Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 16.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chefs de son armée allerent passer une nuit dans ce temple célebre, pour consulter la divinité s’il seroit avantageux d’y transporter Alexandre. Il leur fut répondu en songe, qu’il valoit mieux ne le point transporter, & peu de tems après ce conquérant mourut. La réponse étoit excellente à tout événement. (D. J.)

Temples du Soleil, (Antiquit.) l’astre du jour fut la grande divinité des Phéniciens, des Egyptiens, des Atlantides, & pour le dire en un mot, de presque tous les peuples, barbares & policés de l’univers. Par-tout on reconnut, par-tout on éleva des temples en l’honneur du Soleil, & on les dirigea du côté de l’orient. Les Ammonites l’adorerent sous le nom de Moloch ; les Phéniciens sous celui de Thammus ; les Chaldéens l’honorerent sous ceux de Bélus ou de Baal ; les Arabes leurs voisins lui offroient des parfums, & l’appelloient Adonée ; les Moabites Belphegor ; les Perses Mitras ; les Ethiopiens Asabinus ; les Grecs & les Romains Apollon ou Phœbus. Les Massagetes, selon Hérodote, lui sacrifioient des chevaux, les Germains, dit César, n’ont d’autres dieux que ceux dont ils reçoivent quelque bien, le Soleil, la Lune & le Feu : deorum numero eos solùm ducunt quorum opibus apertè juvantur, Solem, Vulcanum & Lunam. Enfin, si nous en croyons le pere Laffiteau, il n’y a dans le vaste continent de l’Amérique, aucuns peuples connus qui n’adorent le Soleil.

On connoît la médaille d’Héliogabale, qui porte pour légende : Sancto deo Soli. On sait que cet empereur se glorifia toujours d’avoir été prêtre du Soleil dans la Syrie, & que son nom fait allusion à cette dignité ; mais nous ne devons pas oublier, qu’il consacra à Rome un temple au Soleil, où, dans le dessein de le rendre plus respectable, il fit transporter le culte de Cybèle ou de Vesta, le palladium & les anciles. Il voulut même y joindre le culte que rendoient au vrai Dieu les Samaritains, les Juifs & les Chrétiens.

Herodien nous a conservé l’histoire du culte que cet empereur rendoit au Soleil dans ce temple. « Héliogabale, dit-il, érigea un temple magnifique à ce dieu (le Soleil), & y plaça plusieurs autels, sur lesquels il immoloit tous les matins des hécatombes de taureaux, & un grand nombre de brebis ; & après y avoir répandu une profusion d’aromates, il y faisoit des libations de vins vieux des plus excellens ; en sorte qu’on voyoit le vin & le sang ruisseler de tous côtés. Des chœurs de musique, rangés au-tour de ces autels, augmentoient la célébrité de ce culte. Des femmes phéniciennes avec leurs instrumens de musique, qui étoient des cymbales & des tympanons, dansoient en cercle ; & les entrailles des victimes ainsi que les aromates, étoient portées dans des bassins d’or, par tout ce qu’il y avoit de plus qualifié à Rome ».

Ant. Varius, au rapport de Lampride, fit aussi construire dans la même ville, un temple en l’honneur du Soleil, mais qui fut moins célebre que celui d’Héliogabale. (D. J.)

Temples de Tellus, (Antiq. grecq. & rom.) la terre avoit des temples dans plusieurs lieux de la Grece, & entr’autres à Sparte, voyez ce qu’en dit Pausanias. Il est parlé de celui que la déesse Tellus avoit à Rome dans la premiere philippique de Ciceron, où il raconte ce qui s’étoit passé dans le sénat, lors de la mort de César, sur la proposition faite par Antoine, d’abolir à jamais la charge de dictateur, qui avoit usurpé dans la république toute l’autorité du pouvoir des rois. On rendit dans ce temple un decret, tel qu’Antoine le desiroit, & dans les termes qu’il avoit lui-même conçus. (D. J.)

Temples de Thémis, (Antiq.) cette déesse de la justice n’eut que peu de temples après sa mort. Ovide

parle des oracles qu’elle rendoit sur le parnasse, mais c’est un poëte qui parle ; Pausanias nous apprend, que les Athéniens lui éleverent un temple dans leur ville assez près de la citadelle ; il ne nous reste ni mouvemens, ni statues de cette divinité, tout a péri avec elle. (D. J.)

Temple de Thesée, (Antiq. grecq.) on avoit élevé à Athenes un temple à la gloire de Thésée. Ce temple étoit remarquable par les fêtes que les anciens y solemnisoient en l’honneur de ce héros, & par des distributions de farine qu’on y faisoit aux pauvres de la ville ; mais ce qui prouvoit encore mieux la vénération des Athéniens pour leur fondateur, c’est qu’ils avoient fait de ce temple un asyle inviolable, où venoient se refugier les esclaves maltraités de leurs patrons. Il fut bâti après la bataille de Marathon, consacré pendant les victoires de Cimon, réparé comme les autres, par les soins d’Hadrien, & ensuite apparemment, par les libéralités des princes chrétiens qui en firent une église. Aujourd’hui la voûte en ruine ne sera jamais rétablie, que par un nouvel évenement qui changera ce temple en mosquée. (D. J.)

Temples de Vacune, (Antiq. rom.) Vacune étoit adorée particulierement dans le pays des Sabins, où elle avoit un temple sur le mont Fiscellus, aux confins du Picenum, vers les sources du Nar. Cette même déesse des vacations, avoit un autre temple entre Caspérie & Otricule, avec un bois & une ville du même nom. La ville subsiste encore aujourd’hui, & s’appelle Vaccuna. (D. J.)

Temples de Vénus, (Antiq. egypt. grecq. & rom.) cette déesse dont Homere paroît avoir dérobé la ceinture, est des plus célébres dans l’antiquité payenne, par le nombre & la beauté de ses temples. Strabon, liv. XVII. nous apprend qu’elle en avoit un superbe à Memphis ; il seroit bien difficile d’en découvrir aujourd’hui quelque reste, puisque les ruines même de cette capitale de l’Egypte, ne sont plus que des masures fort peu distinctes, quoiqu’elles continuent jusque vis-à-vis du vieux Caire. Les Menphytes avoient aussi construit un temple à la fille de Jupiter & de Dioné, & nourrissoient dans ce temple une génisse qui lui étoit consacrée.

Son culte passa de Phénicie, dans les îles de la Grece, & de-là en Sicile, & chez les Romains. Cythere, Amathonte, Gnide, Paphos, Idalie, lui éleverent des temples qui apprirent au monde corrompu, que pour célébrer la déesse de l’amour, il étoit permis de s’affranchir des regles de la pudeur.

Le temple de Vénus à Cythere, passoit pour le plus ancien, & le plus célebre de tous ceux que Vénus eût dans la Grece ; sa statue la représentoit armée. Les Eginetes lui avoient bâti dans leur île, un temple magnifique, dont M. Fourmont a encore vû vingt-une colonnes subsistantes. Elle avoit aussi un temple en Laconie, sous le nom de Vénus Ambollogera, c’est-à-dire qui éloigne la vieillesse, & à ce sujet on lui fit une hymne qui commençoit par ces mots : belle Vénus, éloignez de nous la triste vieillesse ; c’est Plutarque qui nous apprend cette particularité dans le liv. III. quest. 6. de ses propos de table. Tacite a décrit la situation du temple de Paphos, & la statue singuliere de la déesse.

Les Siciliens bâtirent à Vénus un temple célebre sur la montagne Eryx ; ce temple étoit rempli de femmes qu’on y consacroit par vœu, & qui de leurs galanteries, enrichissoient le trésor de la déesse. Du tems de Diodore, qui a fait une exacte description de ce temple, il étoit encore dans son premier éclat ; mais cette splendeur ne fut pas de longue durée, puisque Strabon qui a suivi de près Diodore, écrit que de son tems, ce temple étoit presque désert.

Enée apporta de Sicile en Italie, une statue de Vénus Erycine, à qui l’on fit depuis bâtir un temple à