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& bisarres symptomes qui l’accompagnent ; une preuve de ceci est que les remedes qui peuvent détourner les esprits animaux ailleurs, ou causer une irritation différente, en produisant une sensation desagréable, sont excellens dans ces maladies ; or d’où peut provenir un tel prodige, sinon que les esprits sont déterminés ailleurs ? Mais on doit remarquer que les vapeurs attaquent sur-tout les gens oisifs de corps, qui fatiguent peu par le travail manuel, mais qui pensent & rêvent beaucoup : les gens ambitieux qui ont l’esprit vif, entreprenans, & fort amateurs des biens & des aises de la vie, les gens de lettres, les personnes de qualité, les ecclésiastiques, les dévots, les gens épuisés par la débauche ou le trop d’application, les femmes oisives & qui mangent beaucoup, sont autant de personnes sujettes aux vapeurs, parce qu’il y a peu de ces gens en qui l’exercice & un travail pénible du corps empêche le suc nerveux d’être maléficié. Bien des gens pensent que cette maladie attaque l’esprit plutôt que le corps, & que le mal gît dans l’imagination. Il faut avouer en effet que sa premiere cause est l’ennui & une folle passion, mais qui à force de tourmenter l’esprit oblige le corps à se mettre de la partie ; soit imagination, soit réalité, le corps en est réellement affligé. Ce mal est plus commun aujourd’hui qu’il ne fut jamais, parce que l’éducation vicieuse du sexe y dispose beaucoup, & que les jeunes gens se livrent ou à la passion de l’étude, ou à toute autre avec une égale fureur, sans mesure & sans discernement ; l’esprit s’affoiblit avant d’être formé, & à peine est-il né, qu’il devient languissant. La gourmandise, la vie oisive. les plaisirs habituels entretiennent cette malheureuse passion de passer pour bel esprit ; & les vapeurs attaquent le corps, le ruinent & le font tomber en consomption. Voici les remedes les plus efficaces pour ce mal qui devient contagieux, & qui est l’opprobre de la médecine.

1°. Un régime exact, ne manger qu’avec faim & manger peu, éviter les alimens de haut goût, les liqueurs, les passions violentes, les veilles, les jeux & les pertes que l’on y fait, la débauche de toute espece ; desirer peu, ou des choses justes & possibles, travailler beaucoup & plus qu’on ne mange, sont des moyens plus surs que toutes les potions cordiales.

2°. Se former une idée véritable de son peu de savoir & de son petit mérite, se croire toujours favorisé, soit de la fortune, soit du prince, soit de la nature, au-delà de ses talens, écouter la raison & se faire de bonnes mœurs, sont des préservatifs contre les vapeurs.

Cependant comme ces remedes ne plairont pas à ceux qui flattés de leurs faux talens, se croiront réellement malades, & avoir besoin de la médecine qui ne peut guere les soulager, nous les renvoyons aux articles du spasme, des convulsions, de la tension, de l’épilepsie, du vertige, de la fureur utérine, de l’affection hypocondriaque & hystérique, & nous leur enjoignons d’user des remedes purgatifs, des amers, des apéritifs combinés avec les toniques : la teinture de castor, le sirop de karabé, les pilules de cachou, de Wildegansius & la liqueur minérale d’Hoffman sont leur ressource.

VAPINCUM ou VAPINGUM, (Géog. anc.) ville de la Gaule narbonnoise, sur la route de Mediolanum à Arles, entre Caturigæ & Alabonte, selon l’itinéraire d’Antonin. C’est la ville de Gap. (D. J.)

VAQUER, v. neut. (Gram.) être vuide, non occupé. Cet appartement est vacant ; il vaque dans cette maison un corps-de-logis en entier ; si ce bénéfice vient à vaquer, tâchez de l’obtenir. Mais voici une acception de ce verbe très-différente de la précédente : il vaque à la prédication ; il vaque à la conversion des hérétiques ; il vaque à deux ou trois fonctions à la

fois ; il signifie alors satisfaire, remplir, exercer. Vaquer se prend aussi pour cesser ses fonctions : le parlement vaque certains jours ; les colleges vaquent lorsqu’il y a procession du recteur.

