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peuples, s’empara d’une partie de leurs terres, & fit construire deux forts sur l’isthme qui sépare les deux mers, afin de les tenir plus éloignés. Par-là, les terres des Romains se trouverent augmentées d’un grand pays, dont Théodose fit une cinquieme province, à laquelle il donna le nom de Valentia, pour faire honneur à Valentinien.

Ce pays faisoit partie du royaume des Pictes, qui par ce moyen se trouva considérablement diminué. Cette province comprenoit la meilleure partie de l’Ecosse ; aussi cette invasion nouvelle irrita tellement les Calédoniens, que jamais ils ne cesserent depuis de harceler les Romains & les Bretons leurs sujets. Tant que l’empire romain eut assez de force pour se soutenir, leurs efforts furent inutiles ; mais d’abord qu’il vint à chanceler, c’est-à-dire dès le commencement du cinquieme siecle, les Calédoniens revenant à la charge avec une nouvelle fureur, franchirent toutes les barrieres qu’on leur avoit opposées, & firent de grands ravages dans la province des Romains : ceux-ci les repousserent quelquefois, mais ayant assez à faire chez eux, ils se retirerent de la province de Valentia, & bâtirent de grosses pierres la muraille que l’empereur Sévere avoit élevée deux cens trente ans auparavant, entre l’embouchure de la Tyne & celle de l’Eden.

2°. Valentia, ville & colonie de la Gaule narbonnoise. Ptolomée, l. II. c. x. la donne aux peuples Segalauni. L’itinéraire d’Antonin marque cette ville sur la route de Milan à Lyon, entre Augusta & Ursolæ ; c’est aujourd’hui la ville de Valence.

3°. Valentia, ville de l’Espagne tarragonoise. Pline, l. III. c. iij. la met dans le pays des Edétains, à trois mi les de la mer, & lui donne le titre de colonie. C’est aujourd’hui Valence, capitale d’un royaume de même nom.

4°. Valentia, autre ville d’Espagne. Le consul Junius donna cette ville avec des terres, aux soldats qui avoient combattu sous Viriatus. Cette ville, selon Mariana, étoit sur le Minho, & son nom s’est conservé jusqu’à présent. C’est aujourd’hui Valença, bourg de Portugal, dans la province de Tra-los-montes, sur la rive gauche du Minho, vis-à-vis de Tuy.

5°. Valentia, ville d’Italie dans la Messapie ou la Calabre ; c’est apparemment le Valetium de Pomponius Méla, l. II. c. iv. qui étoit à l’embouchure du fleuve Pactius.

6°. Valentia, ville de l’ile de Sardaigne, dont les habitans sont nommés Valentini par Pline, liv. III. c. vij. (D. J.)

VALENTIANAE, (Géog. du moyen âge.) nom de la ville de Valenciennes, dans le Hainaut, sur le bord de l’Escaut. Eginhard, ad annum 771, dit que le roi Charles tint une assemblée générale in villa Valentiana. M. de Longuerue prétend que le fondateur de Valenciennes fut Valentinien I. ou son plus jeune fils ; & que le nom de Valentianæ est corrompu de Valentinianæ : mais Cellarius regarde l’origine de Valenciennes comme fort incertaine, & pense qu’elle a pris le nom Valentianæ de son fondateur nommé Valens. (D. J.)

VALENTIN, (Géog. mod.) maison de plaisance du roi de Sardaigne, dans le Piémont, sur le bord du Pô, au-dessus de Turin. Elle est enrichie de belles peintures, & ornée de beaux jardins. (D. J.)

VALENTINE, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le haut Languedoc, au diocèse de Comminges, proche la rive droite de la Garonne, vis-à-vis Saint-Gaudens ; on attribue la fondation de cette place, entierement dépeuplée, à Philippe-le-Bel ; c’est un grand passage pour entrer en Catalogne & en Aragon. (D. J.)

VALENTINIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) ancienne & fameuse secte de Gnostiques, ainsi appellés de

l’hérésiarque Valentin leur chef, qui vivoit dans le onzieme siecle. Voyez Gnostiques.

