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Supposons que dans un embryon qui commence à se développer, un seul petit tronc d’artere sorte de l’aorte, & qu’avant d’arriver au rein, il se divise en plusieurs branches, ainsi qu’on le voit dans la plupart des cadavres. Dans cet embryon, le petit tronc de l’artere émulgente n’est pour ainsi dire qu’un point ; si les branches croissent, tandis que le petit tronc ne croit pas, & si en même tems les petites parties qui sont dans l’angle d’où partent les branches, vont à augmenter, voilà le petit tronc partagé en deux ou trois petits troncs, qui auront chacun leur ouverture particuliere dans l’aorte. Avec le tems ces deux ou trois petits troncs, pourront devenir fort éloignés les uns des autres, parce que l’espace qui est entr’eux, croîtra à proportion que l’accroissement de l’aorte augmentera.

On peut aussi comprendre comment un de ces troncs, ou une branche de l’artere émulgente, n’entre pas dans le rein à l’endroit de la sinuosité, & qu’il perce ailleurs la substance du rein. Il se peut faire que la substance du rein se développe sur le chemin par où cette artere doit entrer ; alors cette artere aura dans le rein une entrée plus haute ou plus basse que de coutume.

Ordinairement l’aorte fournit un tronc commun pour la sous-claviere & la carotide droite ; elle donne ensuite la carotide gauche, & enfin la sous claviere gauche. Quelquefois la carotide & la sous-claviere du côté droit, ont chacune une origine distinguée.

La conjecture que l’on vient de proposer, peut encore ici être appliquée ; & elle fourniroit la raison de cette variété.

En effet, il est aisé de concevoir que si dans l’embryon, le tronc commun de la carotide & de la sousclaviere droite manque à se développer, tandis que l’une & l’autre de ces arteres prennent leur accroissement, elles paroîtront par la suite partir immédiatement, & chacune séparément, de la courbure de l’aorte. Si la petite portion de l’aorte qui est entre la carotide gauche & le tronc commun de la carotide & de la sous-claviere droite, ne croît pas, il n’y aura qu’un tronc pour la sous-claviere droite & les deux carotides ; c’est ce qu’on trouve aussi quelquefois.

On peut faire l’application du même principe, à l’égard des petits troncs qui sortent de l’artere iliaque interne, dans lesquels on rencontre beaucoup de variétés. On verra facilement qu’il peut y en avoir, car ce sont cinq ou six petits troncs naissans de l’iliaque interne, dans un espace qui dans l’adulte n’a qu’environ un pouce d’étendue ; ainsi ces petits troncs étant placés, pour ainsi dire l’un sur l’autre dans l’embryon, la moindre variété dans le développement, peut produire de la variété dans leur arrangement & leur distribution. Voyez les Mém. de l’acad. des Scienc. ann. 1740. (D. J.)

Vaisseaux du corps humain, (Physiologie.) l’exilité, la mollesse, & la délicatesse de plusieurs vaisseaux du corps humain, surpasse l’idée que l’imagination s’en forme, & leur derniere division se perd dans la nuit de la nature.

La plus petite artere, rouge ou sanguine, qui est le plus grand de tous les petits vaisseaux, ne paroit pas surpasser en épaisseur un dixieme de fil d’araignée, & c’est une grosse artere comme l’aorte, relativement à une autre pareille artériolle de la substance corticale du cerveau. Les vaisseaux de cette partie sont, suivant Leuwenhoeck, cinq cens douze fois plus fins qu’un globule rouge, qu’il prétend n’être pas plus épais qu’un centieme de fil d’araignée ; c’est donc un prodige continuel que des vaisseaux, dont l’exiguité & la finesse sont immenses, puissent résister aux seuls mouvemens, qui sont absolument nécessaires à la vie & à la santé.

Que dis-je ! ils résistent aux fievres les plus terribles ; mais les tuyaux par lesquels commence la filtration des esprits sont infiniment plus fins, jamais l’art de Ruysch n’a pû y pénétrer. Quelle prodigieuse petitesse ! l’imagination se perd dans l’infini que la nature offre par-tout.

Ces mêmes vaisseaux, qui sont l’objet de notre étonnement dans l’adulte, étoient autant de fois plus petits dans le fœtus, que l’adulte est plus grand que le fœtus, & le nombre en étoit par conséquent autant de fois plus considérable ; car bien-loin qu’un nouveau-né manque d’aucun vaisseau qui se trouve dans les adolescens, il en a d’autant plus, qu’il est plus près de son origine, comme Ruysch l’a remarqué, en injectant de jeunes sujets de différens âges, & comme la raison le démontre ; c’est l’effet de la continuation de la vie de racourcir, de boucher, d’ossifier, de détruire tous les vaisseaux de notre machine. (D. J.)

Vaisseaux, (Botan.) il y en a de capillaires ; ce sont les plus petits vaisseaux des plantes ; ils changent & varient les combinaisons des premiers principes auxquels il n’est pas aisé de remonter, malgré l’analyse des Chimistes. Les vaisseaux capillaires sont la partie la plus déliée qui compose le dessus des feuilles ; ils succent & attirent la pluie, la rosée, l’air, & les atômes aériens dont les plantes ont besoin pour leur conservation.

Des excretoires ; les canaux qui vuident les sucs qui ne sont pas propres à la nourriture des plantes, & qui ont été filtres dans leurs visceres, se nomment excrétoires ; les poils même qui couvrent les feuilles des arbres, sont autant de vaisseaux excrétoires qui rejettent le fluide superflu.

Des longitudinaux ; ce sont les canaux perpendiculaires qui montent le long de la tige d’un arbre, & qui portent le suc dans les parties les plus élevées, en-sorte que ces deux termes deviennent synonymes, & expriment dans un végétal les tuyaux qui montent le plus droit.

Des latéraux ; ce sont les vaisseaux séveux, qui au sortir des vaisseaux perpendiculaires s’étendent horisontalement dans les branches des végétaux pour les nourrir en partie, le reste étant réservé aux feuilles dont les véhicules & les vaisseaux capillaires imbibent l’humidité de l’air.

Vaisseaux de Chimie ; ces vaisseaux sont la partie des meubles chimiques, supellectilis chimica, qui servent à contenir certains sujets de l’art ; non pas pour les conserver, pour en approvisionner le chimiste, mais pour qu’il puisse les exposer par leur moyen aux divers agens chimiques, & principalement au feu, ou diriger, ramasser, retenir les produits de diverses opérations ; car les vaisseaux que les Chimistes emploient aux usages les plus communs, savoir à serrer, à conserver diverses matieres, tels que les bouteilles, les pots, les poudriers, les boëtes, &c. ne sont pas proprement des vaisseaux de chimie, & l’attention scrupuleuse que les Chimistes doivent avoir à ce que la matiere du vaisseau dans lequel ils enferment chaque substance ne puisse point être attaquée par cette matiere, n’a rien de particulier lorsqu’ils l’appliquent à cette derniere espece ; on a cette attention à propos de l’usage économique des vaisseaux, & de celui auquel on les emploie dans tous les arts. Il faut convenir cependant que cet objet mérite une circonspection particuliere lorsqu’il s’agit de matieres chimiques destinées à des procédés de chimie philosophique, ou à des préparations pharmaceutiques. Au reste, cette considération regarde de la même maniere les instrumens (voyez ), mais le choix de la matiere des vaisseaux chimiques proprement dits est bien d’une autre conséquence, & n’est point inspiré com-