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La chair du veau, & sur-tout du jeune veau qui tete encore, a le défaut de la plûpart des chairs des autres animaux très-jeunes, elle lâche le ventre, & purge même quelques sujets. On corrige ces qualités par divers assaisonnemens, soit acides, soit aromatiques & piquans, comme l’oseille, le vinaigre, le poivre, &c. Mais comme ces assaisonnemens sont défendus par eux-mêmes aux sujets délicats & aux convalescens, ce n’est pas une ressource pour eux, & comme d’ailleurs le veau ne sauroit être regardé comme une viande absolument saine, le mieux est de la leur refuser ; quant aux usages diététiques des piés de veau, du foie de veau, &c. voyez ce qui est dit du pié, du foie, &c. des animaux à l’article général Viande. (b)

Veau, (Corroyerie.) on tire du veau deux sortes de marchandises pour le négoce, savoir la peau & le poil. Les peaux de veau se préparent par les Tanneurs, Mégissiers, Corroyeurs & Hongrieurs, qui les vendent aux Cordonniers, Selliers, Bourreliers, Relieurs de livres, & autres semblables artisans qui les mettent en œuvre ; les peaux de veau corroyées qui se tirent d’Angleterre sont les plus estimées.

Le vélin, qui est une espece de parchemin, se fait de la peau d’un veau mort-né, ou de celle du petit veau de lait : c’est le mégissier qui commence à le préparer, & le parcheminier qui l’acheve.

Le poil des veaux se mêle avec celui des bœufs & des vaches, pour faire la bourre qui sert à rembourrer les selles des chevaux, les bâts des mulets, & les meubles de peu de valeur. Les marchands Libraires, les Relieurs de livres, disent qu’un livre est relié en veau-fauve, pour faire entendre que la peau de veau qui le couvre est blanchâtre & toute unie, sans avoir été marbrée, ni rougie, ni noircie. (D. J.)

Veau passé en sumac, (Corroyerie.) c’est du veau corroyé en noir du côté de la fleur, auquel on donne avec le sumac une couleur orangée du côté de la chair ; ce sont les maîtres ceinturiers qui emploient cette sorte de cuir. (D. J.)

Veau-fauve ; les Relieurs appellent une relieure en veau-fauve celle dont la peau n’est point jaspée, & dont on a conservé la couleur naturelle qui est blanche en son entier. Pour relier en veau-fauve, il faut que les peaux soient belles, sans taches ni autres défectuosité ; il est fâcheux que la délicatesse de ces peaux en ôte promptement la propreté ; au-reste, cette reliure se fait tout-comme les autres. Voyez Reliure.

Veau, (Charpent.) les Charpentiers appellent ainsi le morceau de bois qu’ils ôtent avec la scie du dedans d’une courbe droite ou rampante, pour la tailler. (D. J.)

Veau, (Critique sacrée.) cet animal a servi dans l’Ecriture à plusieurs metaphores, où il s’emploie dans des sens différens. Il se prend pour un ennemi en fureur dans le ps. xxj. 13. plusieurs ennemis furieux, vituli multi m’ont environné ; ailleurs des personnes simples & douces sont désignées sous le nom de ces animaux, comme dans Is. xj. 7. l’ours & le veau paîtront ensemble, c’est-à-dire que des gens foibles & simples ne craindront plus ceux qui leur paroissent si redoutables. Ailleurs encore, comme dans Malach. iv. 2. des personnes qui sont dans la joie sont comparés à des veaux qui bondissent dans la prairie ; mais les veaux des levres dans Osée, xiv. 3. reddemus vitulos labiorum nostrorum, est une expression métaphorique bien bisarre pour marquer les louanges, les hymnes, les prieres que les captifs de Babylone adressoient au Seigneur, parce qu’ils n’étoient plus à portée de lui offrir des sacrifices dans son temple. (D. J.)

