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de sorte que si l’un d’eux vient à être percé ou déchiré dans un accouchement laborieux, dans l’opération que l’on fait à la fistule de l’anus, ou par l’érosion de quelque ulcere, les excrémens passent facilement du rectum au vagin, & la femme ne peut plus les retenir. C’est dans ce cas qu’il faut se servir d’un pessaire en forme de globe, ovale, percé de deux trous opposés, que l’on introduit dans le vagin, & qui bouche si bien l’ouverture de communication, que l’on remédie par-là, avec assez de succès, à cet inconvénient si désagréable.

La figure du vagin est ronde & longitudinale : il peut se resserrer de toutes parts ; il peut aussi beaucoup s’étendre & se dilater au tems de l’accouchement ; ses parois s’affaissent, & il ressemble à un boyau lâche dans les filles qui vivent chastement.

Dans les femmes qui n’ont pas encore eû d’enfans, ce conduit est à-peu-près de la longueur de six à sept travers de doigt, & de la largeur d’un travers & demi ; mais dans celles qui ont eu des enfans, on ne peut pas trop bien déterminer sa grandeur ; sa longueur & sa largeur varient selon l’âge, selon les sujets & leur tempérament.

Vers le dernier mois de la grossesse, le vagin surchargé du poid du fœtus, s’accourcit tellement, qu’en y introduisant le doigt, on peut toucher l’orifice interne de la matrice.

La substance intérieure du vagin paroît être toute nerveuse ; M. Ruysch y a découvert plusieurs papilles qui nous apprennent d’où vient que le vagin est très-sensible. Il est extérieurement revêtu d’une membrane assez épaisse, sous laquelle se trouvent, dans toute sa longueur, des fibres charnues, par le moyen desquelles il s’attache aux autres parties voisines.

La membrane interne du vagin est quelquefois tellement relâchée par des humeurs superflues qui l’abreuvent, qu’elle descend plus bas que le conduit de la pudeur, & qu’elle se montre au-dehors ; c’est-là ce que les anciens ont pris pour une descente de matrice. On peut voir à ce sujet les observations chirurgicales de Roonhuyse, & celle de van-Meckeren, qui ont fait l’amputation de ces excroissances.

L’entrée du vagin est située presqu’au milieu de la vulve, tirant néanmoins un peu plus vers l’anus. Cet orifice, avant l’âge de puberté, est beaucoup plus étroit que le vagin même ; & c’est, selon de Graaf, la marque la plus certaine que l’on puisse avoir de la virginité.

Il y a sur la face intérieure du vagin, des rides circulaires, plus marquées à sa partie antérieure, du côté du canal de l’urine, que vers la partie postérieure ; elles sont assez semblables à celles que l’on voit au palais d’un bœuf, hormis que ces rides n’y sont pas disposées sur une ligne aussi réguliere : aux vierges, à la partie antérieure du vagin, on rencontre quantité de ces rides ; mais dans les femmes qui ont eu plusieurs enfans, ou qui se livrent au libertinage, ces rides s’évanouissent promptement, de sorte que la face interne de leur vagin, devient lisse & polie.

Le tissu de la membrane interne du vagin, est parsemé de petites glandes, & les embouchures de leurs conduits excréteurs, s’apperçoivent tout le long de ce canal ; mais elles sont en plus grand nombre près de l’entrée de l’urethre, & à la partie antérieure du vagin. Tous les conduits excréteurs fournissent par leurs embouchures, plus ou moins grandes, une liqueur séreuse qui humecte ce canal ; cette liqueur coule en abondance dane le tems de l’amour. Lorsque cette liqueur s’augmente excessivement, elle cause l’écoulement qu’on nomme fleurs-blanches, état très difficile à guérir. Ettmuller a nommé cet écoulement catharre uterin.

On remarque au vagin un sphincter situé sur le clitoris, qui a trois travers de doigt de largeur, & qui

partant de celui de l’anus, monte latéralement autour du vagin, l’embrasse & sert à le fermer, afin d’empêcher l’air extérieur d’y entrer. Jules-César Aranthius a fait le premier mention de ce muscle orbiculaire.

La constriction de l’orifice du vagin est aidée par des corps que l’on apperçoit à sa partie inférieure, aux deux côtés de la vulve. Leur substance extérieure est composée d’une membrane très-déliée ; & l’intérieure, que l’abondance du sang coagulé rend noirâtre, est tissue de plusieurs petits vaisseaux, & de fibres entrelassées ; ce qui a porté de Graaf, qui a le premier reconnu ces corps, à les nommer plexus rétiformes : ils servent à retrécir l’entrée du vagin.

On trouve quelquefois à cet orifice, dans les jeunes filles, une espece de membrane, tantôt sémilunaire, tantôt circulaire, nommée par les anatomistes hymen. Voyez Hymen.

Les caroncules dites myrtiformes, sont des restes de cet hymen déchiré, qui après s’être cicatrisés, forment de petits corps charnus & membraneux ; elles ne sont point la marque du pucelage, elles le seroient plutôt de la défloration. Voyez Caroncules Myrtiformes.

Il y a des femmes qui ont, dès la premiere conformation, l’orifice du vagin plus dilaté que beaucoup d’autres, & plus disposé à se dilater à mesure qu’elles avancent en âge : de sorte qu’étant nubiles, elles souffrent moins de l’usage du mariage, que celles qui sont naturellement fort étroites ; sur-tout bientôt après l’écoulement de leurs menstrues, dont la seule acrimonie, dans les filles qui ne jouissent pas d’une bonne santé, peut ronger les fibrilles ou les membranes déliées qui unissent les caroncules ; outre que le flux menstruel, en humectant cet orifice, le rend beaucoup plus susceptible de dilatation.

De Graaf dit qu’il ne connoit point d’autre marques de la virginité, que cette étroitesse de l’orifice du vagin, où l’on observe plus ou moins de rugosités ou caroncules qui se manifestent depuis le premier âge jusqu’à environ vingt ans, dans toutes les femmes qui sont encore vierges : cet auteur ajoute que l’absence de ces caroncules n’est point un signe certain pour convaincre une fille d’impudicité ; d’autant que par une infinité d’accidens qui n’ont donné aucune atteinte à la virginité de la nouvelle épouse, cet orifice peut se trouver assez large pour souffrir la consommation du mariage sans effusion de sang.

L’orifice du vagin est quelquefois si fort retréci par une membrane qui le bouche presque totalement, qu’il n’y reste qu’un petit trou par où les regles s’écoulent ; cet obstacle empêche la consommation du mariage, quand l’orifice est fermé par une membrane ; l’on ne peut rémédier à ces deux inconvéniens qu’en incisant & retranchant cette membrane.

Dans le premier cas, il faut avec un bistouri droit, faire quatre petites incisions en forme de la lettre X ; & dans le second, avec une lancete montée, l’on fait une seule ouverture longitudinale à cette membrane, telle que la fit Fabrice d’Aquapendente à une fille qui n’étoit point percée, pour donner issue aux menstrues retenues par cette membrane.

Les ulcérations qui succédent à un accouchement laborieux, sont quelquefois cause qu’il se fait une cohérence entre les parois du vagin ; cet accident arrive aussi quelquefois par la faute du chirurgien, qui néglige dans les pansemens d’interposer quelque chose qui tienne les parois du canal séparés ; de sorte que l’on est obligé de séparer de nouveau cette cohérence, & d’en empêcher la réunion par des soins plus attentifs. (D. J.)

Vagin, (Maladies particulieres du vagin.) ce conduit est sujet à des maladies qui lui sont propres, telles sont les hémorrhagies, la chute ou descente,