VAQUETTES, s. f. pl. (Commerce.) peaux de petites vaches, dont il se fait un assez grand commerce à Smirne. Savary. (D. J.)

VAR, le, (Géogr. mod.) en latin Varus ; riviere qui fait la séparation entre l’Italie & la France. Elle est aussi marquée par tous les anciens géographes, pour une des limites qui séparent la Gaule narbonnoise de l’Italie. Cette riviere prend sa source dans le mont Cema ou Acema, qui fait partie des Alpes maritimes près du château de S. Etienne. Cette montagne s’appelle aussi Cémélion ; c’étoit le nom d’une ancienne ville bâtie au-dessus, dont il ne reste aujourd’hui que des masures, & qui étoit de la Gaule narbonnoise. Du mont Cema, le Var vient arroser le territoire de Glandeve & celui de Nice, où il se décharge dans la mer Méditerranée, à une demi-lieue à l’occident de Nice. Ce n’est point cependant la riviere du Van toute entiere qui formoit la séparation de la Gaule d’avec l’Italie, c’en est seulement la source placée dans les Alpes maritimes ; le comté de Nice qu’elle traverse, faisoit partie de la Gaule narbonnoise, comme il le fit ensuite de la Provence. (D. J.)

Var, voyez Loup marin.

VARA, (Géogr. des Arabes.) ce mot est arabe, & signifie dans cette langue derriere & au-delà. Ainsi Vara-Gihoun. dans la géographie des Arabes, désigne la Tranto cane (en arabe Maouaralnahar), qui est au-delà du fleuve, car ils qualifient du nom de fleuve par excellence le Gihon, que les Persans nomment en leur langue Roud. Vara-Sihoun, c’est-à-dire ce qui est au-delà de Sihon ou Jaxartes. C’est le Turquestan, appellé aussi des Arabes par la même raison Vara-Khogend, à cause qu’il s’étend au-delà de la ville de Khogend, qui est bâtie sur le fleuve Sihon. (D. J.)

VARAHANGA, s. f. (Hist. nat.) résine qui se trouve dans l’île de Madagascar, & qui a l’odeur de l’encens.

VARAIGNE, s. f. (Saline.) on appelle varaigne dans les marais salins l’ouverture par laquelle on introduit l’eau de la mer dans le premier réservoir de ces marais, qui s’appelle jas. La varaigne s’ouvre & se ferme à-peu-près comme on fait avec la bonde des étangs : on ouvre la varaigne dans les grandes marées de Mars, puis on la referme quand la mer vient à baisser, afin de tenir les jas pleins d’eau.

VARALLO, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, au duché de Milan, dans le val de Sessia, sur la riviere qui donne son nom à cette vallée. A demi-lieue de cette ville, sur une montagne délicieuse, qu’on nomme la montagne de Varallo, est un lieu d’une grande & ridicule dévotion, appellé la nouvelle Jérusalem. (D. J.)

VARAMBON, (Géogr. mod.) voyez Varembon.

VARAMUS, (Géog. anc.) fleuve d’Italie chez les Vénetes. Pline dit, l. III. c. xviij. qu’il se jettoit dans l’Arassus. Léander prétend que son nom moderne est le Caloro. (D. J.)

VARANGUAIS, s. f. (Marine.) c’est ainsi qu’on appelle les marticles dans le levant. Voyez Marticles.

VARANGUES, s. f. (Marine.) ce sont des chevrons de bois, entés & rangés de distance en distance, à angles droits & de travers, entre la quille & la carlingue, afin de former le fond du vaisseau. Voyez Construction.

On appelle maîtresse varangue la varangue qui se pose sous le maître ban. On lui donne aussi le nom