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Un ballot organsin de Piémont de 1361. poids du pays, qui font 108 liv. poids de Lyon, paie pour la sortie du Piémont 105 l. qui font, argent de France 126 liv.
Pour la voiture & douane de Turin à Lyon 80
Provision au commissionnaire, en supposant la soie à 25 liv. la livre, elle en vaut plus de 30 livres. 100
Les soies qui viennent du Piémont en France ne passent point par la condition publique, cette opération étant contre l’intérêt du propriétaire, de façon que la diminution qui s’y trouve est, l’un dans l’autre, de 100 liv. au-moins sur chaque ballot 100
Total 406 liv.

Un ballot d’organsin teint, la diminution sur la soie grése comprise, ne rend au plus que 75 liv. net poids de soie.

Ces 75 liv. supportent donc les frais de 406 liv. ce qui fait 5 liv. 4 s. chaque livre que la soie revient plus chere en France qu’à Turin, Gènes, &c.

Le transport de la marchandise coute environ 2 s. la livre, à diminuer des 5 liv. 4 s.

Les étoffes teintes ne payent que 50 s. par livre pour tous droits, même moins.

Observations sur un échantillon de velours noir composé de fil & coton, fabriqué par le sieur Fonrobert, fabriquant de Lyon, présenté au bureau de commerce, le jeudi 28 Janvier 1751, par le sieur Pradier, inspecteur général des manufactures. Quelques soins que se soit donné le sieur Fonrobert pour perfectionner l’échantillon de velours noir, composé de fil & coton, qui a été présenté au bureau de commerce, le 28 Janvier dernier, il n’a pas été médiocrement surpris d’apprendre qu’on avoit commencé à fabriquer en Angleterre depuis quelque-tems des étoffes semblables. La crainte de ne s’être acquis que la réputation de simple copiste, lui a fait prendre le parti de faire écrire en Angleterre pour vérifier ce fait. Effectivement, il a été informé que depuis trois années environ, on fabriquoit dans la province de Manchester des étoffes de même espece. Une pareille découverte ne l’a point rebuté, quoiqu’il lui en eût déjà couté des fraix considérables pour parvenir à ce point prétendu d’imitation, au-contraire, elle n’a servi qu’à exciter son zêle. Informé que cette étoffe n’étoit fabriquée qu’en blanc, & ensuite portée à la teinture pour y recevoir les couleurs desirées ; convaincu d’ailleurs par une longue expérience, du peu de solidité de la teinture, lorsqu’elle est donnée à une étoffe fabriquée, principalement au coton, il s’est déterminé à faire teindre les matieres avant que de les mettre en œuvre, tant pour assurer solidement la teinture, que pour les rendre plus parfaites ; c’est ce qui a été démontré par les échantillons qu’il a soumis à l’examen du conseil.

Comme il pourroit se faire que des personnes qui n’ont pas une connoissance parfaite des étoffes, pourroient confondre celle-ci avec le velours appellé communément velours de gueux, attendu l’égalité de matiere dans la composition de l’une & de l’autre ; on a cru devoir donner une explication claire de la façon dont chacune est travaillée.

Le velours de gueux ne differe de la toile ordinaire qu’en ce que toutes les deux duites ou jets de trame on en passe une de coton très-grossier. Cette duite de coton est passée dans une ouverture de fil, disposée à faire la figure qui ne sauroit être qu’un carreau. Les parties de coton, qui ne sont arrêtées par aucun fil, composent cette figure, qui est achevée au moyen d’un canif, dont on se sert pour couper le coton dans les endroits où il n’est pas arrêté, lorsque la piece est finie.

La grossiereté de la matiere qui entre dans la composition de cette étoffe, tant en fil qu’en coton ; la façon dont elle est travaillée, qui est la même que la toile ordinaire, font qu’elle ne sauroit revenir à un prix excessif, aussi n’est-elle pas chere, & encore moins belle.

Il n’en est pas de même de cette derniere étoffe, outre les choix des plus belles matieres, tant en fil qu’en coton, il faut encore les préparer de façon qu’elles puissent supporter les fatigues du travail, qui est d’autant plus difficile que la teinture ne contribue pas peu à rendre la fabrication pénible ; le métier ne doit point être monté, comme les métiers ordinaires à faire du velours, parce qu’il ne seroit pas possible de le travailler, le coton ayant infiniment moins de consistance que la soie, il faut donc une plus grande délicatesse pour travailler le velours en coton que celui en soie.

Le velours de gueux est composé seulement d’une chaîne de fil très-grossiere, celui-ci est composé de deux ; savoir, une chaîne de fil très-fin, & une de coton, à laquelle on donne le nom de poil, ainsi que dans le velours tout soie. Dans le velours de gueux, c’est la trame qui fait la figure ; dans celui-ci c’est le poil, à l’aide des petites virgules de laiton, auxquelles on donne le nom de fers servant à couper le poil, sur lesquelles on le fait passer. Enfin, à la délicatesse près, infiniment au-dessus de celle des velours tout soie, il n’y a pas de différence pour le travail.

La durée de cette étoffe ne sauroit être contestée, elle se tire de la qualité de la matiere dont elle est composée ; le réglement du 15 Août 1736 pour les peluches qui se fabriquent à Amiens, fixe les fils de la chaîne des peluches à 720 fils, & ceux du poil à 390 pour celles appellées trois poils qui sont les plus belles ; celle-ci contient le double des fils, tant pour la chaîne que pour le poil, conséquemment il faut que la matiere soit très-fine & très-belle, sans quoi l’étoffe ne pourroit pas se travailler. Or, si la bonté d’une étoffe n’est tirée que du choix des matieres qui la composent, celle-ci doit l’emporter sans contredit sur toutes celles qui ont été faites en France jusqu’à ce jour.

Les matieres dont cette étoffe est composée sont toutes du cru de la France ; la Flandre, la Bretagne, &c. peuvent fournir du fil. Nos colonies & la compagnie des Indes peuvent fournir du coton ; il n’est donc pas nécessaire d’avoir recours à l’étranger pour se procurer les matieres qui conviennent ; il n’en est pas de même des peluches, il faut tirer d’Afrique tout le poil qui en fait la figure, conséquemment cette étoffe est plus avantageuse à l’état que les peluches, puisqu’on ose assurer d’avance, qu’outre l’avantage de posséder les matieres qui la composent, elle aura encore celui-ci de la durée qui sera infiniment au-dessus de tout ce qui a été fait en France jusqu’à ce jour.

VELOUTÉ, adj. (Gram.) il se dit de tout ce qui a, soit à l’œil, soit au toucher, l’apparence du velours.

Velouté, (Joaillerie.) il se dit des couleurs des pierreries qui sont brunes & foncées, particulierement des rubis & des saphirs, quand les uns sont d’un rouge-brun, & les autres d’un bleu-foncé. (D. J.)

Velouté, ce qui est fait en maniere de velours. Le velouté d’un gallon est la laine ou la soie qui en forment les compartimens, quand elles sont coupées, comme au velours, avec la regle cannelée de cuivre.

Veloutée (,Anat.) est le nom qui se donne en particulier à une des membranes de l’estomac ; laquelle se nomme en latin crusta villosa. Voyez les Pl. d’Anat. Splanch. Voyez aussi Estomac.