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& cet auteur ajoute, qu’il n’étoit permis à personne d’y coucher, excepté à une femme de la ville que le prêtre de Bélus choisissoit chaque jour, lui faisant accroire qu’elle y étoit honorée de la présence du Dieu. (D. J.)

Temple de bonus eventus, (Antiq. rom.) ce dieu du bon succès avoit à Rome un temple fort fréquenté, dans lequel on voyoit une de ses statues faite de la main de Praxitele. Cette statue ingénieuse avoit un bandeau sur le front, tenoit une patere de la main droite ; & de la gauche, un épi & un pavot. (D. J.)

Temple de Cardia, (Antiq. rom.) cette déesse allégorique eut un temple sur le mont Cælius, que Brutus lui bâtit, après avoir chasse Tarquin le superbe, de Rome. (D. J.)

Temples de Castor et de Pollux, (Antiq. grecq. & rom.) Pausanias, dans son voyage de Corinthe, l II. c. xxij. décrit le temple de Castor & de Pollux, où l’on voyoit de son tems les statues, non seulement de ces dieux, & de leurs femmes, Hilaire & Phébé, mais de leurs enfans ; ces statues, ainsi que leurs chevaux, paroissent avoir été les plus anciennes statues équestres qu’il y eût en Grece, car elles étoient d’ébéne, de la main de Dipoenus & de Scyllis.

Le principal temple des Dioscures à Rome, & dans lequel le sénat s’assembloit quelquefois, étoit dans le cirque de Flaminius. Les Romains dans leurs sermens, juroient d’ordinaire par ces deux divinités, qu’ils regardoient comme de sûrs garans de la vérité de leurs démarches. On trouve dans les anciens poëtes comiques des vestiges de ces sermens. Pol. Per. Ecastor. Mehercle, Medius Fidius.

Dans un quartier de Naples, entre la vicairerie & le château ; on voit encore le portique d’un fameux temple, bâti en l’honneur de Castor & Pollux, par Tibere Jule, achevé & consacré par Pélagon, affranchi d’Auguste, ainsi qu’il paroît par l’inscription grecque qui s’y lit aujourd’hui, & que je rapporte en latin.

Tiberius Julius, Tarsus, Jovis filiis & urbi,
Templum, & quæ in templo,
Pelagon Augusli libertus,
Et procurator perficiens,
Ex propriis conservavit.

Le portique est corinthien : les entre-colonnes ont plus d’un diametre & demi. Les bases sont attiques, & les chapiteaux à feuilles d’olive, travaillés par excellence.

L’invention des caulicoles sous la rose, est belle & particuliere, en ce qu’ils s’entrelacent, & semblent sortir des feuilles montantes sur d’autres caulicoles, qui portent les cornes du tailloir du chapiteau. Cet exemple, & quelques autres encore prouvent qu’un architecte peut quelquefois s’écarter des régles ordinaires, pourvû qu’il le fasse avec jugement, & toujours conformément à la nature des choses qu’il imite. Le frontispice est enrichi de la représentation d’un sacrifice en bas-relief. (D. J.)

Temples de Cérès, (Antiq. grecq. & rom.)

Prima Ceres ferro mortales vertere terram
Instituit.

Géorg. liv. I.

elle mériteroit toujours le titre de déesse du blé & de la terre, quand même elle n’auroit fait qu’établir des lois sur la propriété des terres, afin que chacun pût recueillir le blé qu’il avoit semé, &, pour m’exprimer avec Virgile, partiri limite campum.

Aussi toute la Grece, la Sicile & l’Italie instituerent des fêtes en son honneur, & éleverent des temples à sa gloire. Les seuls Phénéates lui en consacrerent plusieurs dans un petit espace de terrein.

On voyoit, du tems de Pausanias, à Stiris, un de ses temples bâti de briques crues ; mais la déesse étoit du plus beau marbre, & tenoit un flambeau à la main.

Elle avoit un temple à Thebes, sous le nom de Cérès Thesmophore, ou la législatrice ; on y gardoit des boucliers d’airain, qu’on disoit être ceux des principaux officiers de l’armée lacédémonienne qui furent tués à Leuctres.

Un feu éternel brûloit dans son temple à Mantinée, ville d’Arcadie.

Son temple, aux Thermopiles, étoit bâti au milieu d’une grande plaine près du fleuve Asope, & c’étoit là que s’assembloient les Amphictions, & qu’ils lui offroient à leur arrivée un sacrifice solemnel.

La même déesse avoit à Rome plusieurs temples, dont le plus beau étoit dans la onzieme région de la ville. Différentes classes de ministres, & ses seules prêtresses, jouirent à Rome jusqu’au regne de Néron, du privilege d’assister au combat de la lutte.

Cicéron vous donnera une belle description des statues de Cérès, que Verrès enleva des temples de la Sicile. Il est heureux qu’il n’ait pas été nommé préteur d’Eleusis, il en auroit pillé le beau temple, dont il ne reste plus de vestiges, ainsi que de tous les autres élevés à la gloire de cette grande divinité.

Plus de nouvelles de celui qu’elle avoit à Sparte, & dont les cérémonies empruntées d’Orphée, donnerent lieu au bon mot de Léotichidas rapporté par Plutarque. Le sacrificateur de ce temple appellé Philippe, initioit les hommes dans les cérémonies d’Orphée. Il étoit réduit à une vie si nécessiteuse, qu’il mendioit son pain ; cependant il publioit que les Lacédémoniens qui entreroient par son ministere dans ses solemnités, seroient assurés après leur mort d’une félicité sans pareille. Eh ! fou que tu es, lui dit Léotichidas, que ne te laisses-tu donc vîtement mourir, pour prendre pour toi la félicité que tu promets aux autres. (D. J.)

Temple de la Concorde, (Antiq. rom.) curia concordiæ ; on trouve à la descente du capitole des débris de ce temple dédié solemnellement à la Concorde par Camille. Il servoit de lieu d’assemblée du sénat pour y traiter des affaires publiques, d’où l’on voit qu’il avoit été consacré, parce que le sénat ne s’assembloit dans aucun temple pour les affaires d’état, si ce temple n’avoit été consacré, c’est-à-dire, bâti en conséquence de quelque vœu ou de quelque augure.

Parmi le grand nombre de statues dont il étoit enrichi, les historiens ont principalement mentionné celle de Latone, tenant dans ses bras Apollon & Diane ses deux enfans ; celle d’Esculape & de la déesse Hygéa ; celle de Mars & de Minerve ; celle de Cérès & Mercure ; enfin celle d’une victoire. Cette derniere pendant le consulat de M. Marcellus & de M. Valerius, fut frappée d’un coup de foudre. On voit par l’inscription qui subsiste encore dans la frise, que ce temple ayant été consumé par un incendie, le sénat & le peuple romain le firent rebâtir : voici l’inscription. S. P. Q. R. incendio comsumptum restituit.

Les entre-colonnes ont moins de deux diametres ; les bases sont composées de l’attique & de l’ionique, & different en quelque chose de la maniere ordinaire, mais elles ne laissent pas d’être belles. Les chapiteaux sont aussi composés de l’ordre dorique & ionique, & sont très-bien travailles ; l’architrave avec la frise dans la partie extérieure de la façade, ne sont qu’une bande toute unie, sans aucune distinction de leurs moulures, ce qui fut fait pour y mettre l’inscription ; mais par dedans, c’est-à-dire, sous le portique, ils ont toutes leurs moulures distinctes, comme on le peut remarquer dans le dessein qu’on en a fait. La corniche est simple sans ornemens ; il ne reste plus au-