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cles. Quel loisir, dit-il, n’avoient pas les prêtres pendant tous ces différens sacrifices qu’ils faisoient faire, d’examiner si on étoit propre à être envoyé dans l’antre ? Car assurément Trophonius choisissoit ses gens, & ne recevoit pas tout le monde. Combien toutes ces ablutions, ces expiations, ces voyages nocturnes, & ces passages dans des cavernes étroites & obscures, remplissoient-elles l’esprit de superstition, de frayeur & de crainte ? Combien de machines pouvoient jouer dans ces ténebres ? L’histoire de l’espion de Démétrius nous apprend qu’il n’y avoit pas de sureté dans l’antre, pour ceux qui n’y apportoient pas de bonnes intentions ; & de plus qu’outre l’ouverture sacrée, qui étoit connue de tout le monde, l’antre en avoit une secrette qui n’étoit connue que des prêtres. Quand on s’y sentoit entraîné par les piés, on étoit sans doute tiré par des cordes, & on n’avoit garde de s’en appercevoir en y portant les mains, puisqu’elles étoient embarrassées de ces compositions de miel qu’il ne falloit pas lâcher. Ces cavernes pouvoient être pleines de parfums & d’odeurs qui troubloient le cerveau ; ces eaux de Léthé & de Mnémosyne pouvoient aussi être préparées pour le même effet. Je ne dis rien des spectacles & des bruits dont on pouvoit être épouvanté ; & quand on sortoit de-là tout hors de soi, on disoit ce qu’on avoit vu ou entendu à des gens qui profitant de ce désordre, le recueilloient comme il leur plaisoit, y changeoient ce qu’ils vouloient, ou enfin en étoient toujours les interpretes. (Le Chevalier de Jaucourt.)

TROPIQUES, s. m. terme d’Astronomie, ce sont deux petits cercles de la sphere, paralleles à l’équateur, & passant par les points solsticiaux, c’est-à-dire par des points éloignés de l’équateur de 23 degrés environ. ME & NL représentent ces cercles dans les Planches d’Astronomie , fig. 52.

Les tropiques sont les cercles paralleles à l’équateur, que le soleil atteint lorsqu’il est dans sa plus grande déclinaison, soit septentrionale, soit méridionale. Voyez Ecliptique & Obliquité, &c.

Celui de ces deux cercles qui passe par le premier point de cancer s’appelle tropique du cancer. Celui qui passe par le premier point du capricorne est le tropique du capricorne. Voyez Cancer & Capricorne.

Tropique vient de τροπὴ qui signifie tour ; on l’a nommé ainsi à cause que le soleil, après s’être écarté continuellement de l’équateur, se rapproche de ce cercle lorsqu’il a atteint le tropique.

Si ND exprime l’obliquité de l’écliptique, EN sera la distance des deux tropiques, laquelle est double de la plus grande déclinaison, ainsi la distance des deux tropiques est d’environ 47 degrés, & c’est aussi la largeur de la zone torride ou brûlante, que ces deux tropiques renferment.

Le soleil est vertical aux habitans du tropique du cancer le jour du solstice d’été, & le jour du solstice d’hiver, aux habitans du tropique du capricorne.

Les tropiques ont divers usages considérables ; ils renferment la route du mouvement du soleil dans l’écliptique ; ce sont comme deux barrieres que cet astre ne passe jamais. C’est dans les mêmes cercles que le soleil fait le plus long & le plus court jour de l’année, de même que la plus longue & la plus courte nuit. Ils marquent les lieux de l’écliptique où se font les solstices, & auxquels le soleil a sa plus grande déclinaison, sa plus grande & sa plus petite hauteur méridienne. Ils montrent dans l’horison les plus grandes amplitudes orientales & occidentales du soleil, & dans le méridien sa plus grande & sa plus petite distance du zénith pour les habitans de la sphére oblique. Ils renferment l’espace de la terre, que l’on nomme zone torride ou brûlée, parce que les rayons

