Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 17.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prochant, & enfin pour hâter la sécheresse. On ne voit pas au premier coup d’œil le quomodò de ce troisieme avantage ; cependant si l’on veut y réfléchir, on sentira bientôt qu’un corps ne se desseche que par la dissipation des parties humides. Ces parties, en se dissipant, quittent l’intérieur pour se porter à la surface, & le rebattage les chasse, comme la pression chasse l’eau de l’éponge qui la contient. Le rebattage est encore utile, si l’on se trouve en danger de quelque gelée légere, par le mouvement ou il met les parties.

Lorsqu’un four est parfaitement sec, on le recuit & on l’attrempe ; mais ce n’est pas ici le lieu de parler de cette opération.

La grandeur du four & sa capacité sont nécessairement relatives à la mesure des pots qu’il doit contenir, & la mesure des pots l’est au pié sur lequel on veut monter la fabrication. Plus les pots sont grands, plus ils contiennent de matiere & plus on peut fabriquer ; mais aussi plus le four doit être grand. Il est à remarquer qu’il y a certaines mesures que l’on ne doit pas passer, pour la facilité de la chauffe, & pour ne pas augmenter la dépense en bois en plus grande raison que la fabrication. Il y a, par exemple, bien peu ou même point de différence dans l’emploi du bois, entre un four de sept piés & un de huit ; mais si l’on excédoit de beaucoup la mesure ordinaire, on seroit sujet à mécompte, & il seroit à craindre que la chauffe ne fut difficile ; car si l’on mettoit beaucoup de bois à la fois, il charbonneroit, fumeroit & chaufferoit mal ; si l’on en mettoit moins, il se réduiroit en flamme avec trop de précipitation, se dissiperoit trop tôt pour que le tiseur eût le tems d’en remettre de nouveau, & le four seroit en danger de jeûner.

Dans les manufactures qui donnent le plus grand produit, on s’est contenté de faire le géométral des fours, quarré, de huit piés sur chaque face. On voit en A (fig. 1. Pl. VI.) le quarre du four dans les dimensions que nous venons d’indiquer. Le quarré A est formé ordinairement d’une pierre de grès dure, placée sur une fondation solide plus ou moins profonde, suivant la qualité du terrein sur lequel on bâtit. Ce grès 1, 2, 3, 4, doit avoir environ trois piés de large & dix piés de long, pour empiéter d’un pié sous chaque tonnelle B, dont nous donnerons bientôt la description.

Les côtés du grès 1, 2, 3, 4, c’est-à-dire les espaces abde & fghk sont remplis en massif de grès ordinaire travaillé en mortier d’argille pure. Il seroit sans doute meilleur de faire tout le massif du quarré A du four en argille composée de ciment ; le verre qui tombe indispensablement dans le four, corroderoit moins l’âtre ; mais le four seroit incomparablement plus long à sécher & à mettre en état de service.

On voit en B & B (même figure) le géométral d’ouvertures connues sous le nom de tonnelles. On appelle ce géométral communément âtre des tonnelles. L’âtre des tonnelles est ordinairement un peu élevé au-dessus du plan du four, par exemple de quatre pouces, pour que lorsqu’il a coulé du verre dans le four, il n’aille pas aussitôt sur l’âtre des tonnelles, où il gêneroit la chauffe ; car c’est-là que se fait le feu. Les tonnelles sont d’une largeur de trois piés, ceintrées à une pareille élévation. Quant à la longueur fi de la tonnelle, elle suffit à trente pouces. On peut voir en B (fig. 1, 2, Pl. VIII.) les élévations & les ceintres des tonnelles.

Les parois du four ont dix pouces ou un pié d’épaisseur, & s’appellent embassure : si l’on les considere en entier depuis le plan géométral du four, jusqu’au commencement de la couronne. Si on ne les considere que depuis le lieu où sont posés les pots, elles prennent le nom de mormues.

Sur le quarré A du four, s’élevent deux banquettes destinées à poser les vases nécessaires, & qu’on appelle sieges.