Le fonds du système des Valentiniens étoit de vouloir expliquer l’Evangile par les principes du platonisme ; c’est pourquoi ils avoient imaginé une généalogie d’éons ou d’éones au nombre de trente, mâles & femelles qui composoient le pléroma ou la divinité. Voyez l’exposition de ce système sous le mot Eons.

Outre cela Valentin & ses sectateurs disoient que les Catholiques, qu’ils appelloient Psychiques, étant incapables d’arriver à la science parfaite, ne pouvoient se sauver que par la foi simple & les œuvres ; que c’étoit à eux que convenoit la continence & le martyre, mais que les spirituels (c’est le nom que se donnoient les Valentiniens), n’avoient pas besoin de bonnes œuvres, parce qu’ils étoient bons par nature & propriétaires de la grace qui ne pouvoit leur être ôtée. Ils se comparoient à l’or qui ne se gâte point dans la boue ; c’est pourquoi ils mangeoient indifféremment des viandes immolées aux idoles, & prenoient part aux fêtes des payens & aux spectacles mêmes des gladiateurs. Quelques-uns s’abandonnoient sans mesures aux plaisirs les plus infâmes, disant qu’il falloit rendre à la chair ce qui appartient à la chair, & à l’esprit ce qui appartient à l’esprit. Ils se moquoient des Catholiques qui craignoient les péchés de parole & même de pensée, les traitant de simples & d’ignorans, sur-tout ils condamnoient le martyre, & disoient que c’étoit une folie de mourir pour Dieu.

Pour initier à leurs mysteres il y en avoit qui préparoient une chambre nuptiale, & avec de certaines paroles célébroient un mariage spirituel, à l’imitation de l’union des éones ; d’autres amenoient leurs disciples à l’eau & les baptisoient au nom de l’inconnu pere de tout, en la vérité mere de tout, & en celui qui est descendu, en Jesus, en l’union, la rédemption, & la communauté des puissances ; d’autres disoient que le baptême d’eau étoit superflu, & se contentoient de jetter sur la tête de l’huile & de l’eau mêlée & d’oindre de baume ; d’autres rejettoient toutes les cérémonies extérieures, disant que le mystere de la vertu invisible & ineffable ne pouvoit s’accomplir par des créatures sensibles & corruptibles ; que la rédemption étoit toute spirituelle, & s’accomplissoit intérieurement par la connoissance parfaite. Les Valentiniens se diviserent en plusieurs branches connues sous les noms de Cainites, d’Ophites, & ce Sethiens. Voyez Caïnites, Ophites, & Sethiens. Fleury, Hist. ecclés. tom. I. l. III. n°. 29. & 30.

VALENTINOIS, (Géog. mod.) pays de France, dans le Dauphiné. Il est borné au nord par le Viennois, au midi par le Tricastinois, au levant par le Diois, & au couchant par le Rhône, qui le sépare du Languedoc, comme l’Isere le sépare du Viennois.

Les peuples du Valentinois sont nommés par Pline Segovellauni, par Ptolomée Segalauni, & dans la notice de l’empire Segaulauni.

On ignore les noms des premiers comtes de Valentinois ; on sait seulement que vers la fin du xij. siecle, Raymond, comte de Toulouse, donna le Diois & le Valentinois à Aymar de Poitiers. En 1446, ces deux comtés furent incorporés au Dauphiné. Louis XII. en fit un duché en 1498. Henri II. gratifia Diane de Poitiers, sa maîtresse, de l’usufruit de ce duché. Louis XIII. l’érigea en duché-pairie, dont il fit la donation à Honoré de Grimaldi, prince de Monaco, qui avoit reçu dans sa ville garnison françoise, Valence est la capitale de ce duché. (D. J.)

VALERIA, (Géog. anc.) 1°. contrée de la Germanie, & qui comprenoit une portion de la Pannonie. Elle est appellée en conséquence Valeria Pannoniæ, par Ammien Marcellin, Selon cet auteur,