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de l’horison ; ou ce qui revient au même, c’est un arc de l’horison compris entre le vrai méridien & le méridien magnétique. Voyez Aiguille.

Tous les corps magnétiques se rangent d’eux-mêmes à-peu près dans le méridien ; mais il est rare qu’ils s’y placent exactement. Dans un lieu ils déclineront du nord à l’est & du sud à l’ouest ; dans un autre ce sera du nord à l’ouest & du sud à l’est, & cette variation sera aussi différente en différens tems. Voyez Magnétisme.

On a imaginé différentes hypothèses pour expliquer ce phénomene si extraordinaire : nous n’en rapporterons que quelques-unes.

La premiere est celle de Gilbert, qui a été suivie par Cabeus, &c.

Ces auteurs pensoient que les terres attiroient l’aiguille, & le détournoient de sa vraie situation méridienne, & ils prétendoient que l’aiguille avoit une déviation plus ou moins grande, suivant qu’elle étoit plus ou moins éloignée de quelque grand continent ; en sorte que si on étoit sur mer, dans un lieu également distant de toutes les terres, l’aiguille n’auroit aucune déclinaison.

Suivant ce système, dans les îles Açores, qui sont également distantes de l’Afrique à l’est, & de l’Amérique à l’ouest, l’aiguille ne doit point avoir de déclinaison. Si de ces îles on va vers l’Afrique, l’aiguille doit commencer à décliner du nord à l’est, & cela d’autant plus qu’on approche plus de la côte. Et continuant ensuite d’aller vers l’est, en s’avançant par terre dans le cœur de l’Afrique, ou en allant vers le cap de Bonne-Espérance, la déclinaison doit diminuer continuellement, à cause que la partie occidentale & orientale de l’Afrique attirent l’aiguille en sens contraires, & diminuent par ce moyen l’action l’une de l’autre. Et enfin si l’on arrive à un lieu où les espaces de terre des deux côtés soient les mêmes, la déclinaison doit encore devenir nulle comme auparavant.

Les observations faites pendant les voyages des Indes orientales sembloient confirmer ce système, car aux Açores la déclinaison étoit en effet nulle, ensuite

allant vers le cap de Bonne-Espérance, la variation étoit toujours à l’est ; mais lorsqu’on étoit au cap des Aiguilles qui sépare l’Afrique en deux parties égales, on ne trouvoit aucune variation, jusqu’à ce qu’en avançant après pour laisser les côtes de l’Afrique à l’ouest, la déclinaison devenoit occidentale.

Mais cette loi n’a point lieu généralement, & le grand nombre d’observations faites de tous les côtés, & rassemblées par le docteur Halley, renversent entierement cette théorie.

D’autres physiciens ont recours à la contexture de l’intérieur de la terre, qui étant pleine de mines, rochers, &c. placés en plus grand nombre vers les poles qu’ailleurs, mais rarement dans la direction du méridien, obligent l’aiguille à tendre en général vers les poles, mais avec des variations.

Quelques-uns veulent que les différentes parties de la terre ayent différens degrés de vertu magnétique, à raison de ce que ces parties contiennent plus ou moins de matiere hétérogene, & propre à diminuer l’effet de celles qui ont la vertu magnétique.

Plusieurs attribuent toute la déclinaison aux mines d’aimant & de fer, qui ayant plus de vertu magnétique que le reste de la terre, attirent l’aiguille avec plus de force.

Enfin il y a des physiciens qui ont imaginé que les tremblemens de terre, ou les grandes marées ont pu déranger plusieurs parties considérables de la terre, & en changer l’axe magnétique qui étoit originairement le même que l’axe de la terre.

Mais toutes ces hypothèses sont détruites par la variation de la variation, c’est-à-dire par le changement continuel de la déclinaison dans le même lieu, phénomene si singulier & cependant démontré par toutes les observations modernes.

C’est ce qui a engagé M. Halley à donner un nouveau système qui est le résultat d’une infinité d’observations, & de plusieurs grands voyages ordonnés à ce sujet par la nation angloise. Cette théorie demande donc un détail plus ample. Les observations sur lesquelles elle est fondée, se trouvent dans les Transactions philosophiques de la maniere suivante.