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cet Arriphon étoit un savant homme, fort estimé des Lyciens, parmi lesquels il vivoit ; critique judicieux qui découvroit bien des choses à quoi les autres n’avoient pas pensé. C’est lui, ajoute Pausanias, qui a remarqué le premier que tout ce qui concerne les mysteres de Lerna, vers, prose, ou mélange de l’un & de l’autre, étoit écrit en langue dorique. Or avant l’arrivée des Héraclides dans le Péloponnèse, les Argiens parloient la même langue que les Athéniens, & du tems de Philammon, le nom de Dorien étoit encore inconnu à la plûpart des Grecs. Telle est la découverte dont on étoit redevable à Arriphon, & dont nous sommes peu touchés aujourd’hui.

Ortélius croit que le Trichonium de Pausanias & d’Etienne le géographe, est le Trichone de Pline, l. IV. c. iij. mais le P. Hardouin lit Thithrone pour Trichone, & soutient que ce peut-être le Trichonium en question qui étoit dans l’Etolie, au lieu que le Trichone de Pline étoit dans la Locride. Il fonde sa correction sur Pausanias même, qui met dans la Locride une ville nommée Tithronium, & sur Hérodote, liv. VIII. n°. 33. qui nomme cette derniere ville Thetronium. (D. J.)

TRICHOSANTHES, s. f. (Hist. nat. Bot.) nom donné par Linnæus au genre de plante que le P. Plumier, Micheli, & autres botanistes appellent anguina ; en voici les caracteres. Il produit des fleurs mâles & femelles sur des parties distinctes de la même plante. Dans les fleurs mâles, le calice est formé d’une seule feuille très-longue, lisse sur la surface, avec une petite levre repliée en arriere, & découpée en cinq parties. La fleur est aussi divisée en cinq segmens, du reste attachée au calice & déployée ; les segmens sont de forme ovale, terminés en pointe & frangés dans les bords en un grand nombre de fils chevelus. Les étamines sont trois filamens qui s’étendent au sommet du calice ; chaque bossette est un corps cylindrique, droit, contenant une grande quantité de farine ; on distingue dans cette fleur trois stiles fort petits, & qui naissent aux côtés du calice, mais ils ne produisent jamais rien. Le calice de la fleur femelle est le même que dans la fleur mâle, excepté que dans la fleur femelle il est placé sur le germe du pistil, & qu’il meurt promptement ; cette fleur est toute semblable à la mâle ; le pistil a un germe délié, & un stile capillaire, naissant du pistil, & ayant la longueur du calice ; les stigma sont au nombre de trois, longs, pointus, & entr’ouverts au milieu. Le fruit est une très longue pomme, contenant trois loges fort éloignées les unes des autres. Les graines sont nombreuses, applaties, de figure ovale obtuse, & couvertes d’une pellicule. Linnæi, gen. plant. p. 466. Micheli, nov. gen. p. 9. Plumier, nar. p. 100. hort. malab. vol. 8. p. 157. (D. J.)

TRICHOSTEMA, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante qu’on caractérise ainsi. Le calice est d’une seule feuille bilabiée ; la levre supérieure se divise en trois segmens, & est deux fois aussi large que la levre inférieure, laquelle est seulement découpée en deux parties. La fleur est monopétale, & du genre des labiées ; son tuyau est fort court ; sa levre supérieure est applatie, & faite en faulx ; la levre inférieure est découpée en trois segmens, dont l’intermédiaire est le plus petit. Les étamines sont quatre filets capillaires, longs & crochus ; les bossettes sont simples ; le genre du pistil est divisé en quatre parties ; le stile est fort délié, & a la longueur des étamines ; le stigma est fendu en deux. Le calice subsiste après que la fleur est tombée, & devient alors beaucoup plus gros ; sa levre supérieure tombe sous l’inférieure, il s’étend dans le milieu, se referme à l’extrémité, & contient quatre semences. Linnæi, gen. plant. p. 265. (D. J.)

TRICHRUS, s. m. (Hist. nat. Lithol.) pierre que

Pline dit s’être trouvée en Afrique, qui rendoit des sucs de trois couleurs différentes. Il étoit noir à la base, de couleur de sang au milieu, & blanc par le haut.