du soleil tombant à plomb sur cette zone, y causent d’excessives chaleurs. Ils marquent sur l’horison quatre points collatéraux, l’orient & l’occident d’été, l’orient & l’occident d’hiver ; & la distance de ces mêmes points au lever & au coucher équinoxial, montre les plus grandes amplitudes du soleil, dont on vient de parler. Enfin, ils déterminent les limites de la zone torride & des zones temperées : suivant les observations, toute la variation de l’obliquité de l’écliptique ne va pas au delà de 24 min. Copernic l’a observé de 23 deg. 28 min. Tycho Brahé, de 23 deg. 31 min. & elle est à présent moindre que 23 deg. 29 min. M. Formey.

On a cette distance par observation, en retranchant la hauteur méridienne du soleil dans le solstice d’hiver, de sa hauteur méridienne dans le solstice d’été. Voyez Ecliptique, Solstice, &c.

Tropique est aussi adjectif. Année tropique. Voyez Année.

Tropique, oiseau du, (Hist. nat. Ornithol.) c’est un oiseau que l’on ne trouve, soit en mer, soit vers les côtes, que vers les tropiques. Il est de la grosseur d’un pigeon, il a la forme d’une perdrix. Son plumage est tout blanc, à l’exception de quelques plumes des aîles qui sont d’un gris clair ; son bec qui est court est d’une couleur jaune ; il a sur le croupion une longue plume ou un tuyau d’environ 7 à 8 pouces de long, qui lui tient lieu de queue. Telle est la description qu’on donne de cet oiseau dans la nouvelle Espagne ; mais il y a apparence que l’on en trouve de différentes especes, ils sont connus sous les noms de paille-en-cu ou fétu-en-cu. Voyez Paille-en-cu.

Tropiques, s. m. pl. (Hist. ecclés.) nom d’une secte ancienne d’hérétiques.

S. Athanase dans sa lettre à Serapion, appelle ainsi les Macédoniens qu’on appelloit autrement dans l’orient pneumatomaches, & il leur donne ce titre, parce qu’ils expliquoient par tropes & dans un sens figuré les passages de l’Ecriture, où il est fait mention du S. Esprit, pour prouver, comme ils le prétendoient, qu’il n’étoit qu’une vertu divine, & non pas une personne. Voyez Macédoniens.

Quelques controversistes catholiques ont aussi donné le nom de Tropiques ou de Tropistes aux sacramentaires qui expliquent les paroles de l’institution de l’Eucharistie, dans un sens de trope ou de figure. Voy. Eucharistie.

TROPITES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) sectes d’hérétiques, qui, selon Philastre, soutenoient que le Verbe avoit été converti en chair ou en homme, & par conséquent qu’il avoit cessé d’être Dieu en s’incarnant. Voyez Incarnation.

Ils fondoient leur opinion sur ce passage de S. Jean, le Verbe a été fait chair, qu’ils entendoient mal, comme si ces paroles signifioient, que le Verbe avoit été converti en chair, & non pas que le Verbe se fût revêtu de la chair & de la nature humaine.

TROPŒA, (Mythol.) surnom donné à Junon, parce qu’elle étoit censée présider aux triomphes, & que dans ces sortes de cérémonies, on lui offroit toujours des sacrifices. (D. J.)

TROPŒOLUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) c’est dans le système de Linnæus le nom du genre de plante appellée par Tournefort, cardamindum ; & par Bauhin, nasturtium indicum. En voici les caracteres : le calice est formé d’une seule feuille, divisée en cinq segmens, droits, déployés, pointus, colorés, & dont les deux inférieurs sont plus étroits que les autres ; ce calice tombe. La fleur est à cinq pétales arrondis, insérés dans les divisions du calice ; les deux pétales supérieurs sont fendus aux bords, les trois autres sont velus & très-alongés ; les étamines sont huit filets courts, inégaux, finissant en pointe aiguë ; les bos-