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Provence décerna cette peine contre dix-neuf des principaux habitans du bourg de Mérindol, & ordonna que leurs bois seroient coupés, & leurs maisons démolies.

Les Vaudois effrayés députerent vers le cardinal Sadolet, évêque de Carpentras, qui étoit alors dans son évêché. Cet illustre savant, vrai philosophe puisqu’il étoit humain, les reçut avec bonté & intercéda pour eux ; Langeai, commandant en Piémont, fit surseoir l’exécution ; François I. leur pardonna à condition qu’ils abjureroient ; on n’abjure guere une religion sucée avec le lait, & à laquelle on sacrifie les biens de ce monde ; leur résolution d’y persister irrita le parlement provençal, composé d’esprits ardens. Jean Meynier d’Oppede, alors premier président, le plus emporté de tous, continua la procédure.

Les Vaudois enfin s’attrouperent ; d’Oppede aggrava leurs fautes auprès du roi, & obtint permission d’exécuter l’arrêt ; il falloit des troupes pour cette exécution ; d’Oppede, & l’avocat général Guerin, en prirent. Il paroît évident que ces malheureux Vaudois, appellés par le déclamateur Maimbourg, une canaille revoltée, n’étoient point du tout disposés à la révolte, puisqu’ils ne se défendirent pas, & qu’ils se sauverent de tous côtés, en demandant miséricorde ; mais le soldat égorgea les femmes, les vieillards, & les enfans qui ne purent fuir assez tot. On compta vingt-deux bourgs mis en cendres ; & lorsque les flammes furent éteintes, la contrée auparavant florissante, fut un desert aride. Ces exécutions barbares donnerent de nouveaux progrès au calvinisme ; le tiers de la France en embrassa les sentimens. Essai sur l’hist. genér. tom. II. III. & IV. (D. J.)

VAUTOUR, Vautour cendré, grand Vautour, s. m. (Hist. nat. Ornitholog.) vultur cinereus, Wil. oiseau de proie plus gros que l’aigle ; il a trois piés six pouces de longueur, depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & trois piés deux pouces & demi jusqu’au bout des ongles ; la longueur du bec est de quatre pouces trois lignes, depuis sa pointe jusqu’aux coins de la bouche ; & la queue a un peu plus d’un pié ; l’envergure est de sept piés neuf pouces ; les aîles étant pliées s’étendent jusqu’aux trois quarts de la longueur de la queue ; la tête, la gorge, & le haut du cou, sont couverts d’un duvet brun ; il y a de plus sur la gorge plusieurs longues plumes minces qui ressemblent à des poils ; le bas du cou, le dos, le croupion, les grandes plumes des épaules, les petites plumes de la face inférieure & de la face supérieure des aîles, les plumes du dessus & du dessous de la queue, celles de la poitrine, du ventre, des jambes & des côtés du corps, sont d’un brun noirâtre ; les grandes plumes des aîles & celles de la queue ont la même couleur mêlée de cendré ; les piés sont couverts de plumes brunes jusqu’à l’origine des doigts dont la couleur est jaune : les ongles sont noirs : on trouve cet oiseau en Europe ; il reste sur les hautes montagnes, & il se nourrit par préférence de corps morts. Ornit. de M. Brisson, tom. I. Voyez Oiseau.

Vautour des Alpes, vultur alpinus, oiseau de proie de la grandeur de l’aigle ; il a la tête & le cou dégarnis de plumes & couverts d’un duvet blanc ; la peau qui est de chaque côté de la tête, entre l’œil & le bec, n’a point de duvet, elle est d’un cendré bleuâtre ; il y a au-dessous du cou de longues plumes blanches qui forment une espece de collier ; les plumes du dos, des épaules, du croupion, du dessus de la queue, de la face supérieure des aîles, ont une couleur de rouille claire ; celles de la poitrine, du ventre, des jambes, & du dessous de la queue, sont d’un gris sale, & ont quelques taches de couleur de rouille ; la face intérieure des jambes est blanche ;

les grandes plumes des aîles & celles de la queue sont noires ; l’iris des yeux a une couleur de noisette qui tire sur le rouge ; la peau qui couvre la base du bec est noire ; le bec a la même couleur noire, à l’exception de la pointe qui est blanchâtre ; les piés sont de couleur livide ou plombée, & les ongles noirs : on trouve cet oiseau sur les Alpes, & sur les autres montagnes élevées. Ornit. de M. Brisson, tome I. Voyez Oiseau.