Veau d’or, (Critiq. sacrée.) idole que les Israëlites adoroient au pié du mont Sinaï ; l’histoire en est rapportée dans l’Exode chap. xxxij. Ce fut à l’imitation

des Egyptiens qu’Aaron fit le veau d’or dans le désert, & Jéroboam ceux qu’il dressa à Dan & à Béthel pour y être adorés des enfans d’Israël, comme les dieux qui les avoient tirés du pays d’Egypte. Les Israëlites se familiariserent peu-à-peu avec la nouvelle religion de Jéroboam. Ils furent enchantés de l’aisance de ce culte, & l’exercerent jusqu’à la ruine de Samarie & la dispersion des dix tribus ; mais pour ce qui regarde le veau d’or d’Aaron, Moïse outré de voir le peuple danser tout-autour, brisa les tables de la loi, prit le veau d’or, le fit fondre, & le réduisit en poudre d’or, par une manipulation qui n’est point décrite, mais qu’il est fort singulier qu’on connût déjà ; il jetta cette poudre dans le torrent, pour anéantir à jamais ce monument de l’idolâtrie des Hébreux. (D. J.)

Veau marin, (Hist. nat.) phoca, animal amphibie, qui a beaucoup de rapport à la vache marine & au lamantin pour la forme du corps & des piés, &c. Sa longueur est d’environ quatre piés depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue, qui n’est longue que de trois pouces ; il a les yeux grands & enfoncés dans les orbites, le cou oblong, & la poitrine large ; on ne voit qu’un trou à l’endroit de chacune des oreilles. Le poil de cet animal est court, ferme, & de couleur grise luisante, avec des taches noires sur le dessus du corps ; le dessous est d’un blanc sale & jaunâtre ; il y a des chiens de mer qui sont noirs en entier. Regn. anim. pag. 230. Voyez Quadrupede.

Si les veaux marins peuvent rester long-tems sous l’eau par le secours du trou ovale dont on a parlé, ils font aussi un furieux vacarme quand ils sortent de la mer pour se retirer dans des cavernes, & se livrer à l’amour ; c’est alors, dit M. de Tournefort, qu’ils font des cris si épouvantables pendant la nuit, que l’on ne sait si ce sont des animaux d’un autre monde. Quelques commentateurs de Pline sont partagés si ces animaux crient en veillant ou en dormant ; on voit bien que ces gens-là ne sont pas sortis de leur cabinet ; nos matelots qui vont dans le Levant sont bien mieux instruits, pour avoir vû les veaux marins dans le tems de leur rut, & en avoir tué dans leurs réduits.

VEBEHASOU, s. m. (Hist. nat. Bot.) arbre du Brésil, dont les feuilles ressemblent à celles du chou. Son fruit est d’une grande douceur, qui fait que les abeilles en sont très-friandes.

VECCHIADOS, terme de Relation, c’est ainsi que les Grecs d’Athènes moderne nomment les vingt-quatre vieillards qu’ils choisissent dans les meilleures familles chrétiennes, pour régler les affaires qui surviennent de chrétien à chrétien.

VECHT, (Géog. mod.) petite ville d’Allemagne, en Westphalie, dans l’évêché de Munster, sur la riviere de son nom.

Vecht, le, (Géog. mod.) 1°. riviere d’Allemagne, en Westphalie ; elle prend sa source dans l’évêché de Munster, à cinq milles de la ville de ce nom ; elle entre dans l’Over-Yssel, & se perd dans le Zuyderzée. 2°. On nomme Vecht, la partie du Rhein, qui sortant d’Utrecht, arrose plusieurs lieux, comme Marsen, Breukelen, Nieuwersluis, Weson, Muyden, & se perd enfin dans le Zuiderzée.

VECTEUR, rayon, adj. en Astronomie, est une ligne qu’on suppose tirée d’une planete qui se meut autour d’un centre ou du foyer d’une ellipse, à ce centre ou à ce foyer ; ce mot vient du latin vehere, porter. Voyez Planete, &c. Chambers.

On appelle ainsi cette ligne, parce que c’est celle par laquelle la planete paroit être portée, & au moyen de laquelle elle décrit des aires proportionnelles au tems autour du foyer de son orbite que le soleil occupe.