pieces avant que le trait soit ouvert, & lorsqu’il se détache de la glace quelques morceaux qu’on tient avec la main, elle en est repoussée à-peu-près comme elle le seroit par un ressort qui se débanderoit contre elle. Je ne vois pas d’autre raison de ce phénomène, si ce n’est que la glace ayant été refroidie plus promptement qu’il n’eût été convenable, ses parties ont souffert un degré subit de contraction, qui en a fait comme des petits ressorts bandés. Par le coup de diamant ou les efforts que l’on fait pour l’ouvrir on rompt les petits ressorts à une des extrémités, & dès-lors on s’expose à toute leur violence, ils se débandent subitement, & suivant leur direction ils font un effet différent ; quelquefois la glace éclate, quelquefois le coup de diamant s’ouvre dans toute sa longueur, avec une rapidité incroyable.

Il se présente à la recuisson des glaces des phénomènes étonnans ; mais outre que ce n’est pas ici le moment d’entrer dans ce détail, comme l’explication que je chercherois à en donner pourroit devenir systématique, je me réserverai d’exposer ma façon de penser sur cet objet, dans une autre occasion.

Des apprêts. Lorsque les glaces sont recuites &