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soutenant avec des bâtons de, qui y sont fixés, d’autres engagent le pivot z entre les deux dents AB, BC, de l’instrument dont on voit le géométral (fig. 5. Pl. XXIII.), le profil (fig. 4.), & le perspectif (fig. 3.), on appelle cet outil chariot à potence : ce n’est qu’une barre de fer de sept piés de long, présentant à un des bouts deux parties AB, CB, que je nomme dents du chariot, qui ont environ cinq pouces de A en B, ou de C en B, & qui demeurent écartées d’environ trois à quatre pouces : à l’autre extrémité sont deux poignées EF, EG, pour poser les mains des ouvriers. Le chariot à potence est élevé sur des roulettes de fonte, de quatre pouces de rayon, & l’essieu, en y comprenant les deux moyeux, a environ dix-huit pouces, & est placé de maniere par rapport au reste du chariot, que DA ou DC= 8 pouces, tandis que DE = 6 piés 4 pouces : on voit combien les ouvriers qui sont en FG, ont de force pour enlever le pivot hors de son crapeau.

Lorsque le pivot est entre les dents du chariot, les ouvriers qui sont aux poignées tirent le chariot à eux, ou le poussent devant eux, suivant le lieu où on desire de mener la potence, tandis que ceux qui sont aux bâtons de de la potence, la soutiennent perpendiculairement au terrein.

La croix à essuyer la table est représentée (fig. 2. Pl. XXII.) ; son nom désigne son usage, ce n’est qu’un morceau de bois joint en croix à l’extrémité d’un manche AB ; on entoure de linge le bâton CD, qui est en croix au bout de AB, CD = 36 pouces, AB = près de dix piés, pour que l’ouvrier chargé de cet outil puisse porter CD à l’extrémité de la table, étant à l’autre extrémité, & en ramenant CD à lui, il essuye la table & en ôte toutes les saletés, cette opération se fait immédiatement avant de verser le verre sur la table.

La main (fig. 3. Pl. XXII.) est un instrument de cuivre ou de fer, destiné à accompagner le rouleau dans son mouvement, pour empêcher le verre de déborder par-dessus les tringles, par la pression du rouleau, la partie EHIK qui est vraiment la main, a six pouces de large sur environ huit de long & neuf lignes d’épaisseur. La courbarre EH sert à bien entourer le rouleau, pour qu’il ne passe pas de verre entre le rouleau & la main ; la main avec son manche a six piés de long ; le manche est de même matiere que la main, jusqu’en F, c’est-à-dire l’espace de trois piés, & il se joint à un manche de bois FG, aussi de trois piés, de la même maniere que nous avons expliqué l’emmanchement du sabre.

Il est inutile de dire qu’il doit y avoir deux mains, une à côté de chaque tringle : on peut voir l’action des mains dans la Planche XXIV. où sont représentées la table, le rouleau, les tringles, les mains, & la croix de linge, prêts à travailler, & la cuvette suspendue au-dessus de la table dans l’instant où l’on va la renverser.

Il ne nous reste à décrire que les outils de la troisieme espece.

Le procureur (fig. 2. Pl. XIX.), est un outil de fer, de six piés de long, à un des bouts duquel est une patte absolument semblable à celle d’un grapin ; il sert lorsque la glace est faite à lui former, en repliant son extrémité, un bourrelet connu sous le nom de tête de la glace, par lequel on puisse la prendre pour la pousser dans la carcaise, & pour l’y placer.

La pelle est l’instrument qui sert à pousser la glace dans la carcaise (fig. 5. Pl. XXII.) : c’est une plaque de fer battu LNMO, qui a environ quarante pouces de N en M, & trois pouces de N en L ; à la plaque LNMO, on joint un rebord LQPO de deux pouces, tel que par une de ses extrémités MOP ; la pelle se présente sous la forme rst.

