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TRYCHNUS, s. m. (Hist. nat. Botan. anc.) c’est la même plante que le slrychnus, nom du solanum ou morelle. Les Grecs l’ont appellé στρύχνος, & les Latins semblablement ont abandonné à leur exemple le σ initial, comme ils ont fait dans plusieurs autres mots ; c’est ainsi qu’ils ont écrit milax pour smilax, maragdus pour smaragdus, &c.

Dioscoride voulant distinguer le solanum qui rend furieux, du solanum qui cause l’assoupissement, & qui sont, comme on sait, deux plantes vénéneuses, appelle l’une trychnos, & l’autre strychnos ; mais c’est-là un mauvais jeu de mots inconnu même dans la langue greque.

Théocrite parle aussi du trychnus, mais il entend par ce mot une plante qui porte un fruit mangeable, & une plante différente des deux solanum véneneux ; car c’est notre lycopersicon ou pomme d’amour, que la plûpart des botanistes ont effectivement placée, jusqu’à Tournefort, entre les especes de solanum.

Théophraste distingue aussi trois especes de trychnus, & dit que la troisieme donne un fruit bon à manger. Aujourd’hui encore les juifs, les Italiens, les Espagnols & les Portugais mangent tous la pomme d’amour, ou le fruit du lycopersicon, & ils en font grand cas en salade, avec du sel & du poivre. Les derniers écrivains grecs ont abandonné le mot strychnus & trychnus, en leur substituant le terme melintzanion, qui est peut être emprunté de l’italien melanzana. (D. J.)

TRYM ou TRYME, (Géogr. mod.) ville d’Irlande, dans la province de Leinster, au comté d’Est-Meath dont elle est la capitale, à six milles de la Boyre. Elle a le droit de tenir marche public, & envoie deux députés au parlement de Dublin. (D. J.)

TRYPHERA, s. f. en Pharmacie, est un nom qui a été donné à différens remedes, surtout du genre narcotique. La grande tryphere est composée d’opium, de canelle, de cloux de girofles & de plusieurs autres ingrédiens. On l’emploie pour fortifier l’estomac, pour arrêter les cours de ventre, & pour certaines maladies de la matrice. Ce mot est formé du grec τρυφερὸς, délicat, parce que ces sortes de remedes agissent doucement & agréablement, ou selon d’autres, parce qu’ils procurent du repos à ceux qui en usént.

La tryphere saracénique & la tryphere persienne ainsi nommées parce qu’elles furent premierement introduites, l’une par les Sarrasins, & l’autre par les Persans, sont toutes deux de doux purgatifs.

TS

TSANGOU-MANGHITS, s. m. (Hist. nat. Bot.) plante de l’île de Madagascar, qui est une espece de scolopendre ; ses feuilles sont longues & étroites, rangées de côté & d’autres ; elles répandent une odeur très-aromatique.

TSAPHARI, s. m. (Mat. méd. des anc.) nom donné par quelques-uns à la cadmie que Dioscoride appelle placitis, c’est-à-dire crouteuse, parce qu’elle forme une espece de croute aux côtés des fourneaux. Sérapion s’est bien trompé quand il a dit que la cadmie étoit une production naturelle. (D. J.)

TSAR, (Hist. de Russie.) ce mot signifie roi dans toute la bible en langue sclavone, & les étrangers lui ont substitué le mot czar, qui est une corruption de celui de tsar. Dans la bible sclavone traduite du grec, il y a sept cens ans, longtems avant que les ducs de Russie prissent le titre de tzar, les rois Pharaon, Saül, David, &c. sont appellés tzar ; il n’y a point dans cette langue de différence entre roi & empereur.

Le premier qui prit le titre de tzar, fut Iwan Wa-

siélewitz, aieul de Ivan Basilowitz, qui reprit le titre

qu’avoit porté son grand-pere, se qualifiant czar de Casan, d’Astracan & de Sibérie, comme aussi powelitel & samoderschetz de toutes les Russies. Le premier de ces deux derniers mots signifie imperator ou général, & le dernier veut dire souverain. Ces titres ont été donnés à tous les successeurs de Basilowitz jusqu’en l’année 1721, que l’archevêque de Novogrod persuada au czar Pierre I. de changer le titre russien de powelctel en latin, & de se qualifier empereur ; & quoique toutes les puissances lui eussent toujours donné ce titre en langue russienne, il causa dès le moment qu’il fut latinisé, de grandes contestations en Europe ; mais le vainqueur de Charles XII. les fit cesser par sa puissance. (D. J.)

TSCHAROS les, (Géog. mod.) peuples sauvages de l’Amérique méridionale, au Paraguai. Les détails que le p. Sepp jésuite, donne de ce peuple dans les lettres édifiantes, ne sont pas assez vraissemblables pour y ajouter foi ; ce qu’il y a de sûr, c’est que les missionaires n’ont encore rien opéré sur la conversion des Tscharos, mais ils vivent avec eux sans les troubler ni les persécuter, & c’est quelque chose. (D. J.)

TSE-KIN, s. m. (Porcelaine de lâ Chine.) espece de vernis qu’on met à la Chine sur la porcelaine pour lui donner une couleur de caffé ou de feuilles mortes.

Pour faire ce vernis, on prend de la terre jaune commune, on lui donne la même façon qu’au pétunse ; & quand cette terre est préparée, on n’en emploie que la matiere la plus déliée qu’on jette dans de l’eau, dont on forme une espece de colle aussi liquide que le vernis ordinaire appellé péyéon, qui se fait de quartiers de roches. Ces deux vernis, le tse-kin & le pévéon se mêlent ensemble, & pour cela ils doivent être également liquides. On en fait l’épreuve en plongeant le pétunse dans l’un & dans l’autre vernis. Si chacun de ces vernis pénetre son pétunse, on les juge propres à s’incorporer ensemble.

On fait aussi entrer dans le tsekin du vernis ou de l’huile de chaux & de cendres de fougeres préparées, de la même liquidité que le pé-yéon ; mais on mêle plus ou moins de ces deux vernis avec le tsekin, selon que l’on veut que le tsekin soit plus clair ou plus foncé : c’est ce qu’on peut connoître par divers essais ; par exemple, on mêlera deux tasses de la liqueur tsekin avec huit tasses du pé-yéon, puis sur quatre tasses de cette mixtion de tsekin & de pé-yéon, on mettra une tasse de vernis fait de chaux & de fougere. Coutume d’Asie. (D. J.)

TSE SONG, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) nom chinois d’un arbre qui tient du cyprès & du genievre. Le tronc qui a environ un pié & demi de circuit, pousse des branches qui se partagent en une infinité d’autres, & forment un buisson verd, épais & touffu ; ses feuilles sont longues, étroites, piquantes, disposées le long des rameaux par files, tantôt au nombre de cinq, & tantôt au nombre de six. Les rameaux qui sont couverts de ces feuilles longues, se trouvent principalement en-dessous & au-bas des branches, tout le haut & le dessus n’étant que cyprès.

L’écorce de cet arbre est un peu raboteuse, d’un gris-brun tirant sur le rouge en certains endroits ; le bois est d’un blanc rougeâtre, semblable à celui de genievre, ayant quelque chose de résineux ; ses feuilles, outre l’odeur d’un cyprès, sont d’un goût fort amer mêlé de quelque âcreté.

Ses fruits sont verds, ronds & un peu plus gros que les baies de genievre, d’un verd olivâtre & d’une odeur forte ; ils sont attachés aux branches par de longs pédicules ; ils contiennent deux grains roussâtres en forme de petits cœurs, & durs comme les grains de raisin. (D. J.)