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est-ce simplement une vibration autour duquel centre se fait ce mouvement ? ou de quelle maniere se fait cette vibration ? c’est ce qui est entierement inconnu.

Et toute cette théorie semble avoir quelque chose d’obscur & de défectueux ; car de supposer quatre poles à un même globe magnétique afin d’expliquer la variation, c’est dejà une hypothese qui n’est pas fort naturelle ; mais de vouloir de plus que ces poles se meuvent de maniere à donner la variation de la variation, c’est une supposition véritablement étrange ; en effet, donner une telle solution, ce seroit laisser le problème tout aussi embarrassé qu’auparavant.

Le savant auteur de cette théorie a senti cet inconvénient & y a remédié de la maniere suivante.

Il regarde l’extérieur de la terre comme une croute laquelle renferme au-dedans un globe qui en fait le noyau, & il suppose un fluide qui remplit l’espace compris entre ces deux corps ; il suppose de plus que ce globe intérieur a le même centre que la croute extérieure, & qu’il tourne aussi autour de son axe en vingt-quatre heures, à une très-petite différence près, laquelle étant répétée par un grand nombre de révolutions, devient assez forte pour empécher les parties du noyau de répondre aux mêmes parties de la croute, & pour donner à ce noyau à l’égard de la croute un mouvement ou à l’est ou à l’ouest.

Or par le moyen de cette sphere intérieure & de son mouvement particulier, on peut résoudre aisément les deux grandes difficultés faites contre la premiere hypothese ; car si la croute extérieure de la terre est un aimant dont les poles soient à une certaine distance de ceux du monde, & que le noyau soit de même un autre aimant ayant les poles places aussi à une certaine distance de ceux du monde, & différemment des poles de la croute ; par le mouvement de ce globe la distance entre ses poles & ceux de l’extérieur variera, & l’on aura facilement l’explication des phénomènes ci-dessus rapportés. Comme la période de ce mouvement doit être d’une très longue durée, & que les observations sur lesquelles on peut compter donnent à peine un intervalle de cent ans, il paroit jusqu’à present presque impossible de fonder aucun calcul sur cette hypothèse, & surtout depuis qu’on a remarqué que quoique les variations croissent ou décroissent régulierement dans le même lieu, elles ont cependant des différences sensibles dans des lieux voisins, qu’on ne sauroit réduire à aucun système régulier & qui semblent dépendre de quelque matiere distribuée irrégulierement dans la croute extérieure de la terre, laquelle matiere en agissant sur l’aiguille, la détourne de la déclinaison qu’elle auroit en vertu du magnétisme géneral du système entier de la terre. Les variations observées à Londres & à Paris donnent un exemple bien sensible de ces exceptions, car l’aiguille a été constamment de 1 degrés plus oriental à Paris qu’à Londres, quoiqu’il dût résulter des effets généraux, que cette différence de déclinaison eût dû arriver dans un sens contraire, cependant les variations dans les deux lieux suivent la même marche.

Les deux poles fixes, comme nous l’avons déjà dit, sont supposés ceux du globe extérieur ou croute, & les deux mobiles ceux du globe intérieur ou noyau. Le mouvement de ces poles se fait à l’ouest, ou ce qui revient au même, le mouvement du noyau n’est pas absolument le même que celui de la croute, mais il en differe si peu, qu’en 365 révolutions la différence est à peine sensible. La différence de ces deux révolutions viendra vraissemblablement de ce que la premiere impulsion du mouvement de la terre aura été donnée à la croute, & qu’en se communiquant de-là à l’intérieur, elle n’aura pas donné exactement le même mouvement au noyau.

Quant à la durée de la période, on n’a pas un nombre suffisant d’observations pour les déterminer, quoique M. Halley conjecture avec quelque vraissemblance que le pole de l’Amérique a fait 96 degrés en quarante ans, & qu’il emploie environ sept cens ans à sa révolution entiere.

M. Whiston dans son traité intitulé, New lavs of magnetism, nouvelles lois du magnétisme, a fait plusieurs objections contre la théorie de M. Halley qu’on vient d’exposer. En effet, on ne sauroit disconvenir qu’il n’y ait encore du vague & de l’obscur dans toute cette théorie, & nous croyons avec M. Musschenbroeck, qu’on n’est point encore parvenu à une explication suffisante & bien démontrée de ce phénomène singulier, le plus extraordinaire peut-être de tous ceux que la nature nous offre en si grande abondance. Chambers.

De-là & de quelques autres observations de même nature, il paroît clair que les deux poles du globe extérieur sont fixés à la terre, & que si l’aiguille n’étoit soumise qu’à ces poles, les variations seroient toujours les mêmes, à certaines irrégularités près, qui seroient de la même espece que celles dont nous venons de parler. Mais la sphere intérieure ayant un mouvement qui change graduellement la situation de ses poles à l’égard des premiers, elle doit agir aussi sur l’aiguille, & produire une déclinaison différente de la premiere, qui dépende de la révolution intérieure, & qui ne se rétablisse qu’après que les deux corps se retrouvent dans la même position l’un à l’égard de l’autre. Si par la suite les observations apprennent qu’il en est autrement, on en pourra conclure qu’il y a plus d’une sphere intérieure & plus de quatre poles ; ce qui jusqu’à présent ne sauroit être déterminé par les observations dont on a un trop petit nombre, sur-tout dans cette vaste mer du Sud qui occupe la plus grande partie de la terre.

Dans la supposition de quatre poles, dont deux sont fixes & deux variables, on peut aisément reconnoître quels sont ceux qui doivent être fixes. M. Halley pense qu’il est suffisamment prouvé que notre pole d’Europe est celui des deux poles du nord qui se meut, & que c’est-là principalement la cause des changemens qu’éprouve la déclinaison de l’aiguille dans nos contrées ; car dans la baie d’Hudson, qui est sous la direction du pole d’Amérique, le changement de variation, suivant qu’on l’a observé, ne va pas, à beaucoup près, aussi loin que dans les parties de l’Europe où nous sommes, quoique ce pole de l’Amérique soit beaucoup plus éloigné de l’axe. Quant aux poles du sud, M. Halley regarde celui d’Asie comme fixe, & conséquemment celui d’Amérique comme mobile.

Variation, (Marine.) c’est un mouvement inconstant de l’aiguille, qui la dérange de sa direction au nord. Voyez Déclinaison.

On dit que la variation vaut la route, lorsque la variation & le vent sont du même côté ; de sorte que l’un corrige la perte que l’autre cause.

Variations, en Musique, sont différentes manieres de jouer ou de chanter un même air, en y ajoutant plusieurs notes pour orner ou figurer le chant. De quelque maniere qu’on puisse charger les variations, il faut toujours qu’au-travers de toutes ces broderies on reconnoisse le fond de l’air, qu’on appelle le simple ; & il faut en même tems, que le caractere de chaque couplet soit marqué par des différences qui soutiennent l’attention, & préviennent l’ennui.

Les divers couplets des folies d’Espagne sont autant de variations ; il y en a souvent dans les chaconnes ; l’on en trouve plusieurs sur des arie italiennes ; & tout Paris est allé admirer au concert spirituel les variations des sieurs Guignon & Mondon-