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& leur déposition rédigée de même. La confusion qui s’élevoit ordinairement dans l’assemblée des turbiers & les autres inconvéniens que l’on y a reconnus, ont fait que l’usage de ces sortes d’enquêtes a été abrogé par l’ordonnance de 1667.

A ces enquêtes ont succédé des actes de notoriété que l’on demande aux officiers d’un siege, aux avocats, procureurs ou autres personnes, selon la nature de l’affaire. Voyez Acte de notoriété, Enquête, Notoriété. (A)

Turbe, s. f. (Hist. mod.) c’est ainsi que les Turcs nomment une espece de tour ou de colonne qu’ils élevent sur les tombeaux. On les laisse communément ouvertes par le haut ; cette ouverture sert à recevoir la pluie qui arrose les fleurs & les plantes odoriférantes dont ces tombeaux sont ornés, & l’on y met une grille de fer ou de cuivre pour empêcher les oiseaux d’y faire leurs nids ou de s’y loger. Voyez Cantemir, Hist. ottomane.

TURBIER, s. m. (Gramm. & Jurisp.) étoit celui qui donnoit son avis ou déclaration dans une enquête par turbe. Voyez ci-devant Enquête & le mot Turbe. (A)

TURBINE, s. f. (terme de Menuisier.) espece de jubé qui est élevé dans les églises, & où se placent pour chanter quelques religieux. On le dit aussi des lieux destinés pour les orgues & pour des chœurs de musiciens. (D. J.)

TURBINÉE coquille, (Conchyliol.) on appelle ainsi toute coquille dont la figure tourne au-moins une fois dans son étendue, & s’éleve en spirale.

Les turbinées ne sont point si pointues que les vis ; ils ont le corps gros, la bouche large, & souvent très-alongée. De plus les coquillages turbinées ont cela de particulier, que les parties basses de leurs coquilles prennent le contour de la tête, & qu’elles remuent leurs couvertures, en-dedans très-égales & très polies, en-dehors souvent très-raboteuses ; leur chair est moins attachée à la coquille que celle de tous les autres poissons ; elle n’y tient que par un point au sommet.

Les parties extérieures sont ordinairement composées d’une tête & de deux cornes qui se couchent & s’étendent seulement le long du museau. Ils portent par le même mouvement la nourriture en-dedans. Deux trompes semblables à celles des mouches leur tiennent lieu de langue ; ces trompes en ont la figure, & sont si fermes qu’elles percent de même que l’aiguillon des mouches, ce qu’il y a de plus dur. Leurs yeux sont de petits globes charnus placés à chaque côté de la tête ; mais qui n’ont pas plus d’effet que les yeux cachés de la taupe.

Il faut encore remarquer que les turbinées suivent assez le contour & les régularités de leurs couvertures ; leur corps devient raboteux, strié, cannelé sur l’extrémité du contour ; il n’atteint jamais le sommet intérieur de leur vis ; quand ils sont âgés, cette partie se remplit d’une maniere pierreuse, pareille à celle qui a formé la coquille ; leurs muscles leur tiennent lieu d’ossemens, & au-lieu de sang ils ont une humeur baveuse. (D. J.)

TURBINITES, (Hist. nat.) ce sont des coquilles univalves, longues & en volute, que l’on nomme aussi quelquefois strombites. Elles sont très-communes. On les appelle aussi volutites.

TURBITH, s. m. (Botan. exot.) turbedh par les Arabes, & θερπὶθ par les Grecs modernes ; c’est une racine des Indes orientales, ou l’écorce d’une racine séparée de sa moëlle ligneuse, dessêchée, coupée en morceaux oblongs, de la grosseur du doigt, résineux, bruns ou gris en-dehors, blanchâtres en-dedans, d’un goût un peu âcre & qui cause des nausées.

