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Je réponds d’abord à cette question, qu’il faut bien distinguer entre un abus extrème de la souveraineté, qui dégénere manifestement & ouvertement en tyrannie, & qui tend à la ruine des sujets ; & un abus médiocre tel qu’on peut l’attribuer à la foiblesse humaine.

Au premier cas, il paroît que les peuples ont tout droit de reprendre la souveraineté qu’ils ont confiée à leurs conducteurs, & dont ils abusent excessivement.

Dans le second cas, il est absolument du devoir des peuples de souffrir quelque chose, plutôt que de s’élever par la force contre son souverain.

Cette distinction est fondée sur la nature de l’homme & du gouvernement. Il est juste de souffrir patiemment les fautes supportables des souverains, & leurs légeres injustices, parce que c’est-là un juste support qu’on doit à l’humanité ; mais dès que la tyrannie est extrème, on est en droit d’arracher au tyran le dépôt sacré de la souveraineté.

C’est une opinion qu’on peut prouver 1°. par la nature de la tyrannie qui d’elle-même dégrade le souverain de sa qualité qui doit être bienfaisante. 2°. Les hommes ont établi les gouvernemens pour leur plus grand bien ; or il est évident que s’ils étoient obligés de tout souffrir de leurs gouverneurs, ils se trouveroient réduits dans un état beaucoup plus fâcheux, que n’étoit celui dont ils ont voulu se mettre à couvert sous les aîles des lois. 3°. Un peuple même qui s’est soumis à une souveraineté absolue, n’a pas pour cela perdu le droit de songer à sa conservation, lorsqu’il se trouve réduit à la derniere misere. La souveraineté absolue en elle-même, n’est autre chose que le pouvoir absolu de faire du bien ; ce qui est fort contraire au pouvoir absolu de faire du mal, que jamais aucun peuple, suivant toute apparence, n’a eu intention de conférer à aucun mortel. Supposé, dit Grotius, qu’on eût demandé à ceux qui les premiers ont donné des lois civiles, s’ils prétendoient imposer aux citoyens la dure nécessité de mourir, plutôt que de prendre les armes pour se défendre contre l’injuste violence de leur souverain ; auroient-ils répondu qu’oui ? Il y a tout lieu de croire qu’ils auroient décidé qu’on ne doit pas tout souffrir ; si ce n’est peut-être, quand les choses se trouvent tellement disposées, que la résistance causeroit infailliblement les plus grands troubles dans l’état, ou tourneroit à la ruine d’un très-grand nombre d’innocens.

En effet, il est indubitable que personne ne peut renoncer à sa liberté jusque-là ; ce seroit vendre sa propre vie, celle de ses enfans, sa religion ; en un mot tous ses avantages, ce qui certainement n’est pas au pouvoir de l’homme.

Ajoutons même qu’à parler à la rigueur, les peuples ne sont pas obligés d’attendre que leurs souverains aient entierement forgé les fers de la tyrannie, & qu’ils les aient mis dans l’impuissance de leur résister. Il suffit pour qu’ils soient en droit de penser à leur conservation, que toutes les démarches de leurs conducteurs tendent manifestement à les opprimer, & qu’ils marchent, pour ainsi dire, enseignes déployées à l’attentat de la tyrannie.

Les objections qu’on fait contre cette opinion ont été si souvent résolues par tant de beaux génies ; Bacon, Sydney, Grotius, Puffendorf, Locke & Barbeyrac, qu’il seroit superflu d’y répondre encore ; cependant les vérités qu’on vient d’établir sont de la derniere importance. Il est à-propos qu’on les connoisse pour le bonheur des nations, & pour l’avantage des souverains qui abhorrent de gouverner contre les lois. Il est très bon de lire les ouvrages qui nous instruisent des principes de la tyrannie, & des horreurs qui en résultent. Apollonius de Thyane se

rendit à Rome du tems de Néron pour voir une fois, disoit-il, quel animal c’étoit qu’un tyran. Il ne pouvoit pas mieux tomber. Le nom de Néron a passé en proverbe, pour désigner un monstre dans le gouvernement ; mais par malheur Rome n’avoit plus sous lui, qu’un foible reste de vertu ; & comme elle en eut toujours moins, elle devint toujours plus esclave ; tous les coups porterent sur les tyrans ; aucun ne porta sur la tyrannie. (Le Chevalier de Jaucourt.)