TRICLARIA, (Mythol.) surnom de Diane, pris de ce que la déesse étoit honorée par trois villes de l’Achaïe ; savoir, Aroé, Anthie & Messatis, lesquelles possédoient en commun un certain canton avec un temple consacré à Diane. Là les habitans de ces trois villes célébroient tous les ans une fête en l’honneur de cette déesse, & la nuit qui précédoit cette fête se passoit en dévotion.

La prêtresse de Diane étoit toujours une vierge obligée de garder la chasteté jusqu’à ce qu’elle se mariât, & pour lors le sacerdoce passoit à une autre. Ce mot Triclaria est formé de τρὶς, trois, & κλῆρος, héritage. (D. J.)

TRICLINIUM, s. m. (Antiq. rom.) lieu où mangeoient les Romains ; on lui donnoit ce nom à cause des trois lits qui y étoient dressés : l’architriclinarche de S. Jean, ch. ij. & le triclinarche de Pétrone, sont dérivés de ce mot. On les traduit assez mal en françois par maîtres-d’hôtel, quoiqu’en partie la fonction de ces officiers fût de préparer le couvert dans le triclinium, d’accommoder les lits autour de la table, & de dresser le buffet. On donnoit aussi le nom de triclinium aux lits sur lesquels mangeoient les Romains, parce que chaque lit étoit pour trois personnes. Lorsqu’on mettoit plus de trois lits autour de chaque table, ou que ces lits contenoient plus de trois personnes, c’étoit un extraordinaire. Tel fut le cas du festin de Lucius Verus, où il y avoit onze convives sur trois lits ; telle étoit encore la cène que Jesus-Christ fit avec ses apôtres ; dans le repas que Perpenna donna à Sertorius, & où ce grand capitaine fut assassiné : les trois triclinium étoient, selon Séneque, disposés de maniere que le nord-est répondoit au triclinium d’Antoine, & le nord-ouest à celui de Perpenna. (D. J.)

TRICOLOR, s. m. (Hist. nat. Bot.) nom abrégé, donné par les Fleuristes à une espece d’amaranthe, dont les feuilles sont comme enluminées de trois couleurs, amaranthus folio variegato, de Tournefort. Elle pousse une seule tige rougeâtre, à la hauteur d’environ deux piés ; ses feuilles sont faites comme celles de la blete, mais elles sont colorées & comme enluminées naturellement de verd, de jaune, & d’incarnat ; ses fleurs sont petites, verdâtres, & par paquets ; du milieu de ces fleurs s’éleve un pistil, qui devient ensuite un fruit membraneux, s’ouvrant en-travers comme une boëte à savonnette, & renfermant une ou deux semences presque rondes : on cultive cette plante dans les jardins à cause de sa grande beauté.

Le mot tricolor se donne aussi par les Fleuristes à quelques œillets. (D. J.)

TRICOISES, s. f. pl. (Maréchal.) les tricoises sont des tenailles à l’usage des Maréchaux ; elles ont le mors tranchant, pour couper les clous qu’il a brochés avant que de les river, & pour déferrer un cheval. (D. J.)

TRICOLLORI, (Géog. anc.) peuple de la Gaule narbonnoise. Pline, l. III. ch. iv. éloigne ce peuple de la côte de la mer ; leur pays est aujourd’hui, selon le pere Hardouin, le diocèse de Sistéron, & la capitale étoit Alarante, dont la table de Peutinger fait mention, & qu’on nomme présentement Talard, lieu du Dauphiné, sur la route de Sistéron à Gap ; c’est du-moins le sentiment de Bouche dans son histoire de Provence, liv. III. ch. xvij. (D. J.)

TRICOLONI, (Géog. anc.) ville de l’Arcadie. Pausanias, l. VIII. c. xxxv. dit qu’elle étoit à dix stades des ruines de Charisium ; mais il ajoute que cette ville ne subsistoit plus de son tems, & qu’il ne s’étoit conservé qu’un temple de Neptune sur une colline,