Au milieu de LO, on adapte un manche en fer

RS de 18 pouces, auquel on en joint un autre de bois ST = 8 piés 6 pouces, ce qui donne à l’instrument la longueur de dix piés, qui lui est nécessaire pour accompagner la glace jusqu’à la gueule de la carcaise.

Lorsqu’on veut pousser une glace, on fait passer la partie NLOM sous la glace ; le rebord LQPO faisant résistance contre la tête de la glace, on n’a qu’à pousser la pelle pour pousser la glace en même-tems.

Le grillot n’est autre chose qu’une piece de bois, d’environ deux ou trois pouces d’équarrissage, avec laquelle on appuie sur la tête de la glace, en même-tems que la pelle la pousse pour l’empêcher de coder à l’effort de ceux qui poussent, & de laisser passer la pelle dessous. Le grillot doit avoir au-moins huit piés de long.

L’y grec (fig. 6. Pl. XXII.), sert à donner à la glace dans la carcaise, la position que l’on croit convenable ; ce n’est qu’un crochet de fer ab de deux pouces, avec lequel on prend la tête de la glace lorsqu’on veut la tirer, & avec lequel on peut aussi la pousser, si l’on en a besoin ; l’y grec a une pointe ac au-dessus du crochet, aussi de deux pouces ; le manche est tout de fer & a environ quinze piés.

Lorsqu’on a poussé la glace dans la carcaise, autant que peut le faire l’y grec, & qu’on l’a bien disposée, on acheve de la mettre en place ; avec un outil nommé la grande croix (fig. 1. Pl. XXV.) ; ce n’est qu’un morceau de fer 1. 2. qui a un pié de long sur quatre pouces de haut, & un pouce d’épaisseur. Il est emmanché d’un manche assez long pour atteindre l’extrémité de la carcaise.

L’usage de la grande croix est difficile, parce qu’à moins que cet outil ne soit bien exactement au milieu de la tête de la glace, il la fait tourner, & il est impossible de l’amener bien droit à la place qu’on lui destine : on seroit plus sûr de son opération, si on substituoit à la grande croix une pelle de la même forme que celle que nous avons décrite, mais qui n’eût que dix-huit pouces, & qui prendroit le nom de grande pelle, de la longueur de son manche.

Voila tous les instrumens nécessaires à la coulée : on va en voir l’usage dans la description de l’opération.

La coulée est précédée du rabotage de la carcaise, dont nous avons négligé de parler. Il consiste à faire passer d’un bout à l’autre de la carcaise & plusieurs fois, un rabot de bois dont on voit le géométral (fig. 2. Pl. XXV.), & le perspectif (fig. 3. même Planche), aussi-bien que le manche qui est en fer jusqu’en H, & en bois de K en I.

Cet outil est connu sous le nom de grand rabot. Le rabotage ôte les saletés qui seroient sur le pavé de la carcaise, & en unit les inégalités.

Nous nous servirons pour décrire la coulée, des quatre vignettes des Planc. XXII. XXIII. XXIV. XXV. où on a choisi les instans les plus intéressans de l’opération.

Lorsqu’on est prêt à couler, on débouche l’ouvreau à cuvette, & on se met en devoir de tirer la cuvette pleine hors du four. Pour cet effet, un ouvrier au moyen de la pince à élocher, donne passage sous la cuvette à la grande pince, dont un autre fait passer la partie h i (fig. 7. Pl. XX.) entre le siege & la cuvette.

Les deux crochets passent derriere la cuvette, chacun d’un côté, & aident l’action de l’ouvrier menant la grande pince qui, en tirant son outil, tire aussi la cuvette qui y pose ; la grande pince & les crochets menent donc la cuvette le long de la plaque D E (fig. 1. Pl. VI.), jusque sur la ferrasse du chariot qu’on a disposée au-bout de la plaque.

Un ouvrier souleve un peu la cuvette avec un ferret, dont il se sert comme d’un levier du second genre, & par cette action donne à la grande pince la li-