Les sieges sont élevés de vingt-huit pouces (comme III, fig. 1 & 2. Pl. VIII.), au-dessus du quarré du four ; la base des sieges est de 45°. de large, la surface sur laquelle posent les pots, d’environ trente pouces, & le siege est terminé par un plan incliné depuis son pié jusqu’à sa surface supérieure. On voit ce talud exprimé en Q (fig. 2. Pl. VI.), ainsi que la base du siege en abse, & sa surface supérieure en abdc. La plus grande largeur du siege, tant à la base qu’au-dessus, est nécessaire pour donner plus de solidité au siege obligé de soutenir un poids considérable, & qui est dans le cas d’être rongé par le verre qui se répand à son pié. Il est, je crois, inutile de dire qu’il y a deux sieges dans le four, l’un de chaque côté, & s’étendant d’une tonnelle à l’autre.

L’espace G qui se trouve entre le pié des deux sieges (fig. 2. Pl. VI.), est dit âtre du four.

On doit donner un peu plus de largeur au siege à la place des cuvettes, parce que deux cuvettes l’une devant l’autre occupent plus d’espace que le fond d’un pot. Il faut aussi échancrer un peu se talud exprime par Q (fig. 2. Pl. VI.), au siege à cuvette, parce que les pots passant par cet endroit, lorsqu’on les met dans le four, l’entre-deux des sieges y doit être relatif au diametre desdits pots.

On appelle en général ouvreau, toutes les ouvertures pratiquées au four pour la facilité du travail. Les quatre représentées en plan en C, C, C, C, (fig. 1. Pl. VI.), & en élévation en C, C, (fig. 1. Pl. VIII.), dont le géométral est à niveau des sieges, s’appellent ouvreaux à cuvettes, parce que c’est par ces ouvertures qu’on introduit dans le four les vases nommés cuvettes, & qu’on les en tire. La largeur des ouvreaux à cuvette, & leur hauteur, sont relatives à la largeur & à la hauteur des cuvettes : comme on leur donne ordinairement seize pouces dans ces deux dimensions, l’ouvreau a environ dix-huit pouces de large ; quant à la hauteur, le milieu de la voute est élevé d’environ vingt à vingt-un pouces au-dessus du siege, & les piés droits ont environ dix huit pouces d’élévation ; la surface plane qui fait le bas des ouvreaux, se peut très-bien distinguer par le nom d’âtre des ouvreaux.

On voit en D E (fig. 1. Pl. VI.) des plaques de fonte destinées à présenter à la cuvette lorsqu’on la tire du four, un chemin ferme, sur lequel elle puisse glisser ; ces plaques prennent depuis l’ouvreau, & sont assez longues pour qu’on puisse mener les cuvettes jusques hors toute la bâtisse du four, afin d’éviter la gêne dans l’emploi des outils.

Les parois du four se montent droits, depuis le siege jusqu’à la hauteur des pots, c’est-à-dire, environ jusqu’à trente ou trente-un pouces, & les angles du four sont sensibles jusqu’à la même élévation. Quelques constructeurs ont imaginé & pratiqué d’arrondir les angles du four, depuis les ouvreaux à cuvette ; mais cette construction ne peut être que nuisible, parce que à moins d’une extrème attention à pousser la cuvette bien avant sur le siege, un de ses coins se trouveroit sous l’arrondissement du coin du four, qui ne pourroit manquer d’y répandre une pluie de larmes.

Lorsque les parois du four sont élevés à la hauteur convenable, c’est là que commence la voute, qu’on appelle communément la couronne ; à la naissance de la couronne, se trouve le bas d’ouvertures connues sous le nom d’ouvreaux d’en-haut, qui suivent dans leur élévation, la courbe de la voute : il y a six ouvreaux d’en-haut, trois au-dessus de chaque siege ; nous ne parlerons que des trois d’un seul côté, ce que nous en dirons devant s’entendre également des