TYRAS, (Géog. mod.) fleuve de la Sarmatie européenne. Hérodote, l. IV. c. lj. met sept fleuves entre le Danube & le Tanaïs. Le premier est le Tyrés ; car c’est ainsi qu’il écrit. Pomponius Mela, Ptolomée, Scymnus de Chio, & Ovide, l. IV. ex. Ponto, epist. 10. v. 50. disent Tyras :

….. Nullo tardior amne Tyras.

Selon Strabon, du fleuve Tyras à la derniere embouchure du Danube, il y avoit environ trois cens stades ; ce qui fait conclure que c’est aujourd’hui le Niester ou Dniester, nom qui paroît avoir été formé de celui de Danaster, dont se sert Jornandès, de reb. getic. c. v. Ptolomée, l. III. c. x. nous apprend que le fleuve Tyras servit de bornes entre la Dace & la Sarmatie. Sur le bord de ce fleuve, il y avoit une ville de même nom, appellée auparavant Ophiusa, selon Pline, liv. IV. ch. xij. ce qui est confirmé par le témoignage d’Etienne le géographe. (D. J.)

TYRBÉ, (Ant. greq.) τύρβη ; fête que célebroient les peuples d’Achaïe en l’honneur de Bacchus. Le mot τύρβη, trouble, confusion, indique assez que l’ordre ne regnoit pas beaucoup dans cette fête. Potter, archeol. græc. l. II. c. x. t. I. p. 434. (D. J.)

TYREDIZA, (Géog. anc.) ville de Thrace, selon Etienne le géographe. Hérodote, l. VII. écrit Tyrodiza, & la place sur la côte des Périnthiens. (D. J.)

TYRIMNUS, s. m. (Mythol.) divinité de Thyatrie, ville de Lydie. Il avoit son temple devant la ville pour la garder ; on faisoit des jeux publics en son honneur, mais c’est tout ce que nous apprend de ce dieu une inscription rapportée par M. Spon. (D. J.)

TYRISSA, (Géog. anc.) ville de la Macédoine. Ptolomée, liv. III. chap. xiij. la marque dans l’Emathie ; le nom moderne est Ceresi, selon Mercator. Les peuples sont appellés Tyrisæi par Pline, l. IV. c. x. (D. J.)

TYRISTASE, (Géog. anc.) Tyristasis ou Tiristasis, ville du Chersonnèse de Thrace, vers la Propontide, au voisinage de la ville Crobyle, selon Pline, l. IV. c. ij. (D. J.)

TYRMIDÆ, (Géog. anc.) Etienne le géographe & Suidas donnent ce nom à une partie de la tribu Oéneïde ; & la liste de l’Attique publiée par M. Spon en fait un bourg de cette même tribu. Il en est fait mention dans une ancienne inscription, avec cette différence qu’il y a un e à la seconde syllabe ; aussi ce nom s’écrivoit-il de plus d’une maniere, puisque Harpocration l’écrit avec un ei. L’inscription dont il vient d’être parlé se trouvoit à Florence chez le marquis Richardi : voici ce qu’elle porte.

Ἴσιδι Χρεστη Επικοωι
Σέλευκος Σοκρατοτευκεν
Ἐπὶ Ἱερέος Διοκλέους
Τοῦ Διοκλέου Τυρμεδον.

C’est-à-dire, Isidi concidenti, obsequenti, Seleucus Socratis filius, votum posuit, sub pontifice Diocle, Dioclis filio Turmedo. (D. J.)

TYROMORPHITE, s. m. (Hist. nat. Litholog.) nom que quelques naturalistes ont donné à une pierre semblable à du fromage pourri.