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La poche est le seul instrument nécessaire pour le tréjetage, lorsque le four est garni de tous ses pots ; mais s’il y avoit un pot de cassé, & qu’on fût obligé de remplir les cuvettes qui lui correspondent du verre des autres pots, il faudroit donner au tréjeteur des aides, pour porter sa poche pleine. Les aides du tréjeteur se serviroient de l’instrument (Pl. XX. fig. 5.), on le connoît sous le nom de gambier. C’est une barre de fer d’environ quarante pouces. Il y a au milieu du gambier, une échancrure e, dans laquelle on loge le manche de la poche auprès de la cueillere, & deux ouvriers portent le gambier, l’un de e en f, & l’autre de e en g.

Dans la vue de diminuer le nombre d’ouvriers, on peut employer, si l’on veut, le crochet (fig. 6. même Planche), pour tenir lieu de gambier. Cet outil ne demande l’emploi que d’un ouvrier, d’où on peut le nommer gambier à une main.

D’après le mouvement que l’on fait éprouver au verre pendant le tréjetage, il ne peut que se ressentir de l’agitation, & il est en effet rempli de bulles, de bouillons, qu’il n’avoit pas lorsqu’on l’a arrêté. Il est nécessaire de rechauffer avec force, pour lui rendre son état de finesse : ce tems de nouvelle chauffe, & l’action de remettre le verre dans son premier état, sont dits faire revenir le verre dans les cuvettes.

Lorsque le verre est bien revenu, ce qu’on connoît à l’inspection de larmes tirées des cuvettes, il ne faut penser qu’à le couler. Couler est l’opération par laquelle on donne au verre la forme de glaces.

Immédiatement après la revenue du verre, il seroit trop mou pour le travailler avec facilité : on lui donne de la consistance par une petite cérémonie.

L’opération de couler est trop compliquée pour décrire les outils, à mesure que nous en trouverons l’usage, comme nous avons faits dans les précédentes : ainsi nous prendrons le parti de décrire tous les outils, & on en verra l’usage en décrivant l’opération.

Il y a trois especes d’outils employés pour la coulée ; les uns sont destinés à tirer la cuvette du four, & à la mener au lieu de l’opération ; le, seconds concourent à la formation de la glace ; les troisiemes servent à la pousser dans le four destine à la recuire & à l’y placer.

Nous comptons parmi les premiers, la pince à élocher, la grande pince, les grands crochets, le ferret, le chariot à ferrasse. Parmi les seconds, le sabre, le grapin, la poche de gamin, le bulai, la table, les tringles, le rouleau, les tenailles, la potence, la croix à essayer la table, les mains ; & enfin parmi les derniers le procureur, la pelle, le grillot, l’ygrec, la grande croix.

On connoît la pince à élocher.

La grande pince, fig. 7. Pl. XX. est une grosse barre de fer arrondie par le haut, formant un talon en h, pour avoir occasion de s’en servir, comme de lévier, & présentant une partie platte de h en i, que j’appellerois volontiers la pelle de la pince. La grande pince a environ 7 piés de h en l, & sa pelle environ un pié de long sur trois pouces de large, & demi-pouce d’épaisseur.

Le grand crochet, fig. 8. Pl. XX. est moins gros, que la grande pince, est arrondi dans le haut, comme elle, & a onze piés de long, & six ou huit pouces de crochet.

On connoît le ferret.

Le chariot à ferrasse, dont on voit le géométral, fig. 9. Pl. XX. & le profil aussi-bien que le perspectif, fig. 1. & 2. Pl. XXI. sert à voiturer les cuvettes pleines du four à la carquaise[1], & à les ramener vuides.

L’outil dont nous entreprenons la description consiste en deux barres de fer mn, on, qui se réunissent en une seule, en np, connue sous le nom de queue du chariot. Au-bout de la queue du chariot sont deux poignées pour les mains de deux ouvriers, comme dans le chariot à tenaille.

Les branches mn, no se prolongent en s & en r, pour y fixer une tole ou ferrasse txyz, sur laquelle on pose la cuvette. La grandeur de la ferrasse est relative avec celle des cuvettes, pour pouvoir transporter de grandes cuvettes de 26 pouces sur 16 ; on en donne à la ferrasse 24 sur 18.

La longueur de la ferrasse détermine l’écartement des branches du chariot en mo ; on lui donne ordinairement 18 pouces.

Le charriot à ferrasse est monté sur des roues de fer de deux piés de diametre. L’écartement des branches regle la longueur de l’essieu. Il a environ 33 pouces d’un moyeu à l’autre.

Les branches du chariot doivent être pliées, comme on le voit dans le profil, fig. 1. Pl. XXI. de maniere que la partie ro qui porte la ferrasse touche terre ; que la partie mn qui pose sur l’essieu se trouve à une hauteur de terre à-peu-près égale au rayon de la roue, & que la queue np en se courbant en-haut, mette les poignées à une hauteur commode aux ouvriers.

Le chariot à huit piés de long dans son géométral, des poignées à l’extrémité de la ferrasse.

L’essieu est placé environ à 40 pouces du côté de la ferrasse.

Du point m, fig. 1. Pl. XXI. sur chaque branche du chariot part une branche de fer bien plus mince, qui s’éleve en faisant l’arc environ à 10 pouces au-dessus des branches du charriot, & qui à 10 pouces de l’essieu se réunit en 1, fig. 9. Pl. XX. avec celle & 1, qui part de l’autre branche, pour s’aller attacher ensemble en 2, sur la queue du chariot : ces deux petites branches se présentent, comme on le voit, fig. 2. Pl. XXI. en q, 1, 2, & &, 1, 2.

Lorsqu’on veut faire marcher le charriot, deux ouvriers appuyent sur les poignées pour enlever la cuvette de terre, & deux autres passent un de chaque côté du charriot, mettent une main sur 1, 2 ; & l’autre en 1 q, ou & 1, suivant le côté où ils se trouvent placés, & poussent devant eux le chariot.

Parmi les outils de la seconde espece, nous connoissons déjà le grapin, la poche du gamin & le balai.

Le sabre est un outil qu’on voit, fig. 1. Pl. XXIII. il a 4 piés de long ; le bout ab est la partie qui sert : c’est une plaque de cuivre, qui a environ 6 pouces de long sur deux de large, avec la forme qu’on lui remarque dans la figure. Le bout ab du sabre s’emmanche dans un manche de fer bc, qui à son tour est emmanché dans un manche de bois cd. On voit, fig. 2. Pl. XXIII. la maniere dont toutes les parties du sabre sont unies. Le manche de fer présente une feuillure 1, 2, dans laquelle la lame de cuivre s’engage, & où elle est fixée par des cloux qui passent au travers du tout. Le manche de fer a à son autre extrémité une lame qui s’engage dans une feuillure 3, 4, pratiquée au manche de bois.

La table est sans contredit un des outils les plus importans de la glacerie ; c’est un solide de cuivre, qui présente une surface supérieure OPQR, fig. 3. Pl. XIV. bien unie & exempte d’inégalités. La longueur & la largeur de la table dépendent de la grandeur des glaces qu’on veut y travailler. On n’en a pas fait dont les dimensions passassent dix piés sur six. L’épaisseur de la table est relative à ses autres dimensions ; plus la table sera grande, plus aussi il faudra qu’elle soit épaisse : celle dont nous donnons le plan a 4 pouces d’épaisseur, fig. 4.

  1. Fourneau de recuisson.