Vautour a tête blanche, vultur albus, Wil. oiseau de proie de la grosseur d’un coq ; il a deux piés trois pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue ; la longueur du bec est de deux pouces depuis sa pointe jusqu’aux coins de la bouche, & l’envergure a cinq piés neuf pouces ; la tête & le cou sont d’un très-beau blanc & ont des taches ou de petites lignes longitudinales brunes ; les plumes du dos, du croupion, du dessus de la queue & de la face supérieure des aîles, sont d’un noir couleur de suie, & ont des taches de couleur de marron, sur-tout celles du dessus des aîles ; il y a sur la poitrine une très-grande tache en forme de bouclier, de couleur de maron rougeâtre, qui s’étend jusqu’aux aîles ; les plumes du ventre, des côtés du corps & du dessous de la queue, sont d’un blanc mêlé d’une teinte de rouge obscur, & elles ont quelques taches de couleur de marron ; les jambes & les piés sont couverts jusqu’à l’origine des doigts de duvet & de très-petites plumes d’un jaune obscur, avec des taches longitudinales ; les plumes de la face inférieure des aîles, ont une très belle couleur blanche ; les grandes plumes des aîles sont blanches depuis leur origine jusque vers la moitié de leur longueur, le reste est noirâtre ; les plumes de la queue sont blanches à leur origine, ensuite brunes, & elles ont l’extrémité blanche ; la peau qui couvre la base du bec est d’un jaune couleur de safran ; le bec a une couleur bleuâtre, à l’exception de la pointe qui est noirâtre : on trouve cet oiseau en Europe sur les montagnes ; il se nourrit de petits oiseaux & de rats. Ornit. de M. Brisson, tome I. Voyez Oiseau.

Vautour du Bresil, vultur brasiliensis, oiseau de proie, à-peu-près de la grosseur du milan royal ; son bec a deux pouces & demi de longueur, depuis sa pointe jusqu’aux coins de la bouche, & les aîles étant pliées, s’étendent un peu au-delà du bout de la queue. La tête & le cou sont couverts d’une peau, dont la surface est inégale, & qui a plusieurs couleurs mêlées ensemble, du bleu, du jaune couleur de safran, du blanchâtre & du brun roussâtre : cette peau est nue, il y a seulement quelques poils noirs. Les plumes des aîles, de la queue & de toutes les autres parties du corps sont d’un beau noir, qui change à certains aspects, qui paroît d’une belle couleur pourprée ou d’un beau verd. L’iris des yeux est rougeâtre, & les paupieres sont d’un jaune de safran ; la peau nue qui couvre la base du bec, a une couleur jaune mêlée d’une teinte de bleu, & le bec est blanc ; les piés sont de couleur de chair & les ongles noirs. Cet oiseau se nourrit de corps morts ; il mange aussi des serpens ; il passe la nuit sur des arbres ou sur des rochers. On le trouve à la Jamaïque, au Méxique, à S. Domingue, au Bresil, dans toute la Guiane & au Pérou. Ornit. de M. Brisson, tome I. Voyez Oiseau.

Vautour brun, vultur fuscus, oiseau de proie, qui tient le milieu entre le faisan & le paon pour la grosseur ; il a un peu plus de deux piés de longueur, depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, & un pié dix pouces jusqu’au bout des ongles. La longueur du bec est de deux pouces & demi, depuis sa pointe jusqu’aux coins de la bouche ; les aîles étant pliées s’étendent jusqu’aux trois quarts de la longueur de la queue. Le dessus de la tête est