On doit choisir celle qui est un peu résineuse, nouvelle, grise en-dehors, unie, non ridée, blanche

en-dedans, non cariée, & qui n’est pas trop couverte en-dehors de gomme ou de résine ; car les imposteurs ont coutume de frotter à l’extérieur avec de la gomme ou de la résine, les morceaux de cette racine, afin qu’elle paroisse plus gommeuse.

La plante s’appelle convolvulus indicus, alatus, maximus, foliis ibisco non nihil similibus, angulosis, turbith officinarum, Hort. Lugd. Bat. turpethum repens, indicum, foliis althææ, C. B. P.

Cette racine qui a plus d’un pouce d’épaisseur, se plonge dans la terre à trois ou quatre coudées en serpentant beaucoup : elle est ligneuse, partagée en quelques branches, couverte d’une écorce épaisse & brune ; cette écorce étant rompue, laisse échapper un suc laiteux, gluant, qui desséché devient une résine d’un jaune pâle, d’un goût douçâtre d’abord, ensuite piquant, & excitant des envies de vomir. Du collet de cette racine partent des tiges sarmanteuses, branchues, garnies de quatre feuillets membraneux, différemment entortillés, ligneuses à leur origine, de la grosseur du doigt, roussâtres, longues de six ou sept aunes ; quelques-unes sont couchées sur terre, & d’autres en s’élevant se lient par différentes circonvolutions aux arbres & aux arbrisseaux voisins.

Ces tiges portent des feuilles qui ont chacune une queue aîlée, & creusée en gouttiere ; elles sont assez semblables à celles de la guimauve, molles, couvertes d’un peu de duvet court & blanchâtre, anguleuses, crenelées sur leurs bords, & un peu pointues. De l’aisselle des feuilles qui se trouvent près de l’extrémité des rameaux, naissent des pédicules plus longs que les queues des feuilles, plus fermes, qui ne sont point aîlés, ni creusés en gouttiere, & qui portent trois ou quatre têtes oblongues & pointues.

Chaque tête est un bouton de fleur dont le calice est composé de cinq petites feuilles vertes, panachées de rouge, duquel sort une fleur d’une seule piece, blanche, semblable pour la figure & la grandeur à celle du grand liseron ordinaire. L’intérieur de cette fleur est rempli de cinq étamines pâles, & d’un stile porté sur la tête de l’embryon. La fleur étant passée, l’embryon grossit, devient une capsule à trois loges, séparées par des cloisons membraneuses & remplies de graines noirâtres, arrondies sur le dos, anguleuses d’un autre côté, & de la grosseur d’un grain de poivre.

Cette plante pullule dans les lieux couverts, humides, sur le bord des fossés, derriere les buissons, & dans les autres endroits champêtres loin de la mer, dans l’île de Ceylan & le Malabar.

Pour en faire usage en médecine, on recueille les grosses racines pleines de lait & de beaucoup de résine ; les racines qu’on nous envoie sont tirées de Guzarate où il y en a une grande abondance.

Ce puissant hydragogue paroît avoir été inconnu à Dioscoride & aux anciens Grecs. Les arabes sont les premiers qui en ayent fait mention, quoiqu’ils semblent fort incertains sur son origine. Serapion a tellement ignoré cette origine, qu’il transcrit mot-pour-mot l’histoire du tripolium donnée par Dioscoride, à laquelle il joint ensuite celle qu’il a tirée des Arabes, qui ont décrit le vrai turbith. Il est cependant évident que le turbith des boutiques & des Arabes, n’est pas le tripolium de Dioscoride, parce que le turbith dont on use communément, n’a aucune odeur, & qu’il ne laisse pas une si grande âcreté après qu’on l’a goûté.

Avicenne, selon l’interprétation de Saumaise, écrit qu’on trouve dans les boutiques, sous le nom de turbith, des morceaux de bois, plus ou moins gros, apportés des Indes, gris, blancs, longs, unis en-dehors, creux en-dedans, comme des morceaux de roseau, faciles à broyer, & qui étant écrasés, ne