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MILIT. COH. XXXII. VOLUNTARIOR.
TRIB. MIL. LEG. XIII.
GERM. PRÆF. EQUT. ALÆI.
SCUBULORUM VIC. VII.

Ces inscriptions sont à l’honneur de Caïus Antonius Rufus, fils de Marcus de la tribu Vollinie, prêtre de Jule & d’Auguste César, fait chef de la colonie d’Apri, par Claudius ; & de Philippi, par Julius, comme aussi de la colonie Parium, par Julius, & mestre-de-camp de la cohorte 32 des volontaires, commandant de la légion 13 appellée germina, & capitaine de la premiere aîle de cavalerie des scubuli.

La derniere ligne de chacune de ces inscriptions n’est pas aisée à expliquer. M. Spon a cru pourtant que vic. vii. vic. viii. & vic. ix. signifioient vicus septimus, vicus octavus & vicus nonus, c’est-à-dire la septieme, la huitieme & la neuvieme rue, où ces statues avoient été placées, à l’imitation des rues de Rome.

Troie, colonie des Romains, fondée par Auguste, & qui en avoit pris le nom de colonia augusta Troas, avoit apparemment ses quartiers & ses tribus comme la ville de Rome.

Selon les apparences, le quartier le plus habité de la ville, étoit sur le plus haut d’une colline, que l’on monte insensiblement depuis le rivage, environ à 2 milles de la mer. On voit en cet endroit quantité de masures, de voûtes, & un théâtre, mais particulierement trois arcades, & des pans de murailles qui restent d’un bâtiment superbe, dont la situation avantageuse & l’étendue, font connoître que c’étoit le palais le plus considérable de la ville. Je ne veux pas croire, dit M. Spon, comme le disent ceux des environs de Troie, que c’étoit le château du roi Priam ; car je ne le tiens pas plus ancien que le tems des premiers empereurs romains. Ce bâtiment étoit presque tout de marbre, & les murailles ont 12 piés d’épaisseur. Au-devant de ces arcades, qui paroissent avoir soutenu une voûte, il y a une si prodigieuse quantité de quartiers de marbre entassés les uns sur les autres, qu’on peut aisément juger par-là de la hauteur, & de la beauté de ce palais.

Le terroir des environs de Troie est tout inculte, à la reserve de quelques endroits où il croît du coton. Le reste n’est que broussailles, ronces, épines & chênes verds ; & on peut dire aujourd’hui ce que Lucain disoit de son tems :

Jam sylvæ steriles & putres robore trunci
Assaraci pressere domos, & templa deorum
Jam lassâ radice tenent, ac tota teguntur
Pergama dumetis.

Le Pays des environs nourrit des lievres, des cailles & des perdrix qui y sont en abondance. On y voit aussi un oiseau de la grosseur de la grive, ayant la tête & la gorge d’un jaune éclatans, & le dos & les aîles d’un verd gai, comme un verdier, le bec & la tête comme la grive, & aussi gros que les ortolans en France. On y trouve encore un autre oiseau d’une autre espece, mais qui n’est pas beaucoup plus gros. Il est fait comme un héron, & tacheté comme un épervier, avec un long bec, de longues jambes, des griffes, & une crête de plumes sur la tête. (Le chevalier de Jaucourt.)

TROIENS, jeux, (Antiq. rom.) ludi trojani ; exercice militaire que les jeunes gens de qualité célébroient à Rome dans le cirque, à l’honneur d’Ascagne : Virgile en a fait la description la plus brillante dans le V. livre de l’Enéide, depuis le vers 545. jusqu’au vers 604. voici comme il la termine.

Hunc morem, hos cursus, atque hæc certamina primus
Ascanius, longam muris cum cingeret Albam,
Rettulit, & priscos docuit celebrare latinos :

Quo puer ipse modo, secum quo Troia pubes,
Albani docuere suos : hinc maxima porrò
Accepit Roma, & patrium servavit honorem :
Trojaque nunc, pueri, Trojanum dicitur agmen.

« Lorsqu’Ascagne eut élevé les murs d’Albe-la-longue, il établit le premier en Italie cette marche & ce combat d’enfans : il enseigna cet exercice aux anciens Latins, & les Albains le transmirent à leur postérité. Rome, au plus haut point de sa grandeur, plein de vénération pour les coutumes de ses ancêtres, vient d’adopter cet ancien usage ; c’est de-là que les enfans, qui font aujourd’hui à Rome ce même exercice, portent le nom de troupe troienne. »

Dion dit que lorsqu’Octave célebra l’apothéose de Jules-César, un an après sa mort, il donna au peuple romain un spectacle semblable à celui de cette cavalcade de jeunes gens, & que depuis il le réitéra. C’est pour flatter Auguste, que Virgile fait ici célébrer par Enée les jeux appellés Troiens, renouvellés par cet empereur alors triumvir, après la victoire d’Actium, c’est-à-dire l’an 726. de Rome. Trojæ, dit Suétone, (in Aug. c. xliij.) ludum edidit frequentissimè majorum minorumve puerorum del. ctu, prisci decorique moris, existimans claræ stirpis indolem sic innotescere. Auguste croyoit que cet exercice ancien & convenable à la jeunesse, donnoit aux enfans de condition de la république, l’occasion de faire briller leur adresse, leur bonne grace, & leur goût pour la guerre.

Virgile saisit encore ici l’occasion de faire sa cour à toute la noblesse romaine, en faisant remonter l’origine de leurs jeux jusqu’à cette troupe de jeunes gens qu’Enée mene avec lui en Italie, & que le poëte montre aux Romains, comme les auteurs de leurs principales maisons. On juge bien que celle d’Auguste s’y trouvera. Atis, dit le poëte, tendrement aimé d’Ascagne, marche à la tête de la seconde bande troïenne ; les Atius du pays des Latins tirent de lui leur origine.

Alter Atys, genus undè Atyi duxere coloni
Parvus Atys, parvoque puer dilectus Iulo.

Or Julie, sœur de Jules-César, avoit été mariée à M. Atius Balbus. Elle fut mere d’Atia, femme d’Octavius, qui eut Octave Auguste. Ainsi pour plaire à ce prince, le poëte ne manque pas de donner une origine des plus illustres aux Atius qui étoient d’Aricie, ville du Latium.

Les jeux troïens renouvellés par Auguste, commencerent à décheoir sous Tibere, & finirent sous l’empereur Claude. (D. J.)

TROIS, terme d’Arithmétique, nombre impair, composé d’un & deux, en chiffre arabe, il s’exprime par cette figure 3 ; en chiffre romain de cette maniere III, & en chiffre françois de compte ou de finance, ainsi iij. Savary. (D. J.)

Trois pour cent. On nomme ainsi en France, un droit qui se paye au fermier du domaine d’occident sur toutes les marchandises du cru des îles & colonies françoises de l’Amérique, même sur celles qui proviennent de la traite des negres, ainsi qu’il a été statué par un arrêt du conseil du 26 Mars 1722. Dictionn. de Commerce.

Trois coups, terme de Rubanier, dans le galon où l’on veut épargner le filé, en ne laissant paroître qu’un coup en-dessous, contre deux en-dessus, l’ouvrier marche à trois coups, c’est-à dire partant de la main gauche, il va à la droite ; de cette droite il retourne à la gauche ; & enfin de cette gauche à la droite, où il change de marche pour repartir de la main droite & continuer de même ; par ce moyen, il y a toujours un coup en-dessous contre deux en-dessus, ce qui